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250 ans de Jane Austen : (re)découvrez son univers
Publié le 20/05/2025 , par Laurence Caracalla

Aurait-elle seulement imaginé que, 250 ans après sa naissance, ses romans seraient encore lus par millions, traduits et adaptés ? L’indémodable Jane Austen est décidément un cas à part.
Elle est adulée par toutes les générations et, bonne nouvelle, également par les plus jeunes, qui voient en l’une des plus grandes auteures britanniques du début du XIXe siècle la reine du roman sentimental. Mais Jane Austen c’est beaucoup plus que cela. Son humour, son insolence, ses portraits acerbes, ses griefs contre la société de son époque et son style lumineux en font depuis toujours une figure intemporelle.
Elle est si populaire que les maisons d’édition rééditent régulièrement ses ouvrages, chaque fois avec succès. Ses romans majeurs — au nombre de six — et ses quelques autres inachevés, sont tous des chefs-d’œuvre, lus et relus par ses nombreux admirateurs. Chez Omnibus, on retrouve, en deux tomes, l’œuvre complète de notre chère Anglaise, accompagnée d’une préface de Virginia Woolf pour le premier et suivie, pour le second, d’une leçon de littérature de Vladimir Nabokov. Rien d’étonnant : ces deux géants l’admiraient plus que tout. L’intégralité de ses romans est aussi publiée chez Archipoche dans une très jolie collection à conserver précieusement.
Les éditeurs le savent : de Raison et Sentiments à Emma, d’Orgueil et Préjugés à Persuasion, Jane Austen a ouvert la voie à une littérature à la fois populaire et subtile. Nombre d’auteurs contemporains se sont inspirés de ses intrigues mêlant habilement romances compliquées, mais jamais mièvres, et personnages inoubliables. Fitzwilliam Darcy, le héros d’Orgueil et Préjugés, est sans aucun doute l’exemple même du protagoniste austenien qui a fait naître, au fil des siècles, tant de modèles romantiques. Le merveilleux gentleman à l’apparence bourrue, bien plus sentimental qu’il n’y paraît, n’est-il pas un classique du genre ? Dans la plus réussie des adaptations du roman, celle de la BBC diffusée en 1995, il prend les traits de Colin Firth qui sera quelques années plus tard un autre Darcy, prénommé Mark, tout aussi réservé, cette fois dans le film tiré du Journal de Bridget Jones d’Helen Fielding. Celle-ci n’a d’ailleurs jamais caché ses discrets emprunts à l’œuvre de Jane Austen pour l’écriture de son best-seller.
Mais ce n’est pas seulement le cinéma ou la télévision qui rendent hommage à la romancière : à Bath, où elle a passé quelques années – et qu’elle a détesté ! – décor de deux de ses livres, L’Abbaye de Northanger et Persuasion, un festival a été créé en son honneur. Ses fervents lecteurs revêtent des costumes d’époque et, pour quelques jours, se glissent dans la peau d’Elizabeth Bennet, d’Emma ou de Darcy dans les rues de la célèbre station balnéaire. De quoi devenir nostalgique.
Féministe avant l’heure, Austen décrypte son siècle et il n’est pas si rose. Ses condisciples n’avaient-elles pas d’autre choix que de se marier pour espérer mener une vie agréable ? Oui, les femmes d’alors n’étaient pas considérées comme des êtres à part entière : seuls les hommes détenaient le pouvoir de décision et les cordons de la bourse. La romancière, elle, n’a pas eu le « privilège » de convoler, elle a préféré prendre la plume et a réussi ce prodige : nous embarquer dans son monde grâce son art du dialogue et à ces détails de rien qui en disent tellement plus long que de grands discours.
Cette société qu’elle s’amuse à brocarder, elle la connaît bien, c’est la sienne, même si elle a eu la chance de naître dans une famille ouverte à la littérature qui l’encouragea même à publier. Sa mort prématurée à l’âge de 41 ans, nous a privés d’autres récits savoureux mais c’est aussi son œuvre si succincte et donc si rare qui a fait d’elle cette figure emblématique de la littérature romantique, la seule personnalité féminine, après la reine, à avoir eu le privilège de figurer sur les billets de 10 livres sterling !
Ses thèmes récurrents — l’émancipation des femmes, leurs droits de choisir qui aimer, leur volonté d’indépendance et même leurs contradictions — expliquent sans aucun doute cette incroyable modernité. On se doit alors de contester le titre de ce très joli film sorti voici quelques mois : Jane Austen a gâché ma vie. Pour beaucoup, elle l’aura éclairée.

Plongez dans l'univers de Jane Austen
Que ce soit à travers ses romans ou ceux qu’elle a inspirés, plongez avec délice dans l’univers de Jane Austen. Au rendez-vous : l’intégralité de son œuvre, de beaux livres pour déambuler dans les paysages qui l’ont inspirée, un psycho-quiz, et bien d’autres surprises encore.