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Par Lisez, publié le 19/04/2023

Le rôle important d'une directrice de maison d'édition

À la tête des Presses de la Cité depuis trois ans, Sofia Bengana n’a de cesse de valoriser le patrimoine de la maison tout en voulant l’ouvrir à de nouveaux territoires. Elle nous reçoit dans son bureau envahi de livres, de manuscrits et de photos de ses auteurs fétiches.

 

« Je ne suis pas du sérail ! », nous annonce-t-elle d’emblée. Avocate de formation, Sofia Bengana se spécialise en propriété intellectuelle, puis travaille, entre autres, à RTL et au Figaro. Quand on lui propose de diriger en 2018 Place des Éditeurs, regroupant les maisons Plon, Perrin, Les Presses de la Cité et Belfond, elle n’hésite pas une seconde : « J’ai quitté un job que j’adorais pour arriver là où je voulais être. Moi, la grande lectrice, j’allais enfin pouvoir exercer le métier de mes rêves. » À la faveur d’une restructuration, elle devient, en 2020, la nouvelle directrice générale des Presses de la Cité.

 

Responsable de la ligne éditoriale, de son développement, de son économie, de sa stratégie, elle veut faire évoluer la maison sans toutefois toucher à son ADN. Un vaste programme qui la galvanise. « Il fallait s’ouvrir à de nouveaux territoires, aller chercher de nouvelles plumes et soutenir celles qui nous font confiance depuis tant d’années. Une de mes grandes satisfactions, c’est de les accompagner, d’être toujours à leur écoute. » Elle cite volontiers l’auteur de romans policiers Michel Bussi, fidèle parmi les fidèles, qui s’inscrit dans la veine historique des Presses, « rappelons que nous sommes aussi la maison de Simenon, elle est d’ailleurs née avec lui en 1947. » Mais aussi les Américaines Elizabeth George, auteure phare de la collection « Sang d’encre » et Danielle Steel, papesse des romans d’amour, éditée aux Presses depuis… 40 ans ! Elle aime s’entretenir avec les écrivains de la collection « Terre de France », « qui valorisent les régions, les vieux métiers, la transmission, les traditions, les valeurs », et suivre attentivement les ouvrages de littérature étrangère, « romanesque, féminine, et toujours de grande qualité. »

 

« Mais il y avait peu de documents aux Presses. Je souhaitais que nous soyons une grande maison de littérature générale, raconter des histoires mettant en relief le rôle que nous pouvons jouer dans la société, avec, toujours, un parti pris fort. » Après avoir publié, en mémoire de Samuel Paty, Mon prof ce héros, un hommage de journalistes et d’écrivains à un de leurs professeurs, elle créé une collection d’essais, « La Cité » : « J’en suis très fière car nous n’étions pas attendus dans les Sciences humaines. Je choisis des sujets qui alimentent les débats (la crise du Covid, l’écologie, le monde du travail), pas toujours dans la doxa, relatés par des auteurs qui ne s’interdisent rien comme Mathieu Bock-Côté, Mathieu Lainé ou encore Ferghane Aziari…

 

Sofia Bengana ne s’arrête pas là : elle élargit la palette du « noir » en proposant à des romanciers aguerris de s’essayer pour la première fois au polar : ce sera « Terre sombre ». Suit « Intime conviction », des récits autour d’affaires judiciaires authentiques. Enfin, elle se lance dans le roman graphique. La Ferme de Montaquo de Régis Franc, le fameux écrivain et auteur de bandes dessinées, sera le premier titre de la collection « Cité Graphique ».

 

La philosophie de Sofia Bengana ? Le collectif : « C’est même le secret du succès d’un livre. Trouver le bon texte est évidemment essentiel mais c’est ensemble, avec mon équipe, que nous décidons du choix de la couverture ou de la date de sortie du livre… Le marketing, le commercial, le service de presse, les éditeurs, nous tricotons tout collectivement. Le nerf de la guerre, c’est que l’information circule ! » Mais aussi les bonnes idées.

 

C’est ainsi que Les Presses de la Cité sortent en mai 2021 un court essai Dans ma rue, y avait trois boutiques. « Pendant le confinement, on ne jurait que par les magasins de proximité. J’ai suggéré à Anthony Palou d’écrire un éloge du petit commerce. » Bingo ! Six mois plus tard, le livre reçoit le Prix Renaudot. Une récompense prestigieuse pour une maison qui a su se réinventer. À l’instar de l’enthousiaste Sofia Bengana qui fourmille d’idées et a, semble-t-il, bien d’autres projets en tête…

 

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