Gatsby : Le livre de Francis Scott Fitzgerald

J’avais lu des extraits de ce livre en VO au lycée… il y a des siècles et un challenge m’a enfin forcée à me pencher sur ce petit bijou, il était grand temps que je le lise. Nick Carraway quitte Chicago pour travailler dans la finance à New York, il est issu d’une famille riche. Il s’installe dans une petite maison à Long Island, voisine du manoir de Jay Gatsby, dans lequel des fêtes se déroulent chaque week end, des fêtes extraordinaires qui font courir le tout New York. Gatsby est un personnage mystérieux, un nouveau riche sur qui courent de nombreuses rumeurs, on raconte même qu’il aurait tué un homme, mais en fait personne ne sait rien de son passé ni de l’origine de sa fabuleuse fortune. Et personne ne s’en soucie, les invités profitent de sa générosité. Un jour, Nick est invité et il s’étonne de constater que Gatsby est à peine plus âgé que lui. Les deux hommes se lient, Nick est le cousin de la belle Daisy, amour de jeunesse de Gatsby, et mariée à Tom Buchanan, un riche héritier qui la trompe et se montre particulièrement détestable. La seule raison pour laquelle Gatsby a voulu s’enrichir est de conquérir Daisy et de l’épouser, le reste ne lui importe guère. Il demande à Nick de lui permettre de revoir la jeune femme, toutefois par un enchaînement de circonstances, les retrouvailles tourneront au drame. Ce roman offre une peinture de la jeunesse dorée américaine d’il y a un siècle et une illustration du rêve américain, incarné par Gatsby, dont on apprendra la vraie histoire à la fin, grâce à son père. La rencontre entre ce père et Nick est particulièrement touchante. Gatsby est parti de rien et est devenu très riche, par des moyens parfois plutôt troubles, mais bien que la jet set de New York fréquente assidûment ses fêtes, il n’a pas ses entrées de l’autre côté de la baie où vit Daisy avec son mari qui le couvre de son mépris. Daisy n’est pas en reste, elle a choisi le plus beau parti et peu importe qu’elle ne soit pas heureuse. Tom la trompe avec la femme d’un garagiste et on peut se demander si l’accident en est vraiment un. Ce roman surfe sur le thème de l’argent qui ne fait pas le bonheur et des rêves qui se fracassent contre les dures réalités. Nick est entre les deux mondes, il est moins riche que Tom et nettement moins méprisant. Il saura voir qui est vraiment Gatsby sans le juger et sera le dernier à lui être fidèle quand la fête sera finie. En même temps il entretient une liaison sans lendemain avec Jordan, l’amie de Daisy, sans illusion non plus. Il n’y a pas d’amour entre eux, ils s’amusent et c’est tout. La vision des femmes de l’auteur est marquée par les préjugés de son temps, il ne les tient pas en grande estime. Elles sont lâches, infidèles, superficielles et plutôt malhonnêtes, sans compter qu’elles sont des dangers publics au volant. Elles ont un côté de bibelot de luxe. Je suis contente d’avoir enfin lu ce grand classique de la littérature américaine, qui nous nous plonge dans un monde disparu à jamais.

J’ai mis du temps à savoir comment parler de ce roman, et maintenant encore, je ne suis pas certaine d’y arriver correctement. Déjà, j’aurais aimé l’apprécier davantage. J’attendais beaucoup de ce livre, et j’en ressors déçue. Le principal problème se concentre sur le rythme du livre. Tout du long, j’avais l’impression d’assister à un rêve flou, sans borne. La temporalité n’est pas claire, tout comme les mouvements des personnages. Le récit reste compréhensible, mais cette impression de flou perturbe. Pour tout avouer, je n’ai pas ressenti d’affect pour les personnages. Gatsby m’a intriguée, c’est certain, mais c’est tout. J’ai trouvé les autres soit imbuvables (Tom), soit oubliables. Même le narrateur m’a fait ni chaud ni froid ; c’est dommage. Malgré tout, j’ai apprécié l’œuvre pour les messages véhiculés. J’y ai vu une dénonciation de l’opulence, de la superficialité de la société, de l’importance de l’apparence. Se trouve aussi la désillusion face à des chimères inatteignables et des espoirs déchus. L’hypocrisie en lien avec la mort m’a aussi marquée. Ainsi, si la narration du récit avait été plus claire, j’aurais sans doute davantage apprécié ma lecture. (On trouve aussi des remarques racistes, antisémites et sexistes imputées à l’époque durant laquelle le livre a été rédigé — années 20. Ça fait grincer des dents à notre époque, oui, mais ça fait partie de notre histoire, de l’évolution de nos mœurs. Il est donc important de le signaler sans oublier de remettre les choses dans leur contexte historique, politique…)

Dans Gatsby le Magnifique, F. Scott Fitzgerald nous offre un portrait mordant et corrosif de la haute société américaine des années 1920. Il décortique un monde empreint de folie, d'exubérance, mais aussi d'hypocrisie et de faux-semblants. Chaque personnage y joue un rôle, et aucun d'eux n'est réellement celui qu'il paraît. L'écriture surannée de l'auteur sied à merveille à cet univers. Ce roman est décrit partout comme un grand classique de la littérature américaine et il est aisé de comprendre pourquoi. Je suis néanmoins restée à distance de cette histoire et de ces personnages qui, avouons-le, ne sont ni touchants, ni attachants. Gatsby est vendu comme une des plus belles histoires d'amour de la littérature classique, mais pour moi il s'agit avant tout d'une satire sociale. D'ou une légère déception.

Avec ce classique incontournable, Fitzgerald met en lumière les fastes et les excès du Rêve américain, sur fond de jazz, de fêtes démesurées et de coupes de champagne. Le style d’écriture, parfois un peu complexe comme souvent dans les classiques, ne m’a pas empêchée d’apprécier cette lecture que j’attendais depuis longtemps. J’ai adoré plonger dans l’ambiance des années folles à New York, entre luxe ostentatoire et illusions de grandeur, où les riches se croient tout permis. Si j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire au début, j’ai ensuite été complètement happée et je n’ai plus lâché le livre. Un roman intemporel, à la fois élégant et cruel, qui mérite amplement son statut de classique.