Eloge de l'énergie vagabonde : Le livre de Sylvain Tesson

Je me suis souvent posé cette question: Qu'est-ce qui pousse Sylvain Tesson à voyager ? Je crois avoir trouvé non pas LA réponse, mais une réponse dans ce livre. " Souvent les voyageurs justifient leur départ par leur soif de rencontres. Découvrir l'Autre, s'y frotter, le comprendre, l'écouter et l'aimer: motifs des voyages modernes. Serait-ce qu'à la maison, il n'y a personne digne de soi ? Serait-ce que l'exotisme confère à l'étranger une valeur suprême ? Y aurait-il un rapport entre la profondeur des gens et leur éloignement ? Un voyage en des terres désolées, vides de tout être, n'aurait-il pas d'intérêt ? Je trouve plus honnête d'avouer que je voyage en vagabond enchanté pour le seul bénéfice de mon âme et la pure jouissance de mon corps. Que me frotter à la beauté du monde est mon unique raison de lever les ancres. Que je suis capable de laisser l'Autre tranquille pendant des semaines si je me sens l'humeur solitaire. Partir pour rencontrer, entend-on ici et là comme si rencontrer l'autre était équivalent à visiter les temples ou goûter la cuisine locale. La rencontre est un bonheur fugace, rare, avare de lui-même. Elle survient sur la route. Surtout ne pas aller vers elle ! Si elle se décide à venir, alors elle illuminera notre ciel intérieur sans qu'il n'y ait rien à faire. Comme avec les chats."

A quel moment tu te dis, tiens, j'irais bien suivre le tracée d'un oléoduc, à pied et à vélo, en traversant des étendues semi-désertiques, en plein cagnard, dans des pays qui finissent parfois en stan ? Eh bien Sylvain Tesson l'a fait. Et comme à chacun de ses récits de voyages, j'ai été envoutée. Par l'horizon infini, la solitude refuge, les rencontres impromptues et improbables, et cette façon de s'approprier le monde pour mieux le comprendre. Ça donne envie de prendre son sac à dos et de partir marcher. Même si la plupart des pays qui finissent en stan ne sont pas forcément des destinations qui me semblent les plus accueillantes pour une femme qui voyagerait seule… Les pages sont truffées de noms exotiques que j'ai même prononcé à haute voix pour le plaisir d'entendre leur sonorité. On découvre cette région du monde de la mer d'Aral à la mer Méditerranée et son importance géopolitique, écologique et énergétique. Ces pages sont littéralement un gisement d'énergies. L'énergie fossile l'énergie créatrice, l'énergie physique, l'énergie sexuelle. Tout ce qui nous fait avancer, aller de l'avant. Chacun son chemin, son cheminement. Côté stylistique, l'auteur a parfois été taxé de se la ramener, mais soit je me suis habituée, soit c’est moins marqué dans ce récit. Alors, faut-il le lire ? Oui. Même si vous n'êtes pas fan des oléoducs et des gazoducs. C'est épatant de lire des récits sur des sujets qui sortent de notre zone d'intérêt. Et si vous n'êtes pas fan de Napoléon, je vous suggère de lire Bérézina du même auteur.

Qu’il est bon de retrouver Sylvain Tesson dans l’Éloge de l'énergie vagabonde. Cet auteur, dont la richesse de l’élocution me fascine, nous convie à une odyssée introspective à travers les méandres de la solitude et de l’errance. Il nous fait voyager dans des endroits austères et pourtant riches d’émerveillement. De la contemplation à l’état pur qui fait du bien à l’âme vagabonde. Les descriptions des panoramas, d'une précision saisissante, nous invitent à apprécier la sublime évanescence de la nature brute et sauvage. Il nous transmet, notamment, que l'isolement peut être une source d’énergie et un vecteur de créativité. Ainsi, cette solitude choisie devient le terreau fertile d'une réflexion profonde sur le sens de l'existence. Ce livre est un véritable appel à l'évasion, à la redécouverte de la beauté du monde, à travers le prisme d'une solitude éclairante et libératrice.