Le Fou du Tzar : Le livre de Jaan Kross

Poche

Robert Laffont

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Le " fou du tzar ", c'est le colonel Timotheus von Bock, dit Tim Bock, un ex-favori de l'empereur Alexandre Ier qui, pour avoir eu l'audace de lui présenter un projet de Constitution pourtant conforme à leurs voeux communs, pour avoir " osé la vérité " en somme, a été condamné à passer neuf ans au secret dans la forteresse de Schlüsselburg.
De retour chez lui, ce baron estonien va encore devoir endurer une surveillance de chaque instant, surveillance d'autant plus cruelle qu'elle sera exercée par sa propre famille et son entourage proche.
De ce Fou du tzar on a pu dire que c'était du Shakespeare en Estonie. C'est assez souligner la grandeur du livre et de son auteur, qui dénonce avec un art consommé la façon dont une société peut être minée par la perversité d'un système qui fausse les rapports humains.

" L'oeuvre de Jaan Kross est une magistrale leçon de fraternité et de résistance. " L'Express

De (auteur) : Jaan Kross
Traduit par : Jean-Luc Moreau

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Expérience de lecture

Avis Babelio

StCyr

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 semaines

Qui est-tu Timotheus von Bock? Toi qui fut douze fois décoré pour acte de bravoure, colonel et aide de camp du tsar Alexandre, étais-tu déséquilibré ? C'était folie de n'avoir pas sceller la vérité à ton souverain et maître, de jeter à son auguste face, tel Jean le Baptiste, l’incurie et l'impéritie de son entourage, de ses hommes de confiance. Inimaginable de refuser le mariage qu'il souhaitait pour toi et d’épouser une simple fille de paysan. Un mystificateur ? Simulant la folie pour être élargi de la terrible forteresse de Chlisselbourg, dont les murs étaient gelés la moitié de l'année par les eaux de la Neva, croupissant neuf ans durant, dans un-cul-de-basse-fosse, les dents brisées ? Traitement au demeurant propre à ébranler les nerfs des plus endurcis ! Jouant l'aliénation, relégué dans ton domaine du gouvernement de Livonie, afin de dérouter les soupçons de tes proches à la solde de la police tsariste ? Et si tu n'étais plutôt qu'un fou, un visionnaire réformiste, qui rêvait d'une constitution pour son pays, à l'instar des grandes puissances d'Europe ? Paru en 1978, très librement inspiré de personnages ayant existé et d'événements historiques, Jaan Kross dépassait le roman de genre dans ce passionnant opus qui entrait alors en résonance avec une Europe pour moitié sous la coupe de régimes autocratiques. Le Fou du tzar, qui connut un vif succès de l'autre côté du rideau de fer, esquive habilement la fresque, où la petite histoire se fond dans la grande, en prenant le pari du point de vue quotidien d'un journal tenu subrepticement par le frère de la paysanne susnommée, beau-frère du Fou putatif. Première incursion réussie dans la littérature estonienne, en la personne d'un de ses plus illustres représentants.

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Carteroutiere

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

L’histoire en elle-même est simple : un homme, aide de camp du Tsar est emprisonné pendant 9 ans au secret, suite à des écrits, et n’est relâché sous tutelle étroite parce qu’il est devenu fou. L'histoire est racontée par Jakob, son beau-frère, sous forme de journal. Cette structure narrative est essentielle : elle permet non seulement de découvrir les événements à travers un regard subjectif, mais aussi d'explorer les nuances des personnages. Jakob, en tant que narrateur, apporte une perspective critique sur Timo, oscillant entre admiration et scepticisme face à ses idées et ses actions. Un roman / récit parce que les personnages ont vraiment existés qui nous décrit la vie des notables entre 1815 et 1840 en Estonie et en Russie : le poids des castes, la dureté des conditions de vie et le système de fonctionnement arbitraire du pouvoir. Parler russe ou estonien, c’est bon pour la plèbe. Les élites parlent le français ou l’allemand. Cela souligne le fossé culturel entre les différentes strates sociales et leur incapacité à se comprendre pleinement. Ce détail enrichit le portrait d’une société où domination et exclusion sont omniprésentes. Le livre traite aussi de la liberté de parole. Le Tsar avait fait jurer à Timothée, le héros du livre de lui dire toute la vérité et rien que la vérité. Et quand Timothée lui fait part de ses intuitions sur l’évolution de la société et du monde, le Tsar prend peur, le fait enfermer et s’assure que tous ses écrits disparaissent. Faut-il être transparent ? La vérité est-elle toujours bonne à dire ? L’auteur, que j’avais déjà apprécié pour son livre « le départ du professeur Martens » décrit très bien la vie et les caractères de ses personnages : nous « vivons à travers eux plein d’histoires : les guerres napoléoniennes vues d’Estonie, le lent réveil de l’esprit estonien, la montée progressive des changements sociétaux, avec en fond, le complot de 1825 et aussi une certaine dose de fatalisme à la russe : les personnages sont confrontés à un choix : se conformer ou résister au système oppressif. Cette réflexion s’étend aux dilemmes moraux vécus par Jakob, qui observe les conséquences des idéaux de son beau-frère tout en cherchant sa propre voie. Et puis l’auteur nous rappelle que le monde, si vaste soit-il, est petit et que la rencontre de Jakob et d’Anna n’est pas si fortuite que cela et que la mort de Timothée n’est pas si inexplicable. L’ascenseur social fonctionnait très peu à l’époque et c’est grâce au courage de Timothée qu’Eema et Jakob ont pu sortir de leur condition. Le mariage de Timo avec Eema, une ancienne serf qu’il a affranchie, symbolise une tentative de briser les barrières sociales rigides de l’époque. En libérant les paysans six ans avant l’abolition officielle du servage en Livonie, Timo incarne une vision progressiste influencée par les Lumières. Pourtant, cette avancée sociale reste isolée dans un système profondément inégalitaire. Eema sera longtemps boycottée par son entourage noble. J’ai trouvé ce livre contemporain. Il pourrait presque se passer aujourd’hui. Les affaires du type Snowden ou le grippage de l’ascenseur social sont là pour nous le rappeler. Le style de l’auteur concoure à rendre ce récit prenant : Jaan Kross excelle dans la description des personnages et des lieux. Les scènes quotidiennes (comme les voyages en traîneau ou les interactions avec les serviteurs) rendent le récit vivant tout en ancrant l’histoire dans un contexte historique précis. De plus, la légèreté du ton de Jakob contraste avec la gravité des thèmes abordés, ce qui donne au roman une profondeur supplémentaire

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782221193174
  • Collection ou Série
    Pavillons Poche
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    688
  • Dimensions
    184 x 124 mm

L'auteur

Jaan Kross

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12,00 € Poche 688 pages