Une execution : Le livre de Danya Kukafka

Ansel est dans le couloir de la mort : dans 12 heures il doit être exécuté, il nous livre alors d'heure en heure ses sentiments, comment il se sent à quelques heures de la fin de sa vie. En parallèle on suit différentes périodes de sa vie racontées par plusieurs femmes qu'il a côtoyées de près ou de loin (sa mère, la sœur de son amie, une amie d'enfance). C'est très original, un peu lent parfois mais il faut se laisser porter ... Une belle écriture, on le déteste pour ce qu'il a fait mais il redevient normal avec Blue. Le dernier chapitre est sublime.

Comment lire un livre qui commence par la fin ? Et bien comme tous les autres ! Alors, oui, on connaît la fin : l'exécution, c'est même le titre, mais l'exécution n'est pas une fin en soit. Ce roman va bien au delà. Bienvenue dans l'Amérique profonde, celle que l'on ne voit jamais dans les séries qui ont la "hipe" , l'Amérique des "bonhommes", " des vrais, des tatoués", l' Amérique où la femme n'est destinée qu'à élever des enfants, s'occuper des tâches ménagères et occuper un emploi de subalterne, mal considéré, et mal payé. Notre lecture navigue entre la fin des années 60, début 70 et de nos jours . Au fil des chapitres , l'auteur nous emmène dans le cerveau d'un tueur de femmes, pour y découvrir sa construction en tant qu'assassin et sa fin, donc son exécution. L'auteur n'excuse rien. Elle explique, elle dissèque et c'est très bien fait. Alors bien-sûr certaines ou certains bloquent ou ont bloqué sur la philosophie de comptoir de l'assassin, qui essaie de trouver une justification à ses actes mais ce n'est qu'un infime détail de ce roman . Les éléments principaux étant la cause ( éducation, milieu ..) et la fin, c'est à dire l'exécution, qui ne répare rien chez les proches des victimes puisqu'elle ne ramènera pas celles qui ont été lâchement assassinées et qu'elle arrive bien trop tard, le temps de la justice n'étant pas celui des hommes. Un roman qui dénonce la fabrique d'assassins grâce à un vivier d'enfants élevés en marge de la société, d' orphelins placés en familles d'accueil et la peine de mort dont " l'utilité " peut être remise en question tant elle ne joue même plus "son rôle d'apaisement" pour les proches des victimes.

Je ferme ce roman la boule au ventre et la tête pleine d’incertitudes. Une exécution est un roman sombre, tranchant. La plume, incisive, manie les mots avec une fluidité tellement paradoxale aux thèmes qu’elle couche sur le papier. C’est brut, c’est clair, c’est d’office sans espoir et pourtant c’est aussi fascinant que dérangeant. Qui n’a jamais voulu rentrer dans la tête d’un tueur en série ? Les sujets sont lourds, questionnent. A mesure que se succèdent les points de vue, nos sentiments à l’égard des protagonistes oscillent entre animosité, colère, incompréhension et compassion. Les paragraphes s’enchaînent et le lecteur file tout droit vers une sortie inéluctable, il n’y a qu’une issue et celle-ci, pourtant non dissimulée, est glaçante. Et pourtant à chaque nouveau chapitre le lecteur est dans l’attente. Dans quelle attente ? Je ne le sais même pas ! Une explication ? Une excuse ? Une rédemption ? Un pardon ? Un « et si ?»…un sursaut d’humanité ? Alors on continue de tourner les pages et on se retrouve toujours un peu plus plongé dans la psyché des personnages, dans les tréfonds d’un polar perturbant, déroutant, addictif, dans une vérité insipide et cruelle. Un ouvrage comme je n’en ai pas lu d’autre, peut-être que j’ai retrouvé ça et là un soupçon de « Cinq cœurs en sursis » de Laure Manel et encore…il n’y a pas de lendemain plus clair ici. Tant mieux me direz-vous ? C’est ce que je pensais hier encore. Après cette lecture, je n’en suis plus si sûre…

Résumé : On découvre dans ce livre la vie de Ansel Packer . On le découvre dans sa petite enfance avec le point de vue de sa mère Lavendeur. Puis ensuite enfant du point de vue d’une femme avec laquelle il a vécu. Et pour finir adolescent/ adulte du point de vue de la sœur de sa compagne. Et puis nous suivons également son point de vue dans les 24 heures qui précède son exécution. « Nous sommes tous mauvais et nous sommes tous bon, personne ne devrait être condamnées à être l’un ou l’autre. Mais si le bien peut être souillé par le mal , comment le définir ? Le mesurer ? En estimer la véritable valeur ? » Avis : J’ai fais avec ce livre une assez bonne découverte. Un livre qui sort de l’ordinaire et de temps en temps ça fait du bien ! J’ai trouvée que ce n’étais pas un roman à suspens , il est surtout axé sur la vie des personnages et sur leurs pensées. C’est un livre bien ficelé , il nous pousse à nous poser des questions sur la notion du bien et du mal. On connaît dès le départ le coupable, donc la lecture est très différente , on se pose surtout la question de comment il a pu en arriver là, ce qui la pousser ici. Les chapitres « compte à rebours » sont à la deuxième personne , j’avoue que c’est quelques chose qui m’a assez perturbée au début. C’est original. J’ai adorée le dernier chapitre , à la fois triste, beau et émouvant.