Vinland Saga - Tome 28 : Le livre de Makoto Yukimura

Le poids du rêve : Vinland Saga, tome 28 Dans ce vingt-huitième tome de Vinland Saga, l’action semble suspendue, comme ralentie par un poids invisible : celui du rêve. Celui de Thorfinn, devenu porteur d’un projet aussi grandiose que fragile — fonder un monde sans guerre, sans esclavage, sans domination. Ce rêve, nourri par le sang versé et les fantômes du passé, affronte désormais son pire adversaire : la réalité. Le récit s’enracine dans cette tension entre utopie et quotidien. Le Vinland n’est plus une destination lointaine, mais un lieu habité, planté, disputé. Il faut tracer des limites, répondre aux inquiétudes, gérer les tensions. La violence, que l’on croyait bannie, rôde dans les replis de l’esprit humain, dans la mémoire des affronts et dans les désirs muets de conquête. Les visages sont las, les cœurs pleins de doutes. Thorfinn lui-même, apôtre pacifiste, vacille — non dans ses convictions, mais dans la solitude qu’elles lui imposent. Une autre force traverse ce tome : celle du sacré. À mesure que les colons s’enfoncent dans ces terres nouvelles, surgissent d'autres récits, d'autres croyances. Les dieux, les esprits, les ancêtres — toutes ces figures qu’on ne peut réduire au silence de la raison ou au langage des traités. La rencontre avec les peuples autochtones s’annonce non seulement comme un choc politique, mais aussi cosmologique. Vinland Saga approfondit ici sa véritable quête : non celle d’un territoire, mais d’une humanité réconciliée. La guerre est derrière, mais la paix, elle, n’est jamais acquise. C’est là toute la mélancolie de ce tome : la beauté d’un rêve qui se heurte à la chair du monde, à ses doutes, à ses fatigues. Et pourtant, on continue de tourner les pages — car ce rêve, même ébréché, continue de valoir qu’on le suive.

J'ai hésité un moment à lire ce tome, est-ce je voulais découvrir la suite (et bientôt fin) rapidement, mais entrecoupée, ou est-ce que je voulais pouvoir découvrir le dernier arc d'une seule traite. C'est finalement ma visite du Festival d'Angoulême qui a tranché : je voulais connaitre la suite de l'aventure ! L'auteur en parle avec tellement de passion et l'exposition m'a replongée dans l'univers viking de la série. Comme je m'y attendais, j'ai adoré ma lecture. De nouveaux dilemmes se posent pour Thorfinn, des faits historiques sont intelligemment utilisés pour faire avancer l'histoire et Makoto Yukimura parvient parfaitement à dépeindre les avis de l'ensemble des camps. Les uns comme les autres ont des arguments... Encore une fois, je me suis arrêtée face à quelques planches pour en admirer la composition, le trait, les émotions. Tant pis pour l'attente, je relirais la série pour le dernier tome de toute manière.

Avec Vinland Saga, Makoto Yukimura nous offre bien plus qu’un récit de vikings classique. Ce 28#7497; tome poche poursuit l’exploration de thèmes universels comme la quête de paix, la confrontation des cultures et les tensions entre idéaux et réalités humaines. L’auteur sublime l’épopée nordique avec une profondeur narrative et visuelle qui captive autant les amateurs d’action que les passionnés de réflexion. Ce volume nous plonge au cœur du Vinland, ce territoire mythique où Thorfinn et ses compagnons tentent de bâtir un avenir sans violence. Mais les tensions atteignent un point de rupture : d’un côté, les colons européens, menés par leur détermination et leurs ambitions, et de l’autre, les Lnu'g, les autochtones de ces terres, hantés par les visions prophétiques du chaman Gitpi. La scène où Ivar tranche la main de Gitpi illustre avec brio l'escalade d’un conflit alimenté par incompréhensions et rancunes, mais aussi par des désaccords internes : le pacifisme de Thorfinn est-il une noble aspiration ou une utopie vouée à l’échec ? Ce tome aborde également un sujet inattendu et poignant : un mal mystérieux commence à frapper les Lnu'g, un fléau qui pourrait être interprété comme une métaphore des impacts invisibles de la colonisation. Yukimura continue ainsi de questionner l’héritage des rêves utopiques face aux dures réalités humaines, tout en explorant la fragilité des idéaux dans un monde marqué par la survie et la domination. Côté dessin, Yukimura excelle une fois encore. Les expressions des personnages et les décors naturels du Vinland, à la fois grandioses et oppressants, donnent vie à ce conflit. Les scènes de tension alternent avec des moments de calme mélancolique, soulignant l'équilibre précaire entre paix et guerre.

Après plusieurs mois d’absence, Vinland Saga revient enfin ! Et ça fait du bien de revenir vers Thorfinn et ses pairs, même si l’ambiance n’est pas au top. On sent qu’on s’approche de la fin, les difficultés que doit affronter Thorfinn s’accumulent et forment un mur qui semble infranchissable. Comme toujours, c’est du lourd, même si le meilleur du tome, arrive au moment où c’est la fin … l’attente va être longue …