L'Affaire Cécillon, Chantal récit d'un féminicide : Le livre de Ludovic Ninet

L’affaire Marc Cécillon, un féminicide étouffé par l’omerta du rugby Dans la nuit du 7 au 8 août 2004, en Isère, lors d’une soirée conviviale réunissant une soixantaine de personnes, Marc Cécillon, ancien capitaine du XV de France, abat son épouse Chantal de quatre balles de revolver. Le choc est immense. Le monde du rugby, les médias et l’opinion découvrent la chute d’un « héros ». On parle de ses démons, de son alcoolisme, d’un « crime passionnel ». Mais derrière cette formule, qui résonne comme une excuse, on oublie l’essentiel : une femme tuée par son mari. Qui était Chantal ? Dans les journaux et lors des procès, son nom est souvent resté relégué à « l’épouse de ». Pourtant, elle était bien plus que cela. Elle était une mère, une fille, une amie. Une femme douce et aimante, mais épuisée par les excès et les colères de son mari. Sa mémoire a été trop souvent effacée derrière l’image d’un champion déchu. Près de vingt ans plus tard, le journaliste et écrivain Ludovic Ninet décide de redonner voix à Chantal. Son enquête revient sur les faits, explore le traitement médiatique et judiciaire de l’affaire, mais surtout recueille le témoignage de ses proches. Il dresse ainsi le portrait d’une femme à qui l’on rend justice, et replace ce drame dans une réalité malheureusement trop banale : celle des féminicides, où les victimes disparaissent derrière la figure médiatique de leur meurtrier. Il est important de rappeler pourquoi cette histoire compte. Parler de « drame conjugal » ou de « coup de folie » revient à minimiser la gravité des faits. Refuser le silence, c’est refuser l’omerta qui protège les coupables et efface les victimes. Rendre hommage à Chantal, c’est aussi rendre hommage à toutes celles qu’on a voulu faire taire.

Ce livre m'a révoltée ! Pas le livre en lui-même mais l'histoire de Chantal, tuée par son mari connu. Et ce dernier mot est très important. Sous prétexte que monsieur est connu, on laisse passer beaucoup de choses, au détriment de la défunte et de la famille restante. On ne parle que de cet homme, connu, rugbyman et capitaine de l'équipe de France de rugby. Lui, qui doit bien avoir des circonstances atténuantes... Spoiler alert: il n'en a pas! Je remercie le journaliste qui met bien les choses à leur place et qui laisse la parole aux femmes de cette famille. Chantal est décédée sous les coups de pistolet de son mari. Mari qui se dit jaloux, mais qui n'hésitait pas à aller voir à droite à gauche ce qu'il se passait. Une histoire révoltante, un féminicide où l'homme en deviendrait presque la victime. L'auteur montre bien la place de la vraie victime ainsi que de la famille face à ce fléau. Un livre que j'ai lu sans pouvoir le lâcher tellement je voulais voir ce que j'avais loupé de cette affaire lorsqu'elle a fait la une des journaux télévisés et écrits. Une collection que je découvre mais pas pour la dernière fois.

Ce livre, lu d’une traite, m’a captivée jusqu’à la dernière page. L’auteur s’est appuyé sur les témoignages de la famille et les articles de presse pour reconstruire chaque étape du drame. On comprend le quotidien que vivait ce couple, un quotidien basé sur l’alcoolisme, les violences conjugales, l’adultère… Ce récit interroge sur la place des victimes quand l’auteur du crime est un homme local, estimé et charismatique ? Ce qui m’a le plus révoltée, c’est la solidarité du monde sportif envers cet homme, même après qu’il ait tué devant une soixantaine de témoins. On lui a cherché des excuses et des circonstances atténuantes, alors que rien ne peut justifier son acte. L’écriture rend surtout hommage à Chantal, ce “petit bout de femme” qui a tant supporté.

Ludovic Ninet, journaliste, enquête sur le meurtre de Chantal Cecillon , le 7 août 2004, par son mari, l'ex-rugbyman Marc Cecillon. Il la tue de 4 balles tirées à bout portant alors qu'ils sont en soirée chez des amis. Un meurtre à la suite de plusieurs années de violences psychologiques et physiques... Reconnu par ses pairs et par les médias, les soutiens autour du rugbyman sont nombreux... Son avocat lui trouvera des circonstances atténuantes, la faute à l'alcool, cela n'est "qu'un crime passionnel"... et j'en passe... il ne prendra que 14 ans de prison pour avoir tué son épouse, Marc Cecillon n'en fera que sept. Comment ne pas être révolté par ses lignes? Le journaliste explore un angle nouveau, celui de mettre en lumière Chantal, éclipsée pendant des années par la notoriété de son mari alors qu'elle est la victime. Il s'agit du plus grand atout de ce livre, tout comme les témoignages des proches de Chantal. Exit les copains du rugby, et les journalistes Ici, Ludovic Ninet met en lumière les témoignages de l'une des filles, de la mère ainsi que de la meilleure amie de Chantal. Ninet a pris le temps de discuter avec elles, de les écouter, et de retranscrire leurs émotions, sentiments, et surtout l'incompréhension qu'elles ont pu éprouver depuis cette nuit du 7 août 2004. Des témoignages touchants et bouleversants. Bien sûr, on ne peut que remarquer et souligner le travail de recherche de l'auteur. En effet, Ninet décortique l'enquête, le procès et dénonce la couverture médiatique qui a entouré l'affaire au fil des ans. Ce qui l'intéresse ce n'est pas de relancer le procès, mais de comprendre l'homme, sa personnalité. Cette approche est à mon sens très intéressante et permet de rendre hommage d'une certaine façon à la victime. Je remercie vivement babelio et mon poche de m'avoir permis de lire ce livre et d'en apprendre plus sur cette affaire.