Un sentiment plus fort que la peur : Le livre de Marc Levy

Et si, sous la neige et les secrets d’État, se cachait surtout de l'aventure en quête de profondeur ? Depuis quelques temps, je ressors une fois par mois un roman de Marc Levy, que j’avais un peu laissé de côté ces dernières années, suite à plusieurs déceptions. Son écriture, toujours fluide et accessible, garde ce pouvoir de divertir sans prise de tête. Mais avec Un sentiment plus fort que la peur, on s’éloigne des histoires légères qui ont fait sa renommée pour entrer dans un registre plus “thriller d’espionnage” — une orientation intéressante sur le papier, mais qui peine ici à totalement convaincre. L’histoire s’ouvre sur Suzie Baker, jeune femme déterminée à laver l’honneur de sa grand-mère accusée de trahison dans les années 60. Lors d’une expédition périlleuse sur le Mont Blanc, elle découvre les restes d’un avion englouti dans la glace — et un attaché-case au contenu explosif. Ce point de départ prometteur la mène jusqu’à Andrew Stilman, journaliste du New York Times déjà croisé dans un précédent roman ; Si c’était à refaire. Ensemble, ils se lancent dans une enquête qui les entraîne entre les glaces norvégiennes, les couloirs du pouvoir et les secrets d’État les mieux gardés. Sur le fond, tous les ingrédients d’un bon page-turner sont là : complot, mensonge, trahison, filatures, enjeux écologiques et politiques… Marc Levy sait créer du rythme et un cadre dépaysant. Certaines scènes, notamment celles au cœur du Mont Blanc ou de la Norvège, sont très visuelles et immersives. On sent qu’il aime faire voyager ses lecteurs et varier les décors. Mais au-delà du rythme et des rebondissements, il manque ce petit supplément d’âme qui rendait autrefois ses romans inoubliables. Les personnages, pourtant marqués par la vie, restent étrangement creux : Suzie, héroïne courageuse mais trop lisse, et Andrew, journaliste écorché mais caricatural, ne m’ont pas suscitée d’émotion. On survole leurs blessures sans jamais y plonger vraiment. Quant à la romance, marque de fabrique de l’auteur, elle est ici quasiment absente — ou à peine effleurée. L’auteur tisse une intrigue efficace mais parfois confuse, avec des passages longuets (notamment toute la partie sur l’ascension du Mont Blanc) qui cassent le rythme. Les dialogues, omniprésents, rendent la lecture rapide mais aussi un peu superficielle. Et même si la dernière révélation apporte enfin une dimension plus percutante et réaliste, elle arrive un peu tard pour sauver l’ensemble. Un sentiment plus fort que la peur se lit sans déplaisir, mais laisse une impression mitigée. Ce n’est pas un mauvais moment, simplement un roman qui distrait sans vraiment marquer. Marc Levy reste fidèle à son style : simple, fluide, accessible — mais après autant de romans, on aurait aimé qu’il ose renouveler ses schémas narratifs et ses personnages.

Shamir meurt en montagne dans une crevasse après avoir réussi à sauver sa dulcinée, Suzie. Suzie, qui, si elle repart de la montagne avec quelques phalanges et un compagnon en moins, a toutefois caché dans son manteau une chemise contenant une lettre prise dans la carcasse démantelé d'un avion indien crashé il y a de nombreuses années. Cette lettre lance Suzie dans une longue enquête sur la mort mystérieuse de sa grand-mère Liliane, accusée de trahison envers son pays. En s'allient avec un reporter du New York Times, Andrew, ami précieux et futé, mais aussi colérique et alcoolique, Suzie découvre un complot qui prend encore plus d'ampleur et apprend pour quelle raison exactement Liliane a voulu trahir les États-Unis. Ce roman de Marc Levy est une enquête qui se déroule surtout aux États-Unis puis qui s'étale au Canada et à la Norvège. Et mine de rien, il s'adresse aux grandes pontes des pays, qui montent des plans économiques et politiques terriblement égoïstes et dangereux pour le reste du monde... L'histoire racontée dans ces pages se veut fictive, toutefois, les articles journalistiques cités en sources lui donnent une véracité troublante... Malgré cette ingéniosité, je n'ai pas du tout accroché à Un sentiment plus fort que la peur. Déjà parce que le schéma d'un duo d'inconnus plus ou moins attirés l'un par l'autre qui se lancent dans une aventure ensemble, je l'ai bien trop lu. L'écriture du romancier, ici, ne m'a pas parue extraordinaire, je n'ai pas été portée par une syntaxe particulière. Certes, les éléments s'enchaînent bien, mais parfois, je trouve que Marc en fait trop, quand il intègre des points de vue autres que ceux de Suzie et Andrew pour bien montrer que nos pauvres petits protagonistes se font manipuler par tout le monde en réalité... Ça manque de subtilité et de lyrisme, de quelque chose qui aurait fait de ce thriller un livre incroyable.

Lire Un sentiment plus fort que la peur de Marc Lévy, c’était un hasard pour moi. Et pourtant, ce fut une vraie surprise. Facile à lire, fluide, avec une intrigue accessible mais efficace, le roman m’a happé sans effort. Suzie est au centre du récit : son courage, ses doutes et ses failles la rendent crédible et attachante. Elle traverse des situations extrêmes où peur et émotions se confrontent, et ses choix façonnent le rythme du roman. Lévy réussit à rendre chaque tension palpable, sans lourdeur, avec ce style nerveux et direct qui pulse comme un morceau de Evanescence ou Foo Fighters. L’intrigue rappelle le suspense d’une série Netflix type The Night Agent : retournements, décisions critiques, et tension constante. Lire Lévy, pour moi, c’est la découverte d’un roman confortable mais captivant, où personnages et action se mélangent avec efficacité et fluidité. Un sentiment plus fort que la peur est une lecture surprenante et agréable, qui allie simplicité, émotion et suspense, et m’a offert un vrai moment de lecture détente mais intense.

Je faisais partie de ceux qui critiquaient Mar Levy le trouvant trop facile, trop productif, trop prévisible, trop simple ... J’ai arrêté de le lire, j’ai arrêté de lire tout court. J’avais lu toute ma scolarité et cherchais à rattraper un peu de temps (lequel ?) je lis dorénavant bien plus en bossant à temps plein que ce que j’ai pu lire durant des années. J’ai repris la lecture et décidé de redonner une chance à Marc ...Et Les Enfants de la Liberté m’ont réconcilié avec l’auteur, et j’ai continué, et ce roman est très sympathique, on y est plongé pour connaitre les préoccupations de Suzie, et on y retrouve Andrew (du roman précédent)... Oui ?, un peu facile ? Hé bien non, on l’avait laissé blessé on le retrouve et on le croit mort ... puis ... situation Uncanny (non, Marc Levy n’est pas simplet) Je suis ravie de retrouver Andrew, même si on le retrouve en sale état, mais sa dernière enquête a failli lui couter la vie (Et Si C’était à Refaire). Heureusement, lui et Simon se chambrent toujours :) et au fil de ce quatorzième roman on découvre que ce journaliste est un véritable détective, Vraiment, je me suis encore faite charmer par l’auteur et ai absolument apprécié ce roman qui met le mystère au premier plan, je vais même me fendre d’un excellent roman. Même en ayant espacé mes moment de lecture on reste complètement dans l’énigme, très bonne et addictive malgré son manichéisme envers le gouvernement des Etats-Unis (mais plus on avance dans le temps, plus je me dis que ce pourrait être Vrai; clin d’oeil Marc !) et ce dernier n’a pas un goût de déjà vu ou de déjà lu, c’est une enquête différente mais tout aussi addictive. La fin reste surprenante, tout comme les sources de l’auteur. Je lirai les douze autres romans puisque je me les suis vus offrir (oui sur demande vu que le septième m’avait carrément convaincu). Mea Culpa, je ne vous critiquerai plus méchamment Marc !