Abysses. Nouvelle édition : Le livre de Frank Schätzing

J’ai toujours été amatrice de film catastrophe, de film grand spectacle, quand bien même les scénarios sont cousu de fil blanc. Voici leur pendant en roman dans cette belle brique signée Frank Schätzing datant d’il y a 20 ans et qui revient chez nous avec une couverture des plus attrayamment inquiétante. Sorti pour la première fois dans les années 2000, ayant rencontré un beau succès, le roman a même été adapté en mini-série en 2023. Pocket a alors sauté sur l’occasion pour nous le reproposer. Belle idée. Il faut dire qu’il a tous les ingrédients du page-turner estival : une plume simple, un cadre connu, des inquiétudes écolos universelles, et bien sûr des catastrophes à grande échelle. Quand on aime ce genre de scénario, on ne peut que passer un bon moment. Pour autant, est-il nécessaire d’en faire plus de 1200 pages ? La question est légitime car l’auteur bien que prenant des ingrédients éculés, n’en use pas toujours dans la mesure. Il est long bien trop long sur de nombreux segments de son histoire, bavard bien trop bavard ne sachant que faire de ses découvertes dans la dernière partie, et maladroit pour ne pas dire abrupte dans sa conclusion qui tombe à côté pour moi… Pourtant, il avait tout ce qu’il faut pour faire un récit punchy, à ne pas lâcher, mais il n’a pas toujours fait les bons choix. Dommage. L‘histoire démarrait bien avec une révélation surprenante : des vers inconnus participaient à la remontée massive de méthane, déclenchant potentiellement d’immense catastrophe au plan géologique sous l’océan avec des conséquences terribles pour nous sur Terre. Partant d’un épiphénomène, en nous glissant dans la peau, aux côtés, des chercheurs, Frank nous impliquait vraiment dans ces mystères. C’était passionnant de se questionner à ses côtés et de découvrir des choses de plus en plus grosses et surprenantes, voyant les engrenages fatals se mettre en place. Mais pour décrire cela, il prend énormément de voies de traverses, trop. Il tente aussi de faire vivre ses personnages, sauf que honnêtement, à ce stade, ici, dans ce type d’histoire, on s’en fiche un peu, ça n’apporte rien à part des longueurs. Du coup, on ronge notre frein, on a envie de sauter des passages, pour se concentrer uniquement sur les mystères et les recherches, car c’est long mais long pour arriver à chaque petite avancée que j’ai condensé ici mais qui prend… L‘auteur dit d’ailleurs que son roman est un condensé de sciences. Je relativiserais pas mal là-dessus. Il n’y a rien d’inaccessible loin de là, ce sont même des théories assez classiques et connues pour certaines, rien de dense et de complexe donc, mais une science au contraire mise facilement à notre hauteur, ce qui est très bien. C’est d’ailleurs cette partie du livre qui m’a intéressée, le volet scientifique. J’ai trouvé le volet géopolitique, qui aurait dû être plus consistant, totalement survolé. Et je n’ai pas compris l’intérêt et le surgissement du volet religieux. Qu’est-ce qu’il faisait là, bon sang ?! Les inspirations de l’auteur sont nombreuses, il les cite lui-même d’Independance day, en passant par le Jour d’après ou Contact et bien d’autres. Il leur rend très bien hommage, voire reprend carrément des schémas de leurs intrigues. Soit ça plaît, ça on crie à la copie facile. Je laisse chacun juger. Cela ne m’a pas gênée sauf pour le final où ça donne un gloubiboulga informe et indigeste. Zut ! L’histoire avait enfin décollée et avait le bon rythme. Alors que retenir ? Un bon divertissement en mode scénario catastrophe. Une lente montée en tension reposant sur des mystères biologiques aquatiques efficace mais peut-être un manque d’audace, d’originalité, de prise de risque, et surtout un scénario trop bavard, trop boulimique de voies sans issues qui n’ont aucun intérêt pour le faire vivre, ce qui aboutit à une fin un peu ratée… Dommage, c’était prometteur et addictif au début.

Abysses est un roman que je souhaitais lire depuis longtemps. Il y a peu, les conditions ont enfin été réunies, une convalescence forcée et le fait que ce roman m’attendait dans la réserve de la médiathèque. J’ai donc lu la première version de l’histoire qui date de 2008. Il existe une nouvelle édition publiée en 2023 et un format poche publié en 2024, certainement suite à l’adaptation du roman en une mini-série du même nom. Que nous raconte Abysses ? Partout dans le monde des événements étranges, inexplicables, ont lieu. Toutes ces anomalies se déroulent en mer, dans l’océan. Des pêcheurs disparaissent, plusieurs espèces de baleines jusque-là inoffensives deviennent agressives, et d’autres espèces marines voient leur comportement se modifier ; ces altérations interrogent les plus grands scientifiques. L’intégrité de l’économie liée à l’exploitation des mers et des océans est en péril, des plateformes pétrolières offshore à la pêche. S’aventurer dans ces eaux devient dangereux pour l’Homme. Pourtant, malgré toute leur bonne volonté, les scientifiques connaissent peu les grands fonds marins, ils ignorent presque tout de ce qui s’y passe. Après quelques analyses, recherches, et concertations, une vérité apparaît évidente à ces femmes et ces hommes de sciences : quelque chose a changé, quelque chose qu’ils ne comprennent pas encore, et qu’ils ne pourront peut-être pas maîtriser, mais qui pourrait changer les paradigmes scientifiques connus. Avec cette conclusion qui s’ébauche en filigrane : l’arrogance de l’humanité a sûrement trouvé son antidote. Les pavés de 800 à 1000 pages, en général, ce n’est pas trop ce que j’apprécie, j’en lis très peu. Ou alors l’histoire doit être vraiment prenante. Et heureusement, ici ce fut le cas. Cet éco-thriller scientifique d’anticipation a touché son but, et a parlé à mon cœur de scientifique. C’est la première chose qui m’a plu dans ce roman. Je salue le travail exceptionnel de l’auteur, car j’ai trouvé ce roman très bien documenté et vulgarisé, et en même temps extrêmement précis. Donc, là pour moi ce fut un sans faute. Ce texte soulève de vrais questionnements, qui s’intègrent bien dans l’histoire, et c’est également très intéressant. L’ensemble s’agence bien entre les parties scientifiques foisonnantes, la propre histoire des nombreux personnages, et comment ils prennent place dans l’intrigue. Pour moi ce roman est une réussite, certes il est un peu long (je dirais que sur les 900 pages du livre, une trentaine m’ont paru redondantes, ou un peu longues, notamment des descriptions techniques de modules d’exploration sous-marine, mais rien de rédhibitoire), mais il se lit facilement et est vraiment prenant. La fin est digne d’un scénario de blockbusters américains, mais on peut comprendre. Pas simple de trouver une fin idéale et un effet whaou !, quand il a fallu plus de 800 pages pour expliciter le pourquoi du comment, et construire une intrigue qui tienne la route. Ce texte est marquant, foisonnant, et il questionne. Il questionne sur l’insolence de l’humanité, sur son orgueil. Et si ce roman peut sonner comme un avertissement, tout le monde sait que la réalité dépasse la fiction. À méditer.

Un des meilleurs livre de science-fiction que j’ai pu lire. On plonge dedans rapidement et on ne veut pas lâcher jusqu’au bout. Pas besoin d’être scientifique pour comprendre puisque tout est expliqué. Malgré le nombre de pages l’histoire reste dynamique et sans trop de longueurs !

On se retrouve aujourd'hui avec Abysses, de Frank Schatzing, un petit pavé de plus de mille pages absolument passionnant ! Je l'ai dévoré, bien qu'il m'ait fallu presque un mois pour en venir à bout, la faute à une vie assez fatigante ces dernières semaines. Alors Abysses, de quoi ça parle ? Et bien, comme pour chaque pavé que je chronique, je vais avoir du mal à parler de tout, alors je vais essayer d'être brève tout en vous donnant envie de le lire. Ce livre parle de la fin de l'Humanité telle qu'on la connaît. Un groupe de scientifiques se réunit car une foule de choses se détraquent dans la nature : les baleines attaquent les bateaux, des vers venus de nulle part attaquent les fonds sous-marins et déséquilibrent l'écosystème, des méduses attaquent en grand nombre, une bactérie s'immisce dans des homards pour atteindre l'homme... Et tout ça tout autour de la planète ! Aucun endroit n'est épargné. Que se passe t-il ? Les scientifiques mettent un certain temps avant de se rendre compte que tout est lié, mais quand enfin ils s'en rendent compte, il est déjà presque trop tard. Bref, la nature se rebelle. La première partie de ce livre est à la fois passionnante et flippante. L'auteur prend son temps pour poser son histoire, il détaille très bien ses personnages, parfois même un peu trop, j'ai trouvé certains détails superflus. Mais vu que j'adore les pavés dans lesquels je peux m'attacher aux personnages, autant vous dire que ça ne m'a pas dérangée. Le récit est également ponctué d'un nombre incroyable d'informations scientifiques, de termes compliqués, de notions tellement pas évidentes qu'il faut parfois relire la phrase pour être sûr d'avoir au moins saisi l'idée. C'est une lecture éprouvante, oui, exigeante en termes de compréhension et d'attention, et soit on adhère, soit ça ne passe pas. Je vous le donne dans le mille, j'ai adhéré à cent pour cent ! De la deuxième partie à la fin, c'est l'état de crise pour l'Homme. Dirigée par le gouvernement américain (évidemment), une cellule de crise composée de scientifiques va tenter de comprendre ce qu'il se passe, et d'entrer en contact avec l'étrange être intelligent qui habite les grands fonds marins. S'ensuivent alors de nouvelles leçons sur la biologie, puis un retournement de situation qu'on ne voit pas du tout venir (c'est faux), de l'action, un final complètement dingue ! J'ai tout aimé de ce roman, de l'intrigue aux personnages, en passant par les descriptions, les discours scientifiques, les idées véhiculées par l'auteur qui nous font réfléchir sur tout un tas de choses. Petit bémol pour les derniers chapitres, j'ai trouvé la toute fin un peu longue, un peu déplacée, un peu trop chimérique. Ce n'est pas vraiment un roman moralisateur, on prend la morale si on le souhaite, mais on peut tout aussi bien voir le livre comme on regarderait un film catastrophe, juste pour se divertir, puis passer à autre chose. Personnellement, je suis entre les deux, mais vu que j'ai tendance à beaucoup aimer les films catastrophes, c'est le divertissement qui a pris le dessus. Pas un coup de coeur mais pas loin, si les pavés écologiques et scientifiques ne vous effraient pas, lancez-vous, c'est vraiment un très très bon roman.