Bonjour tristesse : Le livre de Françoise Sagan

L’été s'annonce sous les meilleurs auspices pour Cécile, 17 ans. Une belle villa dans le Sud, l'oisiveté au soleil, la compagnie exubérante et sans règles de son père avec sa nouvelle compagne éphémère. Mais l'arrivée d’Anne, une femme mûre, élégante et disciplinée compromet dangereusement ce cadre idyllique et la relation fusionnelle de Cécile avec son père. "Bonjour tristesse" , écrit par Françoise Sagan alors qu'elle n'avait que 18 ans, dresse le portrait psychologique d'une adolescente gâtée soumise aux turpitudes de l'amour. Les siens et ceux de son père qui menacent leur équilibre. Complètement duale, Cécile passera son été a tenté sournoisement de détruire la relation de son père tout en éprouvant régulièrement des regrets ainsi qu'à s'interroger sur la profondeur de ses propres sentiments pour le beau Cyril. Je suis mitigée sur ce roman, si je dois reconnaître un talent indéniable à la jeune auteure pour sa plume très fine et sa capacité à offrir une psychologie profonde à ses personnages ; la lenteur, le manque d'actions et les retournements d'idées sans fin de Cécile ont eu raison de mon enthousiasme. J'ai au final trouvé tous ces personnages assez caricaturaux dans un cadre immuable qui l'est tout autant. Ce roman est agréable à lire, il est court alors on se laisse tranquillement conduire vers le dénouement mais il en reste une sorte de platitude et de redondance.

Publié alors que Françoise Quoirez n'est âgée que de 18 ans ce premier roman pour lequel elle a dû prendre un pseudonyme (Sagan) ne laisse pas indifférent. La jeune fille parle avec facilité de sujets que toute autre jeune fille du même âge ne mentionnerait jamais, surtout dans les années 50. Elle reçoit néanmoins le prix des critiques en 1954, année de la parution de ce dernier. Le père de l'héroïne mène une vie assez dissolue, allant de conquête en conquête depuis le décès de sa femme. Cécile préfère s'en amuser. Elle a pour son père une admiration sans borne. Il est irrésistible autant pour elle que pour ses conquêtes. D'un caractère facile, enjoué, aimable, charmant, d'un physique plus qu'attrayant et gagnant amplement bien sa vie, personne ne lui résiste. Ils se comprennent et semble-t-il, se ressemblent, dans leur facilité à conquérir puis se lasser tout aussi vite l'un et l'autre de leur "victime". Des personnages aussi droits et entiers que Anne ne peuvent qu'être rongés, détruits face à ces tempéraments chauds en apparence (aimant les festivités, les amusements...) et si froids en réalité (passant aisément de l'un à l'autre sans y voir d'inconvénient qu'une lassitude normale à leurs yeux). Un roman très bien écrit. Un récit structuré et riche en vocabulaire. Agréable lecture même si on espère ne jamais rencontrer sur son chemin cette jeune fille complotiste et son père ... si peu enclins à une vraie empathie, à aimer vraiment, complétement, sincèrement.

Un roman étonnamment moderne pour son époque. Du fait de ma jeunesse et de ma position sociale différente de celle des protagonistes, ce livre filé par les petites histoires d’amours et de sexualités d’une famille mondaine en quête d’aventure ne m’a pas particulièrement percuté. Je me suis surprise à mépriser les personnages en me questionnant sur leur vie si bien écrite. Pourquoi avaient-ils besoin de la raturée tandis que le bonheur était à leurs pieds ? Cependant, je ne peux qu’imaginer le vent de fraîcheur qu’ont amenés les pages de ce roman aux jeunes générations lors de sa sortie en 1954. La liberté et l’honnêteté avec laquelle Françoise Sagan rédige à dû faire grand bien, comme amorce de la libération sexuelle.

Première œuvre de Sagan que je lis et je dois bien avouer que je m’attendais à tout sauf à ça!!! Une lecture qui coule toute seule, je l’ai finie en une après midi et j’ai adoré la manière simple donc Sagan raconte l’histoire. Ça me rappelle ma relation paternelle assez bancale mais justement la pointe d’humour et assez attachante. Une lecture d’été sans prise de tête à lire au soleil malgré les sujets abordés qui restent émouvants tout de même.