Candide : Le livre de Voltaire

Histoire: #127765;#127765;#127765;#127761;#127761; Personnages: #127765;#127765;#127765;#127767;#127761; Rythme: #127765;#127765;#127765;#127767;#127761; Ecriture: #127765;#127765;#127765;#127767;#127761; Dénouement: #127765;#127765;#127765;#127761;#127761; #77955;#128394; "Candide" ou le récit de la naiveté. Entre injustices et absurdité, Voltaire nous écrit un voyage d'apprentissage et de développement menant à une lucidité presque irrationnelle de notre monde. Le bon, ne serait ainsi qu'une simple impossibilité face à toutes les imperfections qui nous mèneraient à la fatalité des choses.

Candide est un classique qui séduit autant par son ironie mordante que par la légèreté de sa forme. Voltaire y manie le sarcasme avec brio, démolissant les illusions philosophiques de son temps — en particulier l’optimisme béat de Leibniz — à travers un récit d’aventures aussi absurde que cruel. Le style est vif, rapide, sans gras, ce qui rend la lecture très fluide. Mais cette même légèreté a aussi ses limites : à force de courir d’un malheur à l’autre, sans véritable pause ni approfondissement psychologique, j’ai parfois eu le sentiment de survoler plus que de ressentir. L’intelligence du propos est indéniable, et certains passages frappent encore par leur actualité. Mais l’émotion reste distante, et le cynisme ambiant finit presque par anesthésier. Un conte philosophique brillant, mais que j’ai admiré plus que réellement aimé.

[masquer] Candide est un livre assez court qui permet de s'interroger sur notre propre candeur. En effet, le personnage grandi dans un chateau où on lui enseigne que tout est le mieux dans le meilleur des mondes. Il est chassé de son chateau et à force d'aventures, se rend bien compte qu'il n'en est rien et que la vie est difficile, et ça pour tout le monde. À la fin, on comprend que la solution pour éviter d'être malheureux, c'est le travail (il faut cultiver son jardin) . Sans le travail, on oscille entre souffrance et ennui (Schopenhauer). Je retiens la citation : Si nous ne trouvons pas des choses agréables, nous trouverons du moins des choses nouvelles. Cette citation nous invite au voyage et à la découverte du monde, de ses malheurs comme de ses bonheurs. [/masquer]

Candide ou l’Optimisme, ou comment Voltaire, ce vieux garnement poudré, a décidé un jour d’en finir avec l’innocence à coups de sarcasmes bien sentis et de catastrophes en cascade, comme s’il s’agissait de rosser une bande de scouts avec un exemplaire des Pensées de Pascal trempé dans le vinaigre. Nous voici donc aux côtés de ce pauvre Candide, nommé ainsi sans doute parce que « Naïf, Crétin et Victime » sonnait moins bien à l’imprimerie. Dès les premières pages, le bonhomme se fait éjecter du château de Thunder-ten-tronckh pour avoir eu l’audace de poser les lèvres sur Mademoiselle Cunégonde, cette ingénue vaguement chaude qui semble passer plus de temps entre les mains de soldats et de sultans que dans un salon de lecture. Et hop, c’est parti pour un tour du monde en charrette ensanglantée, où chaque chapitre est l’occasion pour Voltaire de décocher une flèche trempée dans le fiel contre Dieu, Leibniz, l’armée, l’Église, la philosophie, la noblesse, la pauvreté, la richesse, la médecine, l’amour, la morale et, de manière générale, l’existence humaine dans tout ce qu’elle a de puantement ridicule. Voltaire, l'air de rien, écrit avec le sourire carnassier d’un homme qui a vu trop de pendaisons pour croire encore à la vertu. Chaque événement est un désastre burlesque : Candide est fouetté, volé, enrôlé de force, presque mangé, dupé, cocu, sauvé puis encore cocu — tout cela en gardant l’expression béate d’un chien qui croit encore que la laisse mène au parc. Le brave Pangloss, caricature ambulante du philosophe abstrait, continue quant à lui de radoter que « tout est pour le mieux » même quand il est couvert de pustules ou pendu à moitié vivant. On dirait un professeur de terminale expliquant l’intérêt de la dissertation à un élève qui saigne du nez. L’humour est noir comme un café oublié sur le feu, l’ironie coule à chaque page comme le sang dans un champ de bataille, et tout cela avec une légèreté diabolique, comme si l’on décrivait l’Inquisition en alexandrins. C’est là tout le génie de Voltaire : faire passer un massacre pour une promenade de santé, une désillusion pour une chansonnette. Il rit, mais son rire est une morsure. Il caresse, mais il le fait avec une lime à métaux. Le monde est absurde ? Voltaire répond : parfaitement, mais il est en plus mal fichu, injuste, brutal, risible — et nous sommes assez bêtes pour y croire encore. Et à la fin, ce fameux jardin à cultiver. Beaucoup y ont vu une sagesse tranquille, un renoncement lumineux. Il faut avoir lu Candide en dormant pour croire à cette niaiserie. Le jardin, c’est le lot de consolation des vaincus : un carré de terre pour enterrer ses illusions, une houe à la place de la foi. Après avoir traversé tous les enfers, Voltaire nous offre un potager. C’est cruel, c’est superbe, c’est du génie en robe de chambre. Candide n’est pas un conte : c’est un rictus.