Cent millions d'années et un jour : Le livre de Jean-Baptiste Andrea, Alexandre Pavloff

C'est une magnifique lecture que je viens d'achever, pleine de poésie. J'ai découvert cet auteur avec des diables et des saints que j'avais adoré et je découvre cent millions d'années et un jour qui confirme que c'est un auteur que j'aime déjà beaucoup. Dans ce livre nous suivons Stan, un paléontologue un peu fou qui part en expédition en haute montagne pour découvrir un dinosaure qu'une petite fille lui aurait raconté avoir entendu par un homme prétendant l'avoir vu... il embarque avec lui 3 personnes hautes en couleur. C'est très beau, l'écriture est poétique et évidemment le thème de l'enfance cher à l'auteur est omniprésent. Le héros revit certaines bribes de son enfance dictée par une mère aimante mais partie bien trop tôt et un père violent et tyrannique. Cette expédition au delà de la découverte de ce prétendu dinosaure n'est elle pas un challenge que se lance Stan afin de se prouver et prouver à son père (même si celui-ci n'est plus là) qu'il est en fait capable? Les blessures de l'enfance sont toujours présentes même à plus de 50 ans, c'est ce que l'auteur semble vouloir nous dire. C'est rempli d'émotion. C'est une très belle lecture.

"Cent millions d'années et un jour" est probablement le roman de Jean Baptiste Andréa qui m'a le plus touchée. Histoire folle d'un homme qui va au bout de son rêve, ce roman nous emmène, dans les années 1950, vers les sommets enneigés et les glaciers des Alpes, vers un endroit où seuls les fous et les passionnés osent s'aventurer ! Jean Baptiste Andréa orchestre son récit avec brio, nous baladant aussi bien sur la montagne que dans l'espace temps, entre passé et présent. J'ai pu, parfois, reprocher à cet auteur de laisser la forme prendre un peu le pas sur le fond (bien que j'ai vraiment apprécié "Veiller sur elle" et "Des diables et des saints", je leur trouvais un je ne sais quoi de trop travaillé dans le texte...) mais, ici, rien de tel ! Le ton est juste, le texte est travaillé mais pas "surjoué", comme si la grandeur des paysages évoqués ne devait en rien être dépassée par quoi que ce soit... J'étais là haut, aux côtés de Stanislas, j'ai eu peur pour lui, j'ai ressenti sa solitude, j'ai souffert du froid avec lui et j'ai prié pour lui... Livre lu en une journée... J'en garderai longtemps un souvenir fort.

Cent millions d’années et un jour fait partie de ces romans qui font du bien, il oscille entre le conte et la réalité et donne envie aux rêves les plus fous de se réaliser, comme celui de retrouver un dragon fossilisé dans la glace. Stan est paléontologue, il est né au début du XXe siècle, à une époque où l’on racontait encore des histoires aux enfants. Il y en a une qui ne le quittera pas. Dans la montagne se trouve un squelette immense de l’ancien temps, celui des diplodocus, des dinosaures de toute sorte. Quand le lecteur fait sa connaissance, Stanislas a une cinquante d’années, les guerres mondiales sont passées, il est temps pour lui d’engager sa guerre personnelle. 1954. Le périple tant attendu. Une équipe masculine décide de braver l’impossible pour partir à la recherche d’un rêve. On grimpe des pentes abruptes, on rigole autour d’un feu, on a peur, on peine, on se tait et on espère. En parallèle de cette quête dans l’immensité des grands espaces et du passé, la vie de Stan s’intercale. Un père brusque, une mère décédée trop tôt, un enfant solitaire et fragile qui peine à trouver sa place. C’est touchant, cela fait rêver, c’est un livre qui fait voyager et espérer, qui évoque l’amitié, l’enfance, l’importance des espoirs, la douleur devant les échecs. C’est une lecture fluide et facile qui prend soin de son personnage principal et du lecteur. Un roman « doudou », qui manie l’émotion avec doigté, qui nous fait croire à l’impossible, qui fait voyager et enchante. Le premier roman de Jean-Baptiste Andréa, Ma Reine avait immédiatement trouvé son public et ses nombreux prix littéraires. Cent millions d’années et un jour montre avec évidence que Jean-Baptiste Andréa n’était pas l’auteur d’un seul roman (et ses publications ultérieures le confirmeront).

Cent millions d’années : un vertige. Un jour : un vertige encore… Que j'aime la prose de Jean-Baptiste Andrea... Cet auteur fait danser les mots comme le charmeur son serpent. Il y a de la magie dans son écriture, comme une grâce, et quelque chose qui m’émeut profondément. Peut-être, sans doute même, ce qu’on appelle poésie… Sa façon de raconter une histoire, de la combler de rêves, de souvenirs, de beauté et de merveilleux... Sa manière si personnelle de donner la vie à tout ce qui est : la montagne, un glacier, un fossile, un ruisseau timide ou furieux, un feu de camp, et le vent qui l'agace... Chacun de ses livres est pour moi une odyssée, un matin de printemps, une symphonie, un sommet, un frisson. Cent millions d'années et un jour... de vie, de silences, d'empreintes. Qu'en reste-il si ce n'est quelques ossements et la folie d'un paléontologue qui cherche désespérément son « dragon », entrainant à sa suite trois autres vies, quelque part dans les Alpes, entre la France et l’Italie, haut, très haut, loin, très loin. Tout ça pourquoi ? Pour quoi ? Un brontosaure, un apatosaure ou un diplodocus, bref un pauvre squelette enserré dans les griffes d'un glacier, vestige d'un temps lointain où la folie des hommes n'existait pas ? Un supposé trésor enfoui dans une crevasse… Une chimère peut-être mais un rêve de gosse, celui d’une vie sans éclat, piétinée par le destin, un rêve plus fort que la montagne, plus fort que la vie elle-même. Conteur magnifique, explorateur insatiable, Jean-Baptiste Andrea excelle à sonder les âmes avec une bienveillante acuité. En compagnie de Stan, Gio, Umberto, et Peter, il nous invite à rencontrer la singularité, à croire en l’absolu, à interroger notre désir et à guérir. À chacun son dragon ou son trésor. Chacun sa grotte, sa faille, sa crevasse et sa quête... En plus d’être une aventure humaine, une histoire d'amitié lumineuse, ce livre est un superbe roman sur la montagne, sa beauté infinie, intransigeante, parfois carnassière.