Veiller sur elle : Le livre de Jean-Baptiste Andrea, Léo Dussollier, Lila Tamazit

Après quelques expériences décevantes, je me méfiais un peu des récents Goncourt. Autant dire que je n'avais pas d'apriori favorable en ouvrant celui-ci, d'autant que le bandeau rouge qui affiche en argument majeur "Un amour prodigieux" ne fait rien pour me rassurer. Et me voilà embarquée dès le premier paragraphe. Dans une abbaye, auprès d'un mourant: loin d'une bluette donc. Et l'histoire se déroule, magistrale, improbable, entre deux êtres inadaptés à leur monde et à leur milieu, un homme, une femme, destins choisis et non subis, dans une Histoire tragique. C'est magnifique, c'est, en effet, un "amour prodigieux".

En refermant « Veiller sur elle » de Jean-Baptiste Andrea, j’ai ressenti ce petit pincement au coeur, ce léger vide qui suit la fin d’un roman incroyable. Difficile de quitter Mimo, son amour et ses ambitions, au terme de cette histoire dans l’Italie fasciste. Chronique d’une vie peu banale. Celle de Mimo, né dans une famille pauvre, orphelin d’un père mort durant la Grande Guerre, souffrant d’achondroplasie mais bénéficiant d’un talent de sculpteur sans pareil. Une vie prenant place dans le contexte troublé de l'entre-deux-guerres et de la montée du fascisme. Un roman passionnant touchant à de nombreuses thématiques (condition de la femme, fracture sociale, la différence,…) mais avec à son centre Elle, l’amour d’une vie, un amour impossible. Un roman qui prend aux tripes d’autant que l’auteur réussit ce délicat équilibre entre une écriture au style soigné et très littéraire et cette faculté à nous immerger dans son histoire. On passe par une vaste gamme d’émotions à la lecture de « Veiller sur elle ». Un grand roman qui n’a pas volé ses prix.

Histoire d’une vie celle de Mimo qui entraîne dans son sillage celle de Viola. Mimo né d’une famille d’émigrés italiens grandi en France jusqu’à la mort de son père, sa mère le confie alors à un oncle violent et alcoolique. Retour en Italie où il sera toujours le « francese »,il rencontrera Viola héritière du clan Orsini qui au travers des livres l’ouvrira au monde ,à l’art et développera son esprit critique. Au travers de l’évolution de Mimo on suivra la famille Orsini et les combats de Viola pour affirmer sa personnalité de femme dans une Italie en pleine montée du fascisme et accession au pouvoir de Mussolini, la guerre, la montée de l’antisémitisme et le rôle de l’église. Même si au départ j’ai trouvé une entrée en matière un peu longue à se mettre en place, la beauté de l’écriture m’a poussée à continuer ma lecture et d’accéder à une deuxième partie du roman plus passionnante. Un roman historique qui aborde l’histoire de l’Italie dans la période de l’entre deux guerres, la montée du fascisme et l’après guerre, mais aussi un roman sur l’amour de l’art tout d’abord, le sentiment amoureux et ce que cela implique mais aussi le sentiment d’amitié profonde. Un beau roman qui ne laisse pas indifférent.

Il faut s’accrocher un peu au début mais des que Mimo commencer à sculpter on rentre dans le livre. Une super promenade italienne en début de siècle, entre misère et mondanité. Personnages touchants et singuliers. Un road book avec des problèmes qui s’enchaînent mais très vites résolus par des tours de passe afin d’avancer dans la vie de Mimo. Facile mais agréable.