De notre monde emporté : Le livre de Christian Astolfi
À la Seyne-sur-Mer, on était " des Chantiers " comme on est d'un pays, d'une famille. Comme son père avant soi. Comme personne après eux. Combien d'hommes, en ces années 1970, ont connu la Tôlerie, la Forge, la Machine ? Soudant ici, graissant là, suant dans la fournaise d'où sortaient ces géants des mers – fierté du geste, triomphe de l'ouvrier.
Celui qu'on appelait " Narval " s'y construit : sa classe sociale, ses camarades, son identité politique. Lorsque la fermeture est annoncée, il entre en lutte, à la vie, à la mort. Bientôt le scandale éclate et emporte tout sur son passage...
Requiem pour une classe ouvrière déchue.
Cet ouvrage a reçu le Prix France Bleu - PAGE des libraires, le Prix Jean-Amila Meckert et le Prix des Cordeliers.
De (auteur) : Christian Astolfi
Les libraires et les médias en parlent
Avis Babelio
quandleslivresnousparlent
• Il y a 2 mois
Depuis l’enfance, sa structure, son pont impressionne Pierre, surnommé Narval par ses amis. Il en impose le site des Chantiers Navals de la Seyne-sur-Mer. Pierre y entre à 20 ans comme son père avant lui. Il est formé sur le terrain par les anciens. Il se crée sa bande de copains. C’est le début des années 70, années florissantes pour les chantiers. On travaille, on rit, on partage des moments d’amitié. Ce sont aussi les premiers amours. Arrive l’année 81 et sa vague d’espoir. Les travailleurs vont enfin récupérer le fruit de leur labeur, les conditions de travail vont s’améliorer. L’égalité va prendre place dans la société. Ce sont des années heureuses avant la déconvenue. Les promesses ne sont pas au rendez-vous, les chantiers vont mal. Ce sont alors les premiers licenciements, les premières grèves, les longs mois d’arrêt des machines, les chèques promis. Il y a alors la colère, la fatigue, le sentiment d’abandon. Il faut penser à une autre histoire à écrire loin du chantier naval. Peut-être une page à tourner … Surtout, il y a cette fibre, cette poussière blanche qui ressemble à de la farine. Les ouvriers se moquent gentiment de leur collègue recouvert de blanc à la fin de la journée. Eux aussi, ils la respirent dans la coque des bateaux. L’amiante. Gravité cachée par les pouvoirs publics et les patrons. La surveillance est de mise. Tous les six mois, une radio à passer et les mauvaises nouvelles qui affluent. La maladie est déjà là. Leur corps meurtri par les années de labeur, leur tête meurtrie par ce sentiment d’injustice et désormais leurs poumons meurtris par l’amiante. Commence alors un nouveau combat pour défendre les amis partis trop vite, les amis qui souffrent. Avec sincérité et poésie, l’auteur retrace une chronique sociale. Un demi-siècle de la vie de ces hommes passionnés dont les enjeux économiques et politiques ont poussé à combattre. Une plongée dans le milieu des chantiers navals et de l’espérance et de la passion des hommes qui y travaillaient. Une histoire passionnante et enrichissante.
gromit33
• Il y a 8 mois
Lors d'une rencontre Vleel, j'ai découvert une maison d'édition et je découvre plusieurs titres de cette maison. De belles couvertures et de beaux titres. Ce texte de Christian Astolfi nous parle avec beaucoup de délicatesse, nuances, du monde ouvrier et de son évolution récente, la désindustrialisation. Cette désindustrialisation qui touche des villes mais aussi des êtres, des familles, des corps. Nous allons découvrir le monde particulier des travailleurs des chantiers navals et en particulier ceux de Seyne-sur-Mer. Narval travaille aux Chantiers navals de La Seyne-sur-Mer. Ce temps restera celui de sa jeunesse et de la construction de son identité ouvrière. Quand se répand le bruit de la fermeture des Chantiers pour des raisons économiques, ses camarades et lui entrent en lutte, sans cesser de pratiquer leur métier avec la même application, tandis que l'amiante empoisonne lentement leur corps. Ce texte est si vrai de réalisme, l'auteur a travaillé sur les chantiers navals, que nous sommes dans certaines pages, quasiment dans les cales des navires que les différents corps de métier rafistolent. L'auteur décrit très bien ces différents métiers, les rapports entre chacun. Il nous parle aussi d'une époque, des années 70 à aujourd'hui, avec les évolutions de la société, de l'industrie. Des pages très émouvantes de la victoire de mai 1981, et des espoirs vite perdus de cette victoire historique. Mais il aborde aussi le scandale de l'amiante et de cette "dame blanche" qui a empoissonné des milliers de travailleurs et la façon dont les autorités ont géré et gèrent ce scandale. C'est aussi un texte proche de ses personnages, que ce soit Narval et son rapport à son père, à sa fiancée ou les compagnons de travail et de route. Un sujet dur mais une plume qui nous fait découvrir le monde ouvrier, sa solidarité, son abandon des politiques, des syndicats. Un texte qui rend hommage au monde ouvrier, aux petites gens, aux invisibles. Un auteur dont je vais lire les autres textes et une maison d'édition dont je vais suivre la ligne éditoriale.
Julitlesmots
• Il y a 8 mois
Christian Astolfi nous propose un récit intime et profondément ancré dans l'histoire collective. À travers le regard du narrateur qui grandit dans les quartiers populaires De Marseille, le roman brosse un portrait saisissant de la France des années 70 et 80, une époque marquée par de profonds bouleversements sociaux et politiques. Entre luttes ouvrières, désillusions politiques et mutations économiques, ce livre capte avec justesse le passage d'un monde à un autre. Le mérite de ce roman est d'inscrire son récit dans une période charnière de l'Histoire française. Les années 70 sont celles des grands espoirs portés par la classe ouvrière, où l'idée d'une société plus juste semble encore possible. Mais les années 80 marquent un tournant et l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avec François Mitterrand suscite d'immenses attentes… Vite déçues. La désindustrialisation s'accélère, le chômage explose, et les collectifs concernés se fissurent face à une société de plus en plus individualiste. Christian Astolfi retranscrit parfaitement cette bascule, où les ouvriers et militants d'hier voient leur monde s'effondrer sous leurs yeux. Ce regard lucide, parfois amer, donne au récit une force mélancolique puissante, sans pour autant tomber dans la nostalgie. La voix de Guillaume Orsat donne une densité et une réalité palpable. On s'immerge dans le récit, on vit les désillusions, les peurs… Narval nous fait découvrir la vie des ouvriers, des quartiers populaires, où se mêlent solidarités, luttes politiques et aspirations à une vie meilleure. Le roman ne se contente pas de raconter la trajectoire de Narval, il capte la mutation de la société française. Les mouvements ouvriers, autrefois puissants, perdent de leur influence, l'immigration, déjà présente, devient un enjeu politique majeur. le racisme et les tensions identitaires montent en puissance, annonçant les fractures à venir. L'auteur décrit également avec finesse l'évolution du discours politique : du militantisme ouvrier des années 70 à la montée du cynisme des années 80, où les promesses politiques ne sont plus suivies d'effets. Cette lucidité donne au récit une portée qui dépasse le simple cadre du roman historique. La reconstitution des luttes syndicales, mais aussi des détails du quotidien est incroyable et demeure très actuel notamment sur l'évolution du monde ouvrier et les désillusions politiques. Guillaume Orsat retranscrit avec brio l'amertume et la mélancolie du récit face aux bouleversements subits Tout en explorant le passé, l'auteur part à l'origine des maux de notre époque. Une lecture marquante pour quiconque s'intéresse à l'histoire sociale et aux évolutions de la France contemporaine. Un roman social profondément humain, qui plonge au coeur des années 70-80 pour raconter la fin d'une époque et le début d'une autre. À travers une écriture sobre et sensible et une narration maîtrisée, Christian Astolfi livre une réflexion touchante sur la désillusion politique et la transformation d'une société en perte de repères.
Doc29
• Il y a 8 mois
Solidarité L'histoire : Sur les chantiers navals de la Seyne-sur-Mer, les ouvriers donnent du cœur à l'ouvrage. Narval, le narrateur, Cochise, Barbe, Manger et Filoche s'y vouent corps et âme. Mais, peu à peu, "leurs" Chantiers, victimes de la concurrence étrangère, licencient avant de fermer définitivement leur grande porte. Pendant cette agonie, de nombreux ouvriers vont déclarer des maladies mortelles dues à l'exposition à l'amiante. Commence alors pour les anciens non seulement un combat pour une reconversion professionnelle, mais aussi contre les anciens employeurs qui ont laissé faire, en connaissance de cause. Mon avis : ce roman tient à la fois d'un Zola des XXe-XXIe siècles (la Machine m'évoque clairement la Bête Humaine). Les descriptions rappellent par ailleurs des images des Temps modernes de Charlie Chaplin et l'aliénation de l'Homme par la machine. Ces références suffisent à faire du roman une œuvre superbe, pleine d'humanité et à l'écriture très soignée. J'ai beaucoup beaucoup aimé.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782266328760
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- Collection ou Série
- Littérature contemporaine
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 192
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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7,70 € Poche 192 pages