Dictionnaire amoureux de la littérature américaine : Le livre de Bruno Corty, Alain Bouldouyre

Bruno Corty, critique au Figaro littéraire, a réussi son pari dans ce dictionnaire amoureux de la littérature américaine, que l'on dégustera à petites doses et qui nous ouvrira plein de pistes de lecture. L'exercice est bien sûr contestable, car l'auteur a du faire des choix, sacrifiant certains auteurs au profit d'autres. Pour ma part, j'ai regretté quelques absences : Hawthorne, Fenimore Cooper, Mark Twain, Henry James, Nabokov, Henry Miller, Chandler, Harper Lee, Styron... Mais c'est le propre de cette magnifique collection, que de faire appel à la subjectivité manifeste de ses auteurs, pour permettre au lecteur de rencontrer un auteur et pas un spécialiste. Il faut dire que Bruno Corty a un faible pour les bad boys, qui sont peut-être un peu surreprésentés. Au fil de ces 600 pages, on finit pas ne plus compter les repris de justice qui ont découvert l'écriture en prison et les drogués de tout poil. J'en tire deux enseignements sur les vertus salvatrices de l'écriture et sur le fait que, l'auteur en est l'exemple, on peut aimer les USA en étant très conscient de l'envers du rêve américain et de maux de l'Amérique.

Un super bouquin qui va me donner pas mal d'idées de lectures. Les choix de Bruno Corty sont excellents et très peu d'écrivains américains majeurs des 100 dernières années sont absents. On regrettera seulement l'absence de John Updike et de Barbara Kingsolver( pas surprenant sachant que son meilleur roman est sorti en 2023 et traduit en français en 2024) mais comme les dictionnaires de Plon sont par principe subjectifs je ne vais pas me plaindre et plutôt me plonger dans les auteurs que je connaissais pas.

Je pensais bien connaître la littérature américaine. Alors certes j'ai lu nombre de romans de James Ellroy, Dennis Lehane, ou John Steinbeck, je suis fan des éditions Gallmeister (et de Craig Johnson !), je connais l'école du Montana, le nature writing, j'ai été une année au festival America de Vincennes, j'ai (vraiment !) détesté le seul livre lu de Bret Easton Ellis (American Psycho) et Donna Tartt (Le chardonneret). Est-ce que cela fait de moi un fin connaisseur du domaine ? Pas forcément car je me suis aussi rendu compte, à la lecture de ce "Dictionnaire amoureux de la lecture américaine", que j'ai de vraies lacunes, beaucoup d'auteurs encore à découvrir (j'ai relevé les noms de Roy Parvin ou Stephen McCauley). De façon plus générale, j'aime beaucoup le format de ces dictionnaires amoureux, ces entrées de quelques pages qui permettent une lecture au rythme souhaité, en variant thèmes et genres. De beaux objets assurément !

Amateur de littérature américaine, on m’a offert avec beaucoup de flair ce dictionnaire de parution récente. J’ai été captivé par cette lecture qui, parfois me rappelais de bons souvenirs, souvent titillait ma curiosité, parfois induisait des envies soudaines. À quelques occasions, une divergence profonde d’appréciation m’a fait râler, un autre genre de plaisir, d’autant plus que, si nous aimions toujours les mêmes choses, la vie serait ennuyeuse… Reste que j’en suis sorti avec soixante-seize titres ajoutés à ma wish-list, qui était déjà passablement garnie. Il y a un peu plus de cent soixante entrées dans ce livre, principalement sur des auteurs, mais aussi quelques-unes concernant des thèmes comme le nouveau journalisme, le Montana, etc. L’auteur précise qu’il s’adresse qu’à la période 1988 à 2024, ce qui couvre déjà un large champ. La formule des dictionnaires amoureux comporte en soi des limitations avec lesquelles le lecteur doit composer, la première, et sans doute la plus importante, est que des choix s’imposent et que, forcément, certains auteurs ou thèmes n’y figurent pas#8201;; par exemple aucune entrée n’est consacrée à Joyce Carol Oates, bien que, dans ses commentaires sur d’autres auteurs, Corty y fasse allusion de belle façon. J’ai trouvé qu’à quelques occasions l’auteur divulgâchait un peu, mais, comme je ne lirai pas dans l’immédiat les titres que j’ai notés, et que, de toute façon ces multiples références tourbillonnent dans ma tête et s’y mêlent inévitablement, il n’y a rien de bien grave ici. En somme je crois que cet ouvrage vaut vraiment la peine pour tout lecteur qui s’intéresse à cette période de la littérature américaine. Pour ma part j’y ai trouvé une mine de renseignements en plus d’avoir le sentiment de partager une passion.