On dirait des hommes : Le livre de Fabrice Tassel

Je reste un peu partagé sur ce livre. Je l'ai lu comme un "page turner" et pourtant je suis resté sur ma fin. Peut-être parce que l'on devine dès le début qu'il y a anguille sous roche... Le récit contient de longues narrations, ce qui fait qu'il manque de vivant. C'est un roman dans l'air "me too" mais ce n'est pas un policier. C'est plutôt roman sur la difficulté à juger, surtout quand le mensonge s'en mêle et qu'il faut démêler le vrai du faux. Un enfant de 10 ans, Gabriel, meurt noyé et la juge d'instruction Dominique Bontet va tenter de comprendre. Mais le récit s'attarde beaucoup trop sur les parents, ce qui devient parfois ennuyeux alors que dans le même temps, on meurt d'envie de savoir ce qui s'est passé et si notre intuition est la bonne...

Dominique Bontet, juge d’instruction opiniâtre, aux prises avec une affaire de violences conjugales, s’apprête à clore un ancien dossier… Pourtant quelque chose d’indéfinissable la retient, l’idée de donner une vraie réponse, de rendre justice à ce petit garçon décédé un an auparavant, et à sa famille, au-delà de la conclusion évidente… Gabriel Sénéchal court sur le quai, accompagné par son père, Thomas, alors qu’une tempête fait rage. Mais un anneau d’amarrage se trouve sur sa route. Il tombe alors à l’eau, et se noie, emporté par les vagues déchaînées, sous le regard impuissant de Thomas, qui plonge pourtant, pour tenter de le sauver… Depuis lors, le couple formé par Thomas, et la maman de Gabi, Anna, bat de l’aile, frappé par le drame. Et l’intervention de Dominique, destinée à tourner définitivement la page, va rouvrir des blessures, poser de nouvelles questions… C’est tout autant une enquête qu’un roman noir, social que nous livre ici Fabrice Tassel. Il décortique à merveille les relations hommes-femmes, la réaction face à un drame, la toxicité, l’emprise, la violence. Il analyse aussi les comportements de chacun de ses personnages, à la psychologie finement travaillée, nous montrant la force et le courage des unes, face à la pusillanimité et à la propension au mensonge des autres. La construction en deux temps permet à ce roman à l’intrigue plutôt lente de maintenir notre attention… Et ce rythme peu intense nous amène à réfléchir à tous ces thèmes développés ou implicites, nous amène peu à peu, à nous demander qui sont réellement les personnages, jusqu’à la révélation finale, qui vient nous apporter le coup de grâce… Un roman tout en finesse donc, souvent émouvant, toujours interrogateur…

Thomas et Anna Sénéchal ont vécu l’innommable. Ils ont perdu leur enfant Gabriel de 10 ans. C’était un accident. Iris ne supporte plus ce qu’elle subit, elle a peur pour ses enfants. Elle trouve le courage d’en parler, de dénoncer. Dominique Bontet, juge, est chargée de clôturer le dossier de la famille Sénéchal. Mais avant cela elle doit vérifier que toute la vérité ait été dites. En parallèle, Iris dépose plainte pour violences conjugales et Dominique Bontet sera en charge du dossier. C’est un roman très bien construit. En deux temporalités, nous suivons le couple d’Anna et Thomas avant l’accident, avant la naissance de Gabi et leur vie après. On comprend que c’est un couple qui ne communique pas leurs pensées profondes. Thomas est frustré de sa vie professionnelle et personnelle. Il se cache derrière le mensonge, sa seule source de liberté selon lui. Anna se sent coincée, dévouée aux hommes de la maison. Elle doit tout faire. J’ai aimé les personnages dont la psychologie est très travaillée.

Anna, Thomas et Gabi, leur fils âgé de 10 ans, viennent d'emménager en Bretagne après avoir quitté Paris. Anna est infirmière, c'est une battante, Thomas lui est un homme fragile qui éprouve des difficultés à endosser son rôle de père. Mal dans sa peau, dans sa vie, il a du mal à trouver sa voie. Il fait aussi fréquemment de petits arrangements avec la vérité. Un drame va se produire au sein de cette famille : alors qu'il se promenait avec son père, Gabi tombe à l'eau et se noie Paradoxalement, Thomas est un excellent nageur. Que s'est-il vraiment passé? Est-ce vraiment un banal accident? Dans le récit, on va croiser plusieurs couples : la juge d'instruction Dominique Bontet et Antoine, son mari, Anna et Thomas, les parents de Gabi, mais aussi Iris et Patrice sur lesquel la juge enquête car il règne des soupçons de violences conjugales au sein de leur famille. L'auteur explore les rapports hommes-femmes, la place de l'enfant dans le couple et ce que cela implique de devenir parent. Il règne dans cette histoire à la fois tragique et banale une atmosphère triste, une violence ordinaire qui fait de ce récit un véritable roman noir psychologique. Ce qui s'est passé se précise peu à peu, et la vérité voit le jour sous l'impulsion de la juge qui creuse et ne se résout pas à clore l'affaire. Il ne faut cependant pas s'attendre à de grands révélations où à des retournements de situation. Je me suis parfois un peu perdue avec les fréquents va-et-viens passé-présent et j'avoue être restée un peu sur ma faim. Une lecture pas désagréable mais en demi-teinte en ce qui me concerne.