Du côté de chez Swann : Le livre de Marcel Proust
Inimaginable pour ses contemporains, entre les murs de liège de son appartement du boulevard Haussmann, un dandy maladif, dont personne ne soupçonnait le génie, crée un monument romanesque qui allait dominer la littérature française. Explorant les méandres infinis de la mémoire, à partir de précieuses sensations retrouvées, il ressuscite une société défunte à travers le prisme de l'intelligence, du comique et de la poésie. Aujourd'hui, Swann, Combray, Balbec, Guermantes, Bergotte ou le terrible Charlus sont devenus les figures tutélaires d'une religion universelle. Conscient de la puissance de son œuvre, Marcel Proust prolonge celle de Balzac et réinvente les Mille et Une nuits de l'Occident.
Lire
La Recherche du temps perdu, c'est vivre d'une seconde vie, c'est entrer dans une féérie où le temps et l'espace se confondent et renouvellent le miracle d'un éternel présent.
Cet ouvrage rassemble :
Combray,
Un amour de Swann,
Nom de pays : le nom
De (auteur) : Marcel Proust
Expérience de lecture
Avis Babelio
Polvy898
• Il y a 1 mois
Je viens de terminer la lecture de la recherche, que je considère pour ma part comme un roman unique divisé en plusieurs tomes, et je choisis celui-ci pour publier mon ressenti (sans spoil). Ayant moi-même un penchant pour la mélancolie et l’introspection j’ai trouvé cette lecture exigeante, mais alors si vous êtes friand d’action de tension et de suspens, ça va être chaud : des interminables phrases tarabiscotées à structure inversée, avec des parenthèses, puis des parenthèses dans les parenthèses, et qu’il faut régulièrement relire plusieurs fois (minimum une page, cadeau). Un rythme lent et introspectif, de longues digressions sur la musique, la peinture, la couleur du ciel, l’étymologie du nom de tel village ou encore tel autre nom de fleur en latin (j’ai lu des passages en diagonale je le confesse), et une absence quasi totale d’énergie ou de tension. Donc est-ce que ça vaut le coup d’y consacrer une lecture de plusieurs mois ? Et bien c’est un immense oui, absolument. Tout d’abord le style, certes intransigeant, mais le plus beau que j’ai pu lire jusqu’à ce jour. A la fois fluide et complexe, riche, à la limite du musical. Ensuite le fond de l’œuvre est d’une justesse et d’une précision incroyables, avec des fulgurances qui nous font volontiers pardonner certaines longueurs. En fait le narrateur (l’alter ego de Proust lui-même) nous « chope par le colbac » pour nous entrainer dans un vortex introspectif de 3000 pages où nous le suivons depuis son enfance jusqu’au crépuscule de sa vie, en passant par les étapes classiques d’une existence humaine : angoisses enfantines, naissance du désir, premier amour, chagrin et deuil, rencontres diverses etc. Proust se penche dans cet ouvrage sur des thèmes comme l’amour le désir et la sexualité, qui sont des éléments très présents, mais aussi la mort le deuil et l’oubli, et bien sur la mélancolie, la nostalgie du temps passé et perdu. Il nous livre des analyses psychologiques sur la mécanique des différents comportements humains (absolument brillantes) sans jamais prendre parti : le narrateur constate il ne juge pas, même les actes absolument inacceptables de certains personnages. Ces derniers sont traités justement, froidement, dans leurs bons comme dans leurs mauvais côtés, et bien qu’archétypaux ils ne sombrent jamais dans la caricature. Au-delà de l’aspect métaphysique, il y a celui historique. Proust nous dépeint le crépuscule d’une époque, avec la lente disparition de la France des salons et celle liée d’une aristocratie en bout de course, perdant au fil des décennies que couvre l’œuvre puissance et légitimité au profit de la bourgeoisie. Le « grand monde » que décrit sans complaisance l’auteur nous apparait mesquin et sans intérêt, petit, partagé entre une noblesse grotesque agonisante et une bourgeoisie arriviste et socialement intelligente. Une œuvre unique et colossale à lire absolument, malgré son exigence.
tomasawyer
• Il y a 1 mois
Jusqu'aux deux tiers du livre, (P2 Un amour de Swann) j'ai regretté qu'un mec aussi doué pour comprendre l'âme humaine gâche son temps à raconter une histoire d'amour aussi merdique mais force est de constater qu'on finit par trouver de soi en chacun des personnages bien qu'ils soient pour la plupart d'horribles bourgeois snobs, têtes à claques. Après tout, vouloir paraitre ce qu'on n'est pas ou projeter sur les autres ses propres désirs n'est pas réservé à une classe sociale. La dernière partie du bouquin (P3 Noms de pays : le nom) est juste lumineuse. Aussi touchante et poétique que la première (P1 Combray), mais le style est bien plus fluide, les phrases moins surchargées et l'humeur plus joyeuse. Bref, le plaisir de lecture va crescendo. Je sais pas si je conseillerai, un jour, ce livre à quelqu'un. C'est intelligent, poétique, et touchant mais par moments très plaintif et assez surchargé dans le style.
MaggyM
• Il y a 2 mois
J’ai enfin démarré la lecture de Proust, ou plutôt j’ai écouté Proust. Et je dois bien avouer que ce fût loooong. J’avais pourtant ressenti un réel enthousiasme avec la première partie de ce premier tome. La langue était belle, les images d’enfance étaient agréables, la langueur de l’écriture contemplative de l’auteur me ravissait. Je voyais Combray, je ressentais les fleurs du jardin, j’admirais la campagne bretonne, j’étais bien. Je comprenais enfin ce qui suscitait l’attachement de certains lecteurs qui ne jurent que par Le temps perdu et regrettais les croyances qui m’avaient empêchée de plonger dans cette œuvre monumentale plus tôt. Et puis… Et puis je ne suis pas tombée en amour avec Swan, j’ai commencé à me désintéresser franchement de son sort, je me disais que je le laisserais bien se débrouiller tout seul avec son Odette. La langue était toujours belle, les images ont commencé par m’indifférer et la contemplation a fini de m’ennuyer. J’ai soupiré, j’ai râlé, mais je me suis accrochée et j’ai terminé ce premier tome. La dernière partie m’a un peu réconciliée avec l’auteur, me laissant entrevoir que la flamme du début n’était pas totalement éteinte, que la braise couvait et qu’il n’était pas impossible que ça reparte en 2e saison. Je verrai, mais pas tout de suite…
Gentileschi
• Il y a 2 mois
Premier volume du grand roman de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, du côté de chez Swann est divisé en trois parties : dans « Combray », le narrateur se rappelle son enfance bourgeoise vécue entre Paris et Combray, la ville (imaginaire) dans laquelle sa famille passait la belle saison ; « Un amour de Swann » raconte la passion malheureuse de Swann, un ami des parents du narrateur, riche héritier d'une famille d'agents de change juifs, pour la demi-mondaine Odette de Crécy ; enfin la dernière partie, « Noms de pays : le nom », plus courte que les deux premières et tronquée de telle sorte que la majeure partie de son contenu fut transféré dans le volume suivant de la Recherche, semble moins cohérente que les deux premières, évoquant pêle-mêle l'attirance du narrateur enfant pour certaines villes (Balbec, Venise et Florence en particulier), mais aussi les prémisses de son amour pour Gilberte Swann, et enfin ses souvenirs du Bois de Boulogne à l'époque où Odette s'y rendait chaque jour pour se faire admirer des promeneurs. J'ai trouvé que du côté de chez Swann était une lecture exigeante, difficile (Hélène Cixous dirait que c'est le cas de tous les grands textes). La syntaxe de Proust étant notoirement complexe, comprendre, puis apprécier dans un second temps, sa prose, requiert une attention et une concentration sans faille. le lecteur est-il récompensé de ses efforts ? Tout bien considéré, je dirais que oui. Mais pour expliquer pourquoi, je dois rentrer plus avant dans l'analyse de l'oeuvre. On perçoit bien que du côté de chez Swann n'est que la première partie d'une oeuvre beaucoup plus vaste, dont on peine cependant à imaginer à quoi elle va ressembler (quoique les notes proposées par Antoine Compagnon dans son édition divulgachent copieusement l'intrigue). C'est d'ailleurs un des charmes indéniables de ce roman, d'être imprévisible et de donner au lecteur l'impression déconcertante de ne pas savoir où il a mis les pieds. « Combray » progresse par un enchaînement apparemment arbitraire de souvenirs apparemment insignifiants. L'intrigue est mise en place à travers le développement par petites touches d'un certain nombre de personnages, mais il est difficile de dire lesquels de ces personnages prendront de l'importance par la suite ; au sein de ce volume, le narrateur égrène des détails à leur sujet de manière discontinue, de telle sorte qu'un élément qui a pu sembler insignifiant va parfois prendre de l'importance cent ou deux cents pages plus loin. Cette forme de narration est assez fascinante à cause de l'agencement peu hiérarchisé des intrigues, des impressions qu'elle articule les unes aux autres ; elle m'a parfois rappelé ce principe de base de la peinture cubiste, qui consiste à représenter un objet en juxtaposant les visions qu'on en a selon différentes perspectives. Ce principe d'ordonnancement ambigu se retrouve au niveau de la temporalité du récit et de l'articulation logique des différentes parties du roman entre elles. La partie centrale, « Un amour de Swann », relate une histoire (la naissance et la mort d'un amour) censée, selon l'économie générale du récit, se situer avant la naissance du narrateur puisque celui-ci tombe amoureux pendant son enfance de Gilberte Swann, le fruit des amours d'Odette et de Swann, qui est du même âge que lui. Or ce récit fait amplement référence à des évènements, politiques ou liés à la vie artistique parisienne qui peuvent être datés avec précision et indiquent que l'histoire se déroule entre le début des années 1870 et la moitié des années 1880, donc bien après la naissance du narrateur. D'autre part il n'est pas fait mention du mariage des personnages, ni de la naissance de leur fille Gilberte. Il y a donc un traitement particulier, très libre, de la cohérence temporelle (tout au plus peut-on dire qu'« Un amour de Swann » se déroule sous la Troisième République, et déterminer les terminus a quo et ad quem de l'histoire à partir des allusions à certaines dates), et de la cohérence narrative (c'est le même narrateur qui raconte ses souvenirs d'enfance et l'histoire de Swann et d'Odette, en focalisation zéro : or comment peut-il avoir accès à leur intériorité?). Cette particularité de l'oeuvre est à mon sens un de ses aspects les plus fascinants, car elle suggère que la réalité n'est pas faite tout d'une pièce, que plusieurs versions a priori incompatibles peuvent en fait coexister. Ainsi, selon toute apparence, l'amour passionnel de Swann pour Odette mène à un mariage et à la naissance d'une fille et se termine par cette phrase poignante, passée à la postérité : « Dire que j'ai gâché des années de ma vie, que j'ai voulu mourir, que j'ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre ! » Outre la mise en place de l'intrigue, un deuxième enjeu du roman est celui qui touche plus directement à la recherche qui lui donne son titre, c'est-à-dire l'écriture des souvenirs du narrateur, son effort pour réaliser une synthèse de son expérience vécue. Proust déploie une véritable magie pour mettre le doigt sur des réalités que l'on reconnaît mais auxquelles on se rend compte en même temps en le lisant n'avoir jamais réellement pensé, dont on n'avait encore jamais élucidé la charge affective. Les exemples qui me viennent à l'esprit sont ceux où il décrit des phénomènes météorologiques, comme le début d'une averse, ou le jeu des rayons du soleil et des ombres un jour où le ciel hésite entre être nuageux ou découvert. Cet aspect de l'oeuvre est peut-être aussi celui qui m'a semblé le plus tranchant, c'est-à-dire que je me suis sentie alternativement exaspérée par certains passages qui me semblaient gratuits, et débordée par l'émotion, ayant l'impression de toucher à l'idéal du beau en littérature à d'autres moments, parce que sa manière de parler d'une lumière, d'un arbre, d'une saison, posait enfin les mots sur telle partie minuscule et pourtant gigantesque de l'existence. Il faudrait évoquer aussi tout le pan du roman qui s'apparente à de la critique d'art, à travers lequel Proust affirme des goûts et des partis pris pour certains courants artistiques ainsi que pour certaines époques : l'architecture et la statuaire gothiques, la peinture italienne de la Renaissance, la musique de Wagner, notamment. On sent qu'il s'agit d'écrire sur ce qui semble relever de l'ineffable, en particulier dans les passages sur la sonate de Vinteuil qui décrivent les effets que produit sur Swann la « petite phrase » de l'andante. Il faudrait parler en détail de la merveilleuse acuité psychologique à l'oeuvre dans « Un amour de Swann », où une relation amoureuse sans issue est disséquée dans ses moindres replis, où les ressorts des amours malheureux sont mis à jour de manière à la fois implacable et distanciée (le narrateur n'est pas juge des personnages, il ne prend pas parti mais observe et analyse avec précision leurs sentiments et leurs actes). Ce que Proust nous révèle je crois, c'est qu'il fallait qu'Odette ne plaise pas à Swann pour qu'il puisse s'engager dans une passion aussi destructrice. Leur incompatibilité n'est pas un paradoxe par rapport à la passion dévorante et malheureuse de Swann, elle est la condition même de ce type de passion. Il faut aussi dire un mot sur l'aspect mondain du Côté de chez Swann. On ne mentionne pas assez les dialogues d'une incroyable drôlerie, qui tendent à être éclipsés par les côtés plus célèbres de l'oeuvre. Il y a une veine satirique évidente, hilarante, qui tire à boulet rouge sur la cuistrerie (voir tous les passages sur le salon des Verdurin), et qui rit doucement de toutes les petites absurdités sociales auxquelles les uns et les autres se livrent en raison de croyances secrètes et d'orgueils bizarrement situés. À mon avis le roman fait oeuvre de démystification en introduisant ses lecteurs dans l'univers fermé de la haute société, pour en faire entendre la langue et en montrer les ridicules (il faut absolument lire les dialogues savoureux de la princesse des Laumes à la soirée de Mme de Sainte-Euverte). Bref, c'est un texte d'une richesse incroyable, qui ouvre sur des champs de réflexion extrêmement variés (on a envie de s'interroger aussi sur sa réception : qu'est-ce qui fait que la « petite madeleine » ou la sonate de Vinteuil ont autant retenu l'attention des lecteurs?), et qui donne du plaisir, pas seulement de manière analytique, mais par ses qualités esthétiques et sensibles qui parlent au coeur.
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Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782823868524
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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