La Prisonnière : Le livre de Marcel Proust

Poche

Pocket

0 personnes ont réagi

5 e tome du cycle À la recherche du temps perdu qui se concentre sur la jalousie du narrateur et sa relation possessive avec Albertine.

Alors qu'il songe à la quitter, le Narrateur retient Albertine en secret dans son appartement parisien.
Il ne l'aime plus, mais sa jalousie lui survit. Dans un climat étouffant et l'obsession de s'approprier sa vie, il la fait espionner, la surveille comme un avare son trésor et la torture de soupçons.
Se rend-il compte du vampirisme moral qu'il exerce sur elle, du supplice qu'il s'inflige à lui-même, au cours de cet affrontement épuisant entre la victime et son bourreau, entre la captive et son geôlier ?
Cette névrose, cette hantise de possession mentale et spirituelle sans issue, c'est l'amour selon Proust.

LES GRANDS TEXTES DU XXe SIÈCLE

De (auteur) : Marcel Proust

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

mesjolyslectures

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Tome 5/7 de la lecture de l’œuvre À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, un grand challenge tellement cela me sort de ma zone de confort par son style inimitable. Je ne lis plus d'une traite ces écrits sinon je décroche rapidement. Un tome tourné sur Albertine qui vit maintenant avec lui et sur la jalousie de Marcel. L’ambiance est étouffante. Extraits : “ La jalousie n’est souvent qu’un inquiet besoin de tyrannie appliqué aux choses de l’amour. “ “ Il est curieux qu’un premier amour, si, par la fragilité qu’il laisse à notre cœur, il fraye la voie aux amours suivants, ne nous donne pas du moins, par l’identité même des symptômes et des souffrances, le moyen de les guérir.” “ Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre,de cent autres.”

Signaler

Jusol

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 semaines

Voilà Albertine. Négligée dans nos précédentes critiques, il n’y a désormais qu’elle. Elle et le narrateur, enfermés dans une situation inextricable où les deux seront perdants. Cette relation, entamée dès le deuxième tome trouve ici son point culminant. S’y rejoue en huis-clos « Un amour de Swann », cet amour uniquement basé sur l’imagination qui le dicte, qui se construit contre le réel, qui ne peut mener qu’au malheur. L’amour proustien est triste parce qu’il est imagination, c’est-à-dire frustration. Le narrateur aime Albertine quand elle est absente et que son imagination lui peint les plaisirs pris loin de lui. Présente, Albertine est laide, c’est une gêne, un obstacle à Venise, un obstacle aux plaisirs qu’il pourrait prendre avec d’autres. Jamais peut-être n’avait été peint avec tant de précision et de vérité ce sentiment paradoxal d’aimer un être pour ce qu’il n’est pas. Dès lors, on y retrouve les angoisses propres au désir et à la conscience sartrienne caractérisée par sa capacité de néantisation. Ce désir, toujours affamé, nous présentant l’absence comme l’unique bien qui pourrait nous combler et laisser place à l’ennui quand il est contenté. Le désir du narrateur est une manière d’échapper à son propre néant. Ce fut Gilberte, Madame de Guermantes et c’est désormais Albertine. Désirer Albertine, faire d’Albertine l’unique objet de son inquiétude, c’est pour le narrateur à la fois l’occasion de remplir son être mais également, par mauvaise foi, d’échapper à ses responsabilités, en l’occurrence se mettre au travail de son œuvre. Plus fondamentalement, et Sartre ne s’y est pas trompée en prenant La Prisonnière comme exemple du fonctionnement du désir amoureux, le narrateur se retrouve enfermé dans la contradiction d’un désir qui souhaite à la fois le libre engagement de l’autre envers lui, tout en souhaitant nier cette liberté. En faisant d’Albertine sa prisonnière, le narrateur dispose de son corps, elle est à la fois toute à lui et insuffisamment. Son malheur est que même quand son corps est là, Albertine peut être ailleurs. Albertine est trop et pas assez prisonnière. Sa liberté est signe de l’angoisse du vide qui constitue toute conscience, sa présence et son amour nuisent à la liberté du narrateur. Alors le soupçon est partout, dans l’absence comme dans la présence et le courage manque au narrateur pour mettre fin à cette insupportable situation. Les sublimes pages sur le sommeil d’Albertine en sont l’expression la plus parfaite. Quand Albertine dort, l’angoisse du narrateur s’éteint car enfin elle lui appartient entièrement. Son corps est là et son esprit n’est plus. En s’endormant près de lui, Albertine s’abandonne parfaitement et emplie le vide du narrateur qui peut « s’embarquer sur le sommeil d’Albertine ». Ils ne font qu’un. En miroir de cette histoire nous retrouvons également Charlus victime de Morel. Le fier baron est un enfant face à son amant. La scène de l’humiliation publique chez les Verdurin est d’une rare violence. Que de chemin parcouru avec ce personnage ! Là encore, les autres ne nous appartiennent jamais complètement. Toujours quelque chose nous échappe. La figure inquiétante du deuxième tome est désormais inoffensive, pathétique. Charlus n’est pas encore mort mais déjà le temps a fait son œuvre. La Prisonnière est l’incessante réécriture d’un seul et même schéma, celle d’une absence angoissante et d’une présence envahissante. Réécriture permettant à chaque occurrence de révéler, page après page, crise après crise, les structures d’un amour inauthentique. Nombreuses sont les œuvres construites autour de ce schème attraction-répulsion, peu en peignent avec autant de vérité les mécanismes cachés. Qu’on s’y ennuie ou qu’on s’en délecte, on ne peut que s’incliner devant l’intelligence du propos et le labeur accompli par un seul homme, par le courage qu’il faut pour s’engouffrer ainsi dans les méandres de notre psychologie. Chacun y trouvera sa part de vérité, mais avant le septième, dont la grandeur tient à sa place de clé de voute de l’œuvre, le cinquième tome est sans doute le plus marquant parce qu’il ne parle que de nous, de cette conscience universelle que rien n’apaise et que tout torture, de cette peur du vide qui nous projette vers l’autre, nous y fait voir une impossible bouée de sauvetage, de ce désir de possession, autant coupable pour le possédé que pour nous-mêmes.

Signaler

didile73

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Que dire après une lecture passionnée, délicieuse, enthousiasmante ! J'ai poursuivi ma lecture de La Recherche commencée à l'été 2021 dans l'édition de La Pléiade reçue en cadeau pour mon départ en retraite. Un volume chaque été. J'ai particulièrement apprécié la description du narrateur en train de regarder Albertine endormie, les passages sur Bercotte, sur les œuvres de Vinteuil, de nombreuses descriptions, les mensonges d'Albertine .... Je me suis aussi régalée à la lecture des notes et de quelques Esquisses. Pas sûre de tenir jusqu'à l'été prochain pour commencer Albertine disparue ! Quand j'aurai terminé je sais déjà que je ferai une deuxième lecture. À ceux qui hésitent à se lancer dans l'aventure allez-y ! Je ne remercierai jamais assez le professeur de philosophie qui lors d'un Ciné philo avait fait part de sa grande tristesse de quitter tous ces personnages et m'a fait me décider à commencer À la Recherche du temps perdu!

Signaler

Ngc

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Il s'agit d'un tome axé principalement sur la jalousie. Le narrateur fait venir Albertine à Paris et tente à tout prix de lui éviter toute tentation qui pourrait entraîner la perte pour le narrateur de sa dulcinée. Quelles tentations ? Le jeune homme pense qu'Albertine est une Gomorrhéenne, qu'elle aime les femmes. Il suppute alors des relations avec la sadique Mlle Vinteuil, avec son amie Andrée ; il surveille du coin de l'œil les regards d'Albertine envers la gente féminine ; il interroge cocher et personnes ayant aperçu la jeune fille. C'est de là que vient le titre de ce volume, la prisonnière, comme le confesse le narrateur, finalement tortionnaire de sa propre personne autant que de sa jeune amie. Mais cette prisonnière est déroutante, elle aime, elle pardonne. Elle est surtout docile, peu contrariante et ne cesse de répéter son bonheur de vivre à Paris avec lui. Bien sûr tout n'est pas rose et certaines colères, certains mensonges plus ou moins avérés ne cessent de semer le doute et la confusion dans l'esprit du narrateur. Alors il alterne périodes de besoin (on désire ce que l'on risque de perdre) et volonté d'abandon (il est plusieurs fois sur le fil... la quitter ou non ?). Mais il l'aime malgré tout, la regarde dormir avec passion et tendresse, regrette les plaisirs charnels lorsqu'elle boude. Hormis cela on a droit à de biens beaux moments de littérature sur la musique, sur les rêves, sur les marchands écumant les rues tôt le matin, sur les salons, sur d'autres écrivains (Stendhal, Dostoïevski, Tolstoï...). On retrouve toujours une succession de mots qui ne s'enchaînent jamais aussi bien que sous la plume de Marcel Proust. Bien entendu cela reste toujours aussi exigeant, cela requiert du temps et de la concentration mais le plaisir est toujours au rendez-vous. Personnellement je ne placerai pas ce tome comme l'un des meilleurs mais l'écart est mince entre de tels récits.

Signaler

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782266342834
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    544
  • Dimensions
    178 x 110 mm

L'auteur

Marcel Proust

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

7,70 € Poche 544 pages