Et, refleurir : Le livre de Kiyémis

Anodin rêve éveillée… Andoun espère être la fille différente que pressent son père, celle qui n’est pas faite pour les travaux des champs, pas faite pour être donnée au premier venu. Elle s’accroche à son rêve, mais se fait prendre aux lumières de Douala, où un beau militaire la séduit et l’abandonne. Éternelle histoire de la jeunesse naïve… Andoun se retrouve seule avec sa fille, au village, retour à la case départ. Puis c’est un mariage arrangé qui ne lui convient pas, la fuite, l’indépendance, le travail dans un institut de beauté ou sa peau claire fait merveille sur les clientes. Alors l’envie se fait plus pressante de partir rejoindre son frère en France, là où la vie est forcément plus belle et plus facile… Dans ce récit d’initiation, la verve de Kiyemis fait merveille, on se croirait au village, à Douala, puis dans la grisaille parisienne. J’ai lu avec facilité et attachement l’histoire d’Andoun, inspirée de celle de la grand mère de l’autrice. Un voyage instructif sur le parcours des migrants pleins d’espoir et leur destinée, assaisonné de ce qu’il faut d’épices et de poésie.

e roman en trois parties plonge le lecteur dans l’histoire d’Audoun, petite fille rebelle, pleine de rêves et d’espoir, née au Cameroun dans un petit village dans les années 50 et dont le père disait d’elle qu’elle était spéciale. Une histoire qui s’étend de son enfance à sa vieillesse, du Cameroun à Paris. L’histoire d’une femme combattante, à la volonté farouche de sortir de sa condition, qui sait dire non pour ne pas renoncer à ses rêves, et ce quoi qu’il lui en coûte, parce qu’elle rêve grand. « Non », Brandi comme un trophée, Victoires de celles qui sont allées Arracher ces trois lettres, Dans l’antre des matons » A chaque épreuve de sa vie, Audoun trouvera la capacité de refleurir et de rebondir. Une histoire où, le moins que l’on puisse dire, les hommes n’ont pas la part belle. L’auteur, par ailleurs poétesse, a choisi d’entrecouper le récit par de la poésie, qui donne encore plus de force à ce roman, qui aborde le poids de l’éducation et des coutumes, le déterminisme social, le patriarcat, l’exil, la transmission, le racisme, l’effacement et le silence. Un beau portrait de femme, inspiré par l’histoire de la grand mère de Kiyémis.

Ce roman est d'une beauté, fluide, belle plume, splendide réalisation. Le personnage est attachant tantôt Angoun, tantôt Coco, puis Anne Marie une vie bien remplie. De galère, d'embûches, telle une mère courage, elle a su avancer, garder le cap dans le but de construire pour sa fille une vie meilleure. Quelle belle preuve d'amour. Une vie de sacrifice. Revoir le jaune au bout du tunnel. Magnifique lisez lisez, j'ai adoré.

Livre qui m'a fait voyager sur le continent africain et rappelé des souvenirs d'enfance. L'histoire décrit le parcours souvent chaotique des migrants lors de leur intégration dans un nouveau pays mais également le poids des traditions qui peuvent être pesantes. Et j'ajouterai que la touche poétique rend l'histoire encore plus belle et touchante.