Frankenstein - Une oeuvre une voix : Le livre de Mary Shelley

Voici un classique du genre que je n’avais jamais lu, et que j’ai pu découvrir sur le tard dans une très belle édition illustrée chez Callidor! On a à peu près tout entendu sur Victor Frankenstein et son monstre, adaptés à de multiples reprises, c’est un peu les prémisse de la science fiction, écrit par une jeune femme d’à peine 20 ans… mais plonger dans le texte original a été une véritable surprise. Oui, le récit est descriptif et la plume soutenue (il date tout de même de 1818 !), mais l’histoire, elle, reste d’une modernité incontestable. J’ai été frappée par l’ambiance profondément sombre du récit : un désespoir permanent, glaçant, que les illustrations de cette édition rendent à merveille. Elles accentuent l’atmosphère tragique du récit rendent la lecture très immersive. Je m’attendais à rencontrer un vieux savant fou… et j’ai découvert un jeune chercheur ambitieux, rongé par sa quête de savoir, incapable d’assumer les conséquences de ses propres actes. « Frankenstein », c’est aussi une histoire qui démontre toute la noirceur de l’âme humaine : comment le rejet, la solitude et la cruauté peuvent transformer un être naïf, qui ne cherche qu’un peu d’affection, en une créature de violence et de haine. À ma grande surprise, j’ai ressenti énormément d’empathie pour ce « monstre », souvent bien plus humain que Victor lui-même, prisonnier d’un destin tragique. « Frankenstein » est une œuvre intemporelle : une réflexion sur les dérives de la science, la responsabilité du créateur, mais aussi un drame très humain, une critique du rejet de la différence, de l’incompréhension et de la peur de l’Autre. Une lecture dense, sombre, mais vraiment marquante — et sublimée par cette édition illustrée.

Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley est un grand roman par ce sujet mais aussi par son style - particulièrement bien en valeur par la traduction de cette édition. Le développement des personnages est bien complexe que ne laisse paraître les adaptations populaires autour de cette histoire prenante et sordide. La créature, être esseulée, provoque de la pitié tant son destin est injuste par sa nature et par son manque de libre-arbitre. Par deux fois, Frankenstein donne naissance à un monstre. D'abord lors de la construction de ce monstre, d'abord caractérisé par sa beauté dans la tranquillité de la mort avant de devenir laid, hideux, lorsque ses traits s'animent. Peut-être plus par horreur de l'indicible que par des traits disgracieux. La seconde naissance de la créature naît dans l'abandon de son créateur qui laisse ce nouveau-né se construire dans la solitude, le froid et la haine de lui-même. Monstre n'aspirant qu'à l'amour et la reconnaissance d'autrui, son destin est toujours dramatique, lui qui n'arrivera jamais à se faire une place dans la société des hommes. Malgré son esprit, par ailleurs, particulièrement affûté, un trait qu'on ne voit pas souvent dans les adaptations - sauf peut-être celle de Guillermo Del Toro que je n'ai pas encore vu. Parce que le mort-vivant est sagace sur son propre destin, sur la raison de ses méfaits et sur les manières d'y remédier. Comme son maître, nous pouvons décider de ne pas croire que la résolution est dans la reproduction de son malheur, que le monstre se trompe lui-même sur son essence en prétextant des solutions à son cruel destin sans pour autant savoir si celles-ci pourront le sauver. En bref, voilà un roman assez sensible sur ces questions philosophiques et avec une écriture agréable qui rend l'expérience assez complète. À notre époque, ce n'est plus un sujet révolutionnaire, c'est même peut-être une histoire assez banale mais qui, dans son contexte, brille encore d'une plus grande lueur.

Au fil de ma lecture, je suis passée par plusieurs phases : « c'est trop cool », « c'est lent », « je m'ennuie », « qu'est-ce qui se passe là ? », et « enfin c'est terminé ». J'étais très enthousiaste à l'idée d'enfin lire ce classique, et en soi, dans sa globalité, ce n'était pas une mauvaise lecture, simplement c'était très long. Peut-être que je m'attendais à un rythme plus soutenu, d'où ma déception...

Bon j'ai trouvé ça bien mais sans plus ; je trouve le personnage principal particulièrement pénible et la construction me paraît inutilement alambiquée, le format épistolaire n'étant à mon sens pas du tout adapté pour dérouler le propos. Après je trouve qu'on est pas mal poussés à la méprise par les adaptations cinématographiques, je pense qu'on n'a pas assez fait pour donner une figure épouvantable au monstre. Une notion qui n'est pas assez explorée et qui est pourtant centrale dans le roman est aussi celle des méfaits de la science, de la poursuite de la recherche qui est celle qui mène justement Frankenstein à la chute ; c'est assez imagé dans le roman car sa santé se détériore à chaque fois qu'il travaille sur la biologie. Après ce qui m'a dérangé c'est le manque de profondeur de la plupart des personnages et ce romantisme sous-jacent, très semblable à celui de Goethe que je trouve un peu mièvre.