Frankenstein - Une oeuvre une voix : Le livre de Mary Shelley

Frankenstein est de ces classiques que l’on croit connaître, mais que l’on a rarement lus. J’avais hâte de découvrir ce texte fondateur du fantastique et précurseur de la science-fiction, écrit en 1818 par une Mary Shelley d’à peine 21 ans. Victor Frankenstein, “Prométhée moderne”, est un jeune scientifique suisse dont l’ambition est de créer un être vivant à partir de chairs mortes et de restes humains, une nouvelle espèce. Il façonne un humanoïde qu’il abandonne aussitôt, terrifié par l’apparence monstrueuse de la créature. Et c’est dans cet abandon originel que se noue la véritable monstruosité : celle du rejet, de la solitude et de la vengeance. Shelley inverse la logique habituelle : le monstre n’est pas celui que l’on croit. Tandis que la créature se révèle sensible, capable d’apprendre, d’aimer et de s’émouvoir, son créateur, lui, s’avère pusillanime et sans coeur, se déchargeant de toute responsabilité d’avoir créé non pas avec amour, mais par orgueil. J’ignorais que le roman se déroulait en grande partie dans des paysages alpins qui me sont familiers et que Mary Shelley utilise comme support d’un imaginaire proprement romantique, où la nature sublime est le miroir du tumulte intérieur. Victor Frankenstein et sa créature se retrouvent au coeur d’un glacier de Chamonix, une immensité stérile qui devient le théâtre de l’opposition entre raison et démesure. Tandis que le monstre est rejeté de toutes parts, Victor s’isole dans sa quête destructrice. La solitude est autant la conséquence du savoir absolu que du refus de l’altérité. À travers sa structure en abîme et son atmosphère gothique, Frankenstein est bien plus qu’un roman horrifique : transgressif, c’est une réflexion sur la responsabilité qui incombe à la création. Le roman anticipe déjà les dérives de la science, de la manipulation du vivant et de la modernité sans éthique. Si le texte comporte des longueurs propres à son époque, le propos n’en est pas moins puissant. Car les questions que soulève Mary Shelley demeurent terriblement actuelles… Qu’advient-il de l’humanité quand l’invention échappe ou dépasse son créateur ? Une interrogation qui résonne étrangement, à l’heure de l’intelligence artificielle.

5/5 Quelle belle lecture, un véritable coup de cœur ! Lu à l’occasion d’Halloween, j’ai été totalement captivée par la plume, le style, et l’imagination novatrice de Mary Shelley. L’histoire à la fois tragique et profondément humaine, m’a boulversée. Ce que j’ai trouvé particulièrement fort, c’est la pitié que l’on peut ressentir tour à tour pour Victor Frankenstein et pour la créature, en dépit de ses crimes. Le roman nous pousse dans nos retranchements : jusqu’où va notre capacité d’empathie ? Peut-on comprendre un être qui c’est vrai, a tant souffert, a été rejeté de tous, mais qui a tout de même commis l’irréparable ? Ce sont des questions dont j’ignore les réponses. Quoiqu’il en soit, Shelley nous montre avec une puissance rare que la vengeance détruit autant celui qui la subit que celui qui la nourrit. Frankenstein n’est pas seulement un chef-d’œuvre du fantastique : c’est une œuvre d’utilité publique, qui nous fait réfléchir à ce que signifie être humain.

J'ai adoré ma lecture, il n'y a pas un moment où l'ennuie est présente, il y a toujours de l'action, du mystère et autre… J'ai énormément aimé chaque personnage, même la créature, ahah. Le créateur et la créature me faisait autant de peine, parce qu'en fin de compte, ils voulaient tous les deux la même chose, mais ils ont préféré régler la chose autrement au risque que cela se passe mal (ou pas#128521;) Bref, si vous voulez un livre qui mêle science et quête de l'identité, foncez, il n'y a pas meilleur livre.

J’ai eu la chance il y a quelques années de voir l’exposition consacrée à la création de ce roman et à la vie de l’autrice à la Fondation Bodmer et depuis, j’ai toujours eu envie de me lancer dans la lecture de ce classique. L’occasion s’est enfin présentée grâce à cette merveilleuse édition de Monsieur Toussaint Lourverture et je ne suis pas du tout déçue de ma lecture seulement de l’avoir terminée avant le jour d’Halloween. Je trouve cette histoire propice à cette époque de l’année, pas vous ? Bref, j’ai adoré le récit. J’ai aussi adoré le personnage du monstre que j’ai trouvé interessant. Bien qu’il ait fait des choses horribles, j’ai éprouvé beaucoup de pitié et de compassion pour lui. En tout cas, au tout début. Le plus étrange, c’est que je ne l’ai pas trouvé repoussant, horrifiant et hideux comme il est décrit dans le livre. C’est plutôt pour Frankenstein que j’ai éprouvé de l’aversion, du dégoût et de l’horreur. Son personnage m’a toujours mis très mal à l’aise et il dégageait de lui une espèce de folie, de délire qui m’ont fait froid dans le dos tout au long de l’histoire. Comme si finalement, le monstre n’était pas la créature mais plutôt son créateur. Intéressant non ? Même si je ne suis pas friande de ce genre littéraire, je suis contente d’avoir enfin assouvi mon désir de curiosité pour cet œuvre.