Galeux : Le livre de Stephen Graham Jones

Bon.... et bien j'y avais placé un certain espoir et je dois m'avouer que je ressors de Galeux avec un sentiment mitigé, voire de frustration. J’ai eu beaucoup de mal à accrocher, et pourtant je sens bien qu’il y a quelque chose, une intention profonde derrière ce roman. C’est justement ça qui me gêne : j’ai l’impression d’avoir entre les mains un bon livre … mais qui ne m’a pas du tout touché. Le récit suit la vie d’un adolescent, puis d’un jeune homme, marqué par une histoire familiale pesante et une malédiction qui le ronge au fil du temps ( la lycanthropie ). Cette malédiction, à la fois physique et mentale, est présentée comme une sorte de fardeau héréditaire, métaphore évidente de l’exclusion et du rejet. Le problème, pour moi, c’est que tout ça m’a semblé trop diffus, trop symbolique pour être réellement percutant. Le fantastique est là, mais il reste en demi-teinte, jamais assumé pleinement, presque comme une hallucination collective ou un trouble intérieur. Et en même temps, il est trop présent pour qu’on puisse vraiment se raccrocher à un pur réalisme. Résultat : je n’ai pas su où me placer, ni émotionnellement ni narrativement. J’aurais voulu qu’on aille franchement dans l’horreur, ou qu’on reste dans la tragédie humaine. Mais là, ça flotte entre les deux, et ce flottement m’a tenu à distance. Quant à la vie du personnage, son parcours, ses drames, ses liens familiaux… rien de tout ça ne m’a vraiment passionné. C’est dur à dire, parce que je comprends ce que Stephen Graham Jones cherche à explorer — le poids des origines, la honte, la solitude, la violence systémique, tout ce qui marginalise un individu dès l’enfance — mais la forme ne m’a pas embarqué. Le propos est là, clairement. Le message sur l’ostracisation, sur l’héritage de la souffrance, sur les corps rejetés, est palpable. Mais je l’ai trouvé amené de façon trop maladroite, presque bancale. J’aurais aimé être touché, mais j’étais juste spectateur. Le style n’a rien arrangé. Je sais que Stephen Graham Jones écrit avec une voix bien à lui, mais ici, ça n’a pas fonctionné pour moi. J’ai trouvé ça aride, parfois confus, parfois trop abstrait. Je n’arrivais pas à me représenter les scènes, à ressentir quoi que ce soit de viscéral. C’est frustrant, parce que le sujet est fort — mais la manière de le traiter, trop détournée, m’a laissé sur le bord. Je n’aime pas mettre de mauvaises notes à un livre qui a de l’ambition, et encore moins à un auteur qui tente quelque chose de singulier. Alors je mets 3 étoiles sur 5, parce que je respecte la tentative. Mais franchement, si je me fiais uniquement à mon plaisir de lecture, je serais plus proche de 1,5. J’ai terminé le roman plus par respect que par intérêt. C’est un livre qui plaira à certains, j’en suis sûr. Mais moi, je suis passé à côté.