La Colline aux esclaves : Le livre de Kathleen Grissom

Je quitte Tall Oaks, sa plantation, sa grande maison et ses habitants, quelque peu nostalgique. On y suit principalement Lavinia et Belle, les chapitres portent alternativement leur nom et relatent leur point de vue, mais aussi quantité de personnages, tous plus attachants ou plus détestables les uns que les autres, durant une vingtaine d'années. Je les ai vu grandir, rire, avoir mal, souffrir, apprendre, se taire, aimer,... et je remarque que j'apprécie beaucoup lire cette période historique sur l'esclavagisme. L'écriture est vraie et la plume est délicate. L'auteure a trouvé le bon compromis entre dureté de l'histoire et des mots bien choisis pour préserver son lecteur. J'ai trouvé à Lavinia un petit côté Jane Austen qui m'a touché (et parfois agacé). Il y a parfois des répétitions dans les dialogues et quelques redondances mais ça ne m'a pas empêché de passer un très bon moment a Tall Oaks. Il y a une suite (Les larmes de la liberté) que je lirai avec plaisir.

Quand Lavinia arrive à la plantation, elle ne sait même plus qu'elle s'appelle Lavinia. Le traumatisme de voir mourir ses parents l'un après l'autre sur le bateau qui les conduisaient de l'Irlande à l'Amérique lui a fait (momentanément) perdre la mémoire. Bien que blanche, elle est confiée aux esclaves de la grande maison pour devenir domestique (afin de payer son voyage) J'ai beaucoup aimé ce roman où Lavinia oscille entre deux mondes et peine à en saisir les codes. J'ai découvert en inscrivant ma lecture sur Babelio.com qu'il y avait une suite. Je le lirais avec plaisir !

Dès les premières pages, la plume fluide et immersive de l’autrice m’a happée. Avec une écriture fluide, sensible et agréable, l’auteure parvient avec une grande finesse à restituer la personnalité, la profondeur et l’évolution des des personnages, de la naïveté de Lavinia puis sa réaction face aux désillusions à la résilience de Belle, en passant par le courage, l’abnégation ou la brutalité des autres protagonistes. Avec des chapitres alternant les points de vue de Belle et de Lavinia, le roman nous propose une double lecture de la société de l’époque, entre candeur et souffrance, entre privilège et oppression, décuplant ainsi la tension dramatique. Au-delà d’une intrigue aussi belle que bouleversante, le contexte historique est parfaitement restitué. Les mécanismes de l’esclavage, des contradictions, sa violence, ses drames quotidiens sont restitués de manière très détaillé.

Autant en emporte le Vent, vécu du côté des esclaves ? Bien sûr, ce n'est pas aussi romanesque, et l'écriture est plus moderne. On y retrouve cependant ce côté saga, ainsi que le souffle dramatique. Certains passages sont très longs, trop longs, et sans grande utilité pour l'intrigue. La narration à deux voix permet cependant de redonner un peu de souffle au récit de temps en temps. Petit détail, le prologue est incompréhensible, et même en le retrouvant à la fin du livre, je ne comprends pas ce choix de mise en avant initiale. Les personnages ne sont pas très attachants, même si j'ai eu un petit faible pour Beattie et Belle, et Mama Mae évidemment ! Cependant, j'ai bien aimé le ressort narratif (pas sûre et certaine de l'expression...). L'intérêt de ce roman, est pour moi le passage de Lavinia d'un monde à l'autre au milieu de l'histoire, ce qui lui permet, et à nous également, de voir de l'autre côté du rideau. Lecture en demi teinte donc, je ne suis pas conquise, mais ne reste pas non plus sur une grosse déception.