La petite poule rouge vide son coeur : Le livre de Margaret Atwood

"La petite poule rouge vide son cœur" est un recueil de vingt-sept très courts textes (nouvelles, fables, poèmes en prose, et même des sortes de "recettes" ou de listes) écrits par l'auteure canadienne Margaret Atwood. Ce livre est une déconstruction irrévérencieuse et satirique des mythes, des contes de fées et des images culturelles qui définissent ou enferment la femme. Sous des titres parfois énigmatiques et souvent ludiques (comme "Fabriquer un homme", "Rendons grâce aux sottes" ou des réécritures de fables classiques), Atwood utilise son humour noir et son cynisme habituel pour commenter la société patriarcale, les obsessions liées au corps féminin, et les traditions culturelles. L'ensemble forme un cocktail envoûtant de prose et de poésie où l'étrange côtoie la réalité, dressant un portrait d'un monde qui, malgré ses bizarreries, ressemble étrangement au nôtre. L'esprit de Margaret Atwood est infaillible. Le livre regorge d'humour noir et d'une satire féroce des idées reçues. Les textes sont souvent brillants dans leur concision, parvenant à démonter un mythe ou un cliché en quelques lignes seulement. Comme toujours chez Atwood, la critique du patriarcat et de l'oppression est pertinente. Elle décortique l'image de "la femme" et ses accessoires avec une lucidité désarmante. La diversité des formats (poèmes, listes, mini-fables) rend la lecture rythmée et surprenante. Toutefois en raison de leur brièveté et de leur diversité, les vingt-sept textes ne se valent pas. Certains sont des pépites d'esprit et de cynisme, tandis que d'autres peuvent sembler trop éphémères ou cryptiques, laissant le lecteur perplexe ou sur sa faim. Le format très court (parfois deux ou trois pages) empêche souvent un véritable attachement aux personnages ou une immersion durable. L'ensemble est très cérébral et intellectuel, ce qui peut créer une certaine distance émotionnelle. L'abondance d'allégories, de références littéraires et de sous-entendus demande une attention constante et une certaine culture pour saisir toutes les nuances satiriques, ce qui peut rendre la lecture moins accessible ou détendue que ses grands romans. C'est un recueil indispensable pour les inconditionnels de Margaret Atwood qui apprécient sa prose décalée et sa vision acerbe. Cependant, pour ceux qui recherchent la puissance narrative ou l'attachement aux personnages que l'on trouve dans des romans comme La Servante écarlate, ces brefs fabliaux pourraient laisser une impression de brillant mais inachevé.

Un recueil de nouvelles cocasses, souvent satiriques, toujours féministes. Des histoires à picorer qui étonnent, d'autres dont le sens m'a échappé. Difficile donc de juger l'ensemble mais les revisites de contes m'ont particulièrement plu. L'impertinence du ton notamment. Merci donc à la masse critique de Babelio et aux éditions Robert Laffont de m'avoir permis de découvrir ce livre qui tient dans une poche.