La petite ritournelle de l'horreur : Le livre de Cécile Cabanac

Fin des enquêtes de Virginie Sevran après le troisième épisode? J'espère que non parce qu'il s'agit, à chaque fois, de très bonnes enquêtes dignes d'un véritable dossier criminel. Et même si le volume peut vous paraître, à priori, important (+/- 500 pages), ne vous laissez pas leurrer parce que les pages se tournent rapidement tellement le lecteur est pris dans l'engrenage qui se déroule sous ses yeux. Donc, vous l'aurez compris, je suis plutôt fan de l'auteure dont je pense avoir lu tous les volumes, suite au prochain. Il faut dire qu'elle est plutôt douée me semble-t-il. Mais bon, entre les goûts et les couleurs, on ne peut jamais savoir ce que d'autres pourraient en penser, à tester alors.

Un roman noir époustouflant, terrifiant, bouleversant. Cette enquête nous plonge au cœur d’un service d’aide à l’enfance défaillant, où des enfants, jetés en pâture, subissent des horreurs innommables, tant psychologiques que physiques. Un système brisé, des enfants sacrifiés. L’auteure dénonce aussi les failles des services d’aide aux personnes âgées, laissant place aux abus de faiblesse et aux dérives. L’écriture est immersive, suffocante. J’ai lu ce livre en apnée, happée par une intrigue complexe et magistralement ficelée. Le dénouement est explosif. Aux côtés de Servan et son équipe, j’ai ressenti la peur, le dégoût, l’impuissance. Comme ces enfants. Comme ces flics. Je n’en ressors pas indemne. Énorme coup de coeur Âmes sensibles, s’abstenir. La maison de l’horreur a beaucoup de secrets à livrer…mieux vaut voir le coeur bien accroché.

Des enfants emmurés sont retrouvés à la suite de travaux fait dans une maison. Cette découverte macabre entraîne Virginie Sevran et son équipe sur la trace d’une famille d’accueil. C’est fluide, dur, addictif. Les rebondissements sont nombreux jusqu’au dénouement. À lire !

« Une morveuse a pissé au lit cette nuit. Je l’ai cadenassée dans les toilettes au fond du jardin avec ses draps sur la tête. J’espère que ça lui passera l’envie de remettre ça. Je hais ce travail. Je le hais à en crever.#8201;» Ce récit apparaît en même temps délicat à entendre et profondément émouvant. En explorant le thème de la maltraitance chez les enfants placés par l’ASE et des effets sur leur futur, ce texte met également en lumière les multiples difficultés auxquelles ces institutions doivent faire face. (avec l’adoption de lois récentes, certaines choses ont pu évoluer, et c’est tant mieux.) Fort heureusement, Cécile réussit à transformer l’horreur en une réalité acceptable, avec sa plume qui respire l’humanité, la délicatesse et l’empathie envers les victimes. Les courts chapitres passent d’un protagoniste à l’autre, entraînant l’histoire dans un rythme à la fois saisissant et addictif, le tout à l’aide d’une écriture concise et raffinée. Grâce à une subtile confusion des indices, Cécile nous fait vivre cette enquête avec des points de vue et des ressentis divergents selon les instigateurs. Rien ne nous sera épargné jusqu’à cette conclusion marquante. C’est une œuvre aboutie, un thriller psychologique envoûtant qui s’inscrira durablement dans nos esprits. Je vous le conseille fortement.