La Souterraine : Le livre de Sophie Marceau

La poésie n'arrête jamais de nous surprendre et ce recueil "La Souterraine" de l'actrice Sophie Marceau, fait partie de ces insolites littéraires, où la poétique s'invite de manière confidentielle au travers de vers spontanés, sans fioritures et avec une subjectivité laissant le champ libre à une interprétation multiple. L'actrice avec son côté un peu cash, authentique, voir "soupe au lait" parfois, narre dans un mélange de prose et de vers, une poésie d'instinct, constituée de petits récits et de poèmes atypiques, mais où le fil rouge de la trame, semble être des histoires aux visages féminins, entremêlées de leurs rapports avec la gent masculine, exhalant avec pudeur, douceur, mais aussi avec une colère froide et des fragrances mélancoliques, l'existence compliquée, laborieuse de ces femmes courageuses. Avec ce recueil, l'actrice parsème ses mots de vécu, de ressentis, d'observation faites durant sa vie, réalisant un récit poétique empirique où le réel se confond avec la fiction, laissant à sa poésie un côté onirique, telle une fenêtre de respiration qui diffuse un grand bol d'air frais pour chasser les mauvais effluves du passé et de la destinée. Ce recueil qui se veut éclectique, n'en garde pas moins une trace poétique forte, où les hommages aux grandes figures féminines qui ont compté pour elle se succèdent, de sa mère à une poétesse russe célèbre, achevant ainsi, un audacieux parcours d'écriture en toute beauté, mais où une forme d'intimité reste absconse, préférant perdre volontairement le lecteur dans un univers de contes poétiques surréalistes, une manière de dire, une part de moi demeurera éternellement énigme et mystère, rien d'étonnant, pour une femme pourchassée durant toute sa carrière, par des paparazzis intrusifs.

Clairement Sophie Marceau, on ne va pas se mentir, ce n’est pas mon cœur de cible. Je n’ai pas spécialement suivi son parcours cinématographique, j’ai toujours trouvé la personne un peu surfaite, et ce n’est pas son épisode pseudo-complotiste à l’automne 2020 (quand elle partage et soutient le film Hold-up, cette espèce de farce ignoble pondue par Pierre Barnérias, l’hyper catho qui n’en est pas à son coup d’essai) qui a changé mon opinion, bien au contraire. Sauf qu’en mai 2023 elle publie un livre, La souterraine, aux éditions Seghers (filiale des éditions Robert Laffont), éditions dont la renommée n’est plus à faire avec notamment un fonds riche de poètes français de renommée tels Louis Aragon ou Paul Éluard. Et, plus récemment, l’excellent roman « Crions, c’est le jour du fracas ! » de @heloiseguay2bellissen. Alors ça titille ma curiosité. D’autant que les premiers retours, à l’époque, sont plutôt enthousiastes. Mélange de contes, de nouvelles et de poèmes très courts, La souterraine est une agréable surprise. La plume est énergique voire exigeante, on entre parfois dans l’intime avec beaucoup de maîtrise (la dernière nouvelle, L’Elue, notamment), et on navigue souvent dans un univers loufoque où le corps est omniprésent. Très agréablement étonné, donc, par le talent de l’actrice à manipuler les mots pour nous emporter dans un univers très visuel, souvent cruel et avec une vraie écriture, contrairement à certains produits littéraires dont la fadeur, l’inconsistance, la pâleur sont à désespérer (si vous voulez des noms, guettez la prochaine publication, je vous en livre un que vous connaissez sans doute déjà…).