L'Affaire Narumi - Un crime sans corps : Le livre de Willy Graff

Même si ce livre se lit comme un roman, ce n'en est pas un. Willy Graff reprend depuis le début le récit de la disparition de Narumi Kurosaki. On sent clairement que ce cas de féminicide sans corps, a beaucoup marqué ce journaliste qui travaille pour l'Est Républicain . En effet, c'est avec une écriture fluide, minutieuse et emprunte d'un grand respect pour la victime et sa famille, qu'il déroule l'enquête de ce dramatique fait divers, qui touche 3 parties du globe : l'Europe, le Japon et l'Amérique du sud, chacune étant marquée par sa propre culture. "L'affaire Narumi" est vraiment bien écrite et le récit laisse percevoir l'inquiétude qui monte autour de cette énigmatique disparition pour culminer jusqu'aux procès lors desquels la tension est à son comble surtout quand il évoque avec beaucoup d'émotions et de dignité la bouleversante intervention de la mère de Narumi lors du procès. Le but de Willy Graff en écrivant ce livre est louable : il veut retarder au maximum l'inévitable échéance de l'oubli dans lequel finira par tomber la dramatique disparition de Narumi. C'est un livre très bien construit, fort et poignant. En ce qui me concerne, son but est atteint car je n'oublierai pas cette jeune fille solaire, disparue injustement sur l'autel de la jalousie et du désir de possession masculin.

L'affaire Narumi est limpide et pourtant compliquée. une jeune fille, Narumi, disparaît de son logement étudiant à Besançon. D'abord suspecté, Arthur, son petit-ami sera vite écarté de la liste des suspects. Tous les regards se braquent sur Nicolas, son ex-petit-ami chilien. Premier problème: Le Chili n'a pas de loi d'extradition avec la France. Deuxième problème: La police ne retrouvera jamais le corps de la jeune fille. Dans un Chili où on s'entête à concevoir que sans corps, pas de crime (Merci Pinochet...) il est difficile de concevoir que la justice française désire entendre (puis juger) Nicolas. S'ensuit un bras de fer entre les deux pays. C'est ce bras de fer que va nous raconter le journaliste. Et cela sera la partie la plus intéressante du livre. Car on entre dans le système judiciaire et diplomatique d'une complexité sans nom. Pour le reste, Nicolas a été condamné. Deux fois. Il est maintenant en Cassation. Parce qu'au final, même si on ne doute pas un seul instant de sa culpabilité, force est de constater qu'il n'y a quand même pas beaucoup de preuves directes. Mais nous, on est pas ici pour juger des faits, ça c'est le boulot de la Cour de Justice. Une affaire criminelle bien documentée par le journaliste et qui met bien en avant la difficulté de juger sans avoir la preuve ultime du crime: le corps. Parce qu'au final, muré dans son silence, Nicolas n'a rien dit. Nous ne restons qu'avec notre propre avis et l'immense douleur de la famille.

True-crime Très belle découverte ! Ce livre est fort bien écrit et passionnant. Le premier procès est formidablement bien relaté. Je n'avais retenu que les faits de cette affaire, sans pouvoir suivre les procès. J'ai donc beaucoup appris. On retrouve des acteurs connus côté tribunal, 18 mois après L'Affaire Daval. L'aspect international rajoute une dimension particulière, le Chili ayant fini par donner une leçon à la France, laquelle pourrait en donner au Japon (Tiphaine Véron). Cette affaire peut en éclairer d'autres (Jubillar). Trois procès féminicides sans cadavre étant rappelés. Je retiendrai le nom de l'auteur, chef d'agence pour L'Est Républicain, dont ce livre est le premier ouvrage, et je l'espère pas le dernier.   #LAffaireNarumiUncrimesanscorps #WillyGraff #LesPressesdelaCité #TRUECRIME