L'Agent des ombres - tome 9 Ruisseaux de sang : Le livre de Michel Robert

Cellendhyll revient de mission dans le territoire lointain des Terres de Sang, à l'Ouest sur le Plan Primaire, et il n'est pas seul. En effet, l'Ange du Chaos a sauvé son compère de toujours, Gheritarish le Loki, et leur retour dans le palais de Tygarde, sur le Plan-Maître de la Lumière, se fait aussi triomphal que sonore. Gher fait la rencontre de l'Empereur Priam, avec qui d'inévitables atomes crochus se découvrent aussitôt, plongeant l'ensemble des courtisans et des serviteurs du palais dans une fête sans fin où tous les appétits doivent être satisfaits. Mais la situation est plus sérieuse qu'il n'y paraît. Priam doit bientôt recevoir une délégation des Ténèbres, les ennemis de toujours de la Lumière, délégation envoyée gracieusement par le roi Arasùl pour conclure, enfin, une paix durable entre les deux grandes puissances. Alors que beaucoup réprouvent ce choix en coulisses, Priam a assuré Cellendhyll qu'il était prêt à faire la paix et à mettre fin à la guerre millénaire qui fait rage entre Lumière et Ténèbres, et les preuves de bonne volonté des deux côtés sont plutôt éloquentes. Mais pour bien faire, il faudra éloigner Gheritarish de Tygarde quelques temps, au moins pour que les stocks de provisions se reforment et que les serviteurs aient enfin la paix eux aussi. Cellendhyll emmène donc son encombrant ami dans le Domaine viticole de ses compagnons ex-voleurs, un endroit plus calme mais aussi plus à-même de plaire au Loki décidément plus bon vivant que jamais. Cependant, l'atmosphère festive est rapidement gâchée par l'apparition d'une troupe de bandits des forêts, qui a poursuivi Cellendhyll et dont les membres enlèvent aussitôt la fille de Rathe pour se livrer à un odieux chantage : si l'Adhan accepte de les suivre jusqu'à leur tanière, entravé bien sûr, la fille sera relâchée et rendue à son père. Sinon, ce sera le bain de sang pour tout le monde. Évidemment taraudé par cette situation, mais non moins maître de lui-même comme toujours, Cellendhyll accepte et accompagne les truands, Gher suivant de loin en toute discrétion. Quand la tanière des bandits est atteinte, c'est le déchaînement de violence qui s'abat sur eux, la violence trop longtemps réprouvée par la civilisation, celle de deux guerriers d'élite qui ne font pas dans la dentelle, surtout quand il s'agit de sauver la vie d'une jeune femme de leurs proches. Un clan d'assassins en moins sur la longue liste d'ennemis de Cellendhyll de Cortavar... Mais les responsabilités n'attendent jamais bien longtemps, et Priam convoque aussitôt après son retour son Lige à Tygarde pour assister à l'accueil de l'ambassadeur des Ténèbres, un homme que Cellendhyll connaît bien d'ailleurs ! Accompagné par trois guerrières Ténébreuses qui font immédiatement sensation et forte impression à l'œil expérimenté de l'Adhan, l'ambassadeur du roi Arasùl s'empresse de se mettre au travail avec l'Empereur de Lumière pour définir au mieux les conditions de cette paix inédite ardemment souhaitée par les deux camps. Mais dans les recoins les plus sombres du palais impérial, un Mal bien plus insidieux et bien plus dangereux que tout ce que les Plans ont jamais connu est à l'œuvre, et s'apprête à frapper en plein cœur des négociations ! Pris de son côté par une nouvelle aventure psychédélique en compagnie de l'étrange Maurice, dont il vient de sauver la vie dans le grand Ailleurs, arrachant l'homme à toute une peuplade d'êtres mi-hommes mi-chacals servant une divinité mystique apparemment liée d'une façon ou d'une autre au statut de Hors-Destin de Cellendhyll. Sitôt rentré de ce voyage au cœur de l'inexplicable, l'Adhan a une très mauvaise surprise : les portails de téléportation de la Cité des Nuages, capitale de l'Empire sur le Plan Primaire, sont verrouillés depuis Tygarde. Aucun accès ne peut se faire en direction du palais impérial, ce qui éveille aussitôt la méfiance du guerrier qui fait jouer son titre de Lige pour pouvoir utiliser un portail privé et débarquer en plein carnage. En effet, les terribles sorciers Smaughs sont de retour, menés par le non moins terrible et féroce Rakùl-Bahir, dont le souvenir sinistre hante encore Cellendhyll depuis leur précédent affrontement. Les Smaughs ont utilisé leurs talents pour se faire passer pour des personnes de pouvoir au sein de Tygarde, des gens au-dessus de tout soupçons... et ont déclenché leur attaque massive et sanguinaire alors que les défenses étaient au plus bas et que tous les esprits étaient en liesse suite à la signature du traité de paix. Ne faisant aucune distinction entre leurs victimes, les Smaughs terrassent, massacrent et détruisent absolument tout et tout le monde sur leur passage, faisant couler de véritables ruisseaux de sang en plein cœur du siège de la Lumière. L'Empereur Priam en personne est fait prisonnier et gravement empoisonné pour réduire ses forces à néant, puis emmené séance tenante sur le monde des Smaughs via un de leurs étranges portails de chitine qui corrompent tout ce qu'ils parasitent. Ni une ni deux, juste le temps de laisser les véritables responsabilités martiales aux derniers décideurs de la Lumière encore en vie, Cellendhyll se lance à la poursuite des ravisseurs, avide de vengeance et de combat à son tour. Sauver l'Empereur est sa mission prioritaire... mais une fois sur le monde des Smaughs, rien ne va se passer comme espéré, et l'Adhan, le Hors-Destin, va devoir faire face à ce qui signera peut-être sa perte, ou en tout cas sa plus grande défaite à ce jour, s'il ne prend pas garde à maîtriser ses propres démons... --- L'accouchement de ce neuvième tome de la saga de L'Agent des Ombres par Michel Robert son auteur s'est apparemment fait dans la douleur et avec pas mal de difficultés, l'écrivain traversant à l'époque une période plutôt sombre et déprimante de sa vie, et on le comprend fort bien même avec le peu de mots utilisés pour présenter cela aux lecteurs et fans de toujours de son univers. En prenant en compte cette information, je me suis lancé dans cette lecture en sachant très bien que le héros, Cellendhyll de Cortavar, allait connaître de profonds bouleversements lui aussi, chaque auteur mettant indéniablement toujours une part de lui-même et de sa propre expérience dans ses créations fictives. Sans vouloir me faire fin psychologue, il me semble que plusieurs reproches adressés à Cellendhyll par d'autres personnages, essentiellement féminins d'ailleurs, sonnent comme quelque chose de vécu, ou du moins comme l'expression d'un sérieux trauma sentimental. Mais là n'est pas le sujet. Ce neuvième tome, il devait être l'occasion d'enfin poser les bases d'un apaisement durable à la fois pour l'univers des Plans et pour la vie si secouée de Cellendhyll et de ses proches, peut-être même jeter les prémices d'une fin à venir... et on sent qu'en la matière, Michel Robert a eu beaucoup d'idées concordantes. Trop, peut-être, car au final on ressort de cette lecture avec l'impression diffuse d'avoir assisté au pitch de plusieurs saisons d'une série en même temps, ou qu'il y a eu mélange un peu trop forcé et opportun dans les retournements de situation, nombreux, trop là encore peut-être. En définitive, j'ai vraiment commencé à apprécier le récit au moment où Cellendhyll revient à Tygarde pour faire face à la nouvelle menace en titre, c'est à dire le dernier quart du bouquin en somme. Là on se retrouve devant quelque chose de plus familier, de connu et de peut-être un rien trop prévisible à certains moments dont je ne dévoilerai pas la nature afin de ne pas gâcher le twist final, qui vaut ce qu'il vaut mais reste efficace en connaissant les penchants naturels de l'Adhan. Relative déception donc à la sortie de ces Ruisseaux de sang, mais je sais pour me l'être procuré à l'avance que le dixième et dernier tome de la saga sera bieeen plus épais et riche que tous les précédents, ce qui devrait je l'espère rattraper les quelques erreurs de parcours que l'on ressent douloureusement ici. Sans doute également une démarche personnelle de l'auteur pour changer certains aspects de sa vie, de sa personne ou de ses propres démons, à travers un grand final qui s'annonce on ne peut plus mouvementé. Qui vivra verra !