L'attrape-coeurs : Le livre de J.D. Salinger

Un roman culte, un héros marginal, et une œuvre qui dérange encore. Aux États-Unis, L’Attrape-cœurs reste interdit dans certaines universités. Preuve que Salinger n’a jamais cessé de gratter là où ça dérange. Holden Caulfield, l’adolescent errant, en révolte molle contre le monde des adultes, trace sa route dans un New York figé, froid, presque fantomatique. C’est son mal-être qui fait le sel du roman : un désespoir tranquille, une lucidité qui flirte avec la dépression, un refus du conformisme qui sent l’après-guerre en vrac. Le style est brut, nerveux, faussement simple. C’est écrit comme on pense, comme Holden pense : en sautant d’un souvenir à l’autre, d’un agacement à une angoisse. Et ça marche. Parce qu’on s’y retrouve, encore aujourd’hui. Même si on n’est plus ado. Un roman de l’entre-deux : entre crise existentielle et fable urbaine. Une voix qui n’a pas vieilli. Un livre qui ne cherche pas à plaire. Juste à dire.

L'Attrape-Coeurs est un roman américain écrit par J.D Salinger en 1951. Véritable roman d'apprentissage, il raconte les trois jours d'errance solitaire du jeune Holden Caulfield à travers la ville de New-York. J'ai apprécié Holden, cet adolescent complexe, à la fois attachant et agaçant, en quête de sens dans un monde qu'il juge faux et corrompu. Profondément cynique et marginal, Holden critique tout et tout le monde, voit partout le mensonge et l'hypocrisie des adultes en particulier. Pourtant, lui-même perd le sens du réel. Il se rêve en attrape-coeurs, empêchant les enfants de tomber d'une falaise, métaphore de la perte de l'innocence. Cette "révolte", marquée par sa peur de grandir et son incapacité à s'intégrer, cache toutefois une véritable détresse, une crise émotionnelle, probablement due à la mort de son frère Allie. Tout au long de son errance, il cherche à trouver un contact, du réconfort et de la compréhension, sans en trouver. Seule fait exception sa sœur Phoebe, qui apparaît comme la seule personne qu'il aime encore. Au fond, le principal ennemi de Holden semble bien être lui-même... J'ai aussi apprécié le style de Salinger, qui a pu choquer à l'époque mais qui a le mérite de capter la voix intérieure d'un adolescent, avec son langage familier, désordonné et parfois injurieux. En définitive, l'Attrape-Coeurs est un roman que j'ai beaucoup apprécié pour sa profondeur psychologique et sa réflexion sur cette jeunesse désabusée en quête d'authenticité. Encore aujourd'hui, il reste ainsi un incontournable.

Je retiens de ce roman deux choses : la tristesse et la solitude du narrateur. Il peut passer pour un sale gosse insupportable et instable (il est renvoyé d'un paquet d'établissements scolaires), sans doute ingrat et peu fréquentable pour les filles. Il fréquente des établissements qui ne sont pas pour lui, fume, fugue... bref, il est bien peu engageant. Cependant, personne n'essaie vraiment de lui parler, de savoir ce qu'il ressent. Aucun des adultes autour de lui du moins, qui d'ailleurs ne me semblent pas très responsables : il est renvoyé mais il semble que ses parents ne sont pas mis au courant, ou ne viennent pas le chercher. !il erre dans alors dans New-York comme il erre dans ses émotions. Les tourments de l'adolescence sont aggravés par son deuil et l'incapacité de communiquer la tristesse que cela crée en lui. Et que personne ne cherche à comprendre. Bien que la subjectivité du narrateur empêche peut-être les lecteurices de vraiment s'en rendre compte. Il se marginalise et est marginal dans un monde dont il ne veut (ou peut) suivre les normes et les prescriptions, un monde qui lui fait peur et auquel rien ni personne ne l'a préparé. C'est une écriture directe, sans fioriture, parfois dure. Je pense qu'elle est au diapason de l'état émotionnel du narrateur, dur envers lui et les autres. Challenge XXème siècle

Enorme coup de cœur pour cette lecture de « l’attrappe coeur » de Salinger. La très grande force du roman est avant tout le style, qui est un langage parlé, assez moderne, un peu cynique et teinté d’humour tant le personnage principal (Holden Caulfield) porte un regard désabusé sur le monde qui l’entoure. Holden est dans une sorte de quête existentielle, errant dans les rues de New York, comme il erre entre le monde de l’enfance qu’il peine à quitter, et celui de l’adulte qu’il redoute de rejoindre. L’histoire est assez simple, mais le style est splendide. J’y ai vu quelques parallèles avec « voyage au bout de la nuit » de Céline (style singulier, vision désabusée d’un anti héros sur sa société…), mais Salinger a une écriture beaucoup plus lumineuse. Ce livre est une étoile de plus dans ma constellation littéraire, pas une étoile filante mais de celle qui brillera longtemps, car ce livre fait partie de ceux que l’on est pas prêt d’oublier, une fois la lecture terminée. J’ai hâte de découvrir d’autres œuvres de l’auteur.