Le bûcher des vanités - NE : Le livre de Tom Wolfe

Une satire truculente sur le New York des années 1980 : "Le Bûcher des vanités", de Tom Wolfe #128218; - #128209; Elancé, athlétique et doté d'un menton spectaculaire, Sherman McCoy a tout pour réussir et incarne à lui seul le pouvoir WASP à Manhattan. Fils d'un célèbre avocat, il est passé par Yale et est aujourd'hui trader à Wall Street. Il vit dans un appartement à 3,2 millions de dollars sur Park Avenue, avec sa femme et sa fillette. Pourtant, le jour où une aventure extraconjugale l'implique dans un accident de voiture dans le Bronx, sa vie bascule et son arrogance innée va commencer à s'effriter. En effet, ce quartier étant alors majoritairement peuplé de Noirs et de Portoricains et fragilisé par le chômage, le trafic de drogues et la misère, son très politique procureur (Abe Weiss) et son substitut (Larry Kramer) voient dans cet incident une opportunité en or de crucifier médiatiquement un Blanc ultraprivilégié et de démontrer ainsi l'impartialité totale de la Justice. Peter Fallow, un journaleux anglais sans scrupules, va les y aider, à coups de reportages sensationnalistes et parfois très loin de la vérité dans le City Lights. - #128173; Je me suis régalée à la lecture de ce classique de la littérature américaine ! J'ai dévoré ses presque 1000 pages en 8 jours. Il paraît que Tom Wolfe s'est inspiré de Thackeray et de Dickens, en peignant cette fresque cynique et sans fards sur la Grosse Pomme et en mettant en scène ces personnages tous plus abjects les uns que les autres, sur fond de tensions interethniques et sociales. Le style "feuilleton" marche très très bien et les "cliffhangers" présents à la fin de nombreux chapitres constituent un délicieux supplice. (La 1ère version du roman fut d'ailleurs publiée dans ce format-là dans les années 1980.) Tom Wolfe a une plume acerbe et superbe. Ses longues descriptions à la Zola des lieux, des vêtements, du physique, de l'attitude et des pensées des protagonistes cachent une multitude de sarcasmes et de jugements sans appel. En refermant ce livre, j'ai eu la même impression mi-nauséeuse, mi-amusée qu'à la fin du film "Match Point" : la vérité ne triomphe pas toujours et certains salauds s'en sortent trop bien dans la vie.

C'est long, épais, mais c'est tellement féroce, sans pitié pour aucun de ses personnages, tout en étant précis et documenté (j'aime pas le mot, on est pas là pour lire un rapport d'autopsie mais ça signifie que le mec donne l'impression de connaitre son - ses nombreux - sujet(s). On ricane devant cette Amérique d'en haut, des grattes ciels et des rooftops qui s'effondre, de ces petits personnages misérables. C'est enlevé, réjouissant, un vrai - long - moment de plaisir.

Quel livre. j'ai carrément pris un demi-jour de congé, tellement je voulais absolument terminer le livre. Quel plaisir de lecture. Cela faisait très longtemps. Tom Wolfe nous plonge dans le new york des années 80, véritable tour de babel brassant de multiples communautés qui forment la communauté new-yorkaise qui n'en est pas une. Une ville hautement ségrégée, faites de frontières, de barrières, de discrimination. WASP, portoricains, juifs, irlandais, italiens, afro-américains et anglais entrent dans cette tour où toute loi morale semble désormais abolie, n'existe plus que la loi de l'argent, de la politique et du qu'en dira-t-on. En gros, c'est l'histoire d'un mec, Sherman McCoy, un très riche boursicoteur qui se perd dans le Bronx avec sa maitresse. celle-ci renverse un jeune étudiant afro-américain. La suite est la chronique politico-judiciaro-médiatique de l'événement. Ce bûcher des vanités est une description impitoyable d'un univers cynique, dépourvu de morale, où la plus juste des causes ne sert qu'à manipuler l'opinion, à faire de l'audimat, à se faire élire. On en vient à prendre pitié pour ce magnat de Wall Street. On découvre une série de personnages secondaires passionnant ou du moins sont intéressants dans l'intrigue: le journaliste britannique alcoolique, l'avocat Killian, l'adjoint du procureur Kramer,... etc. Un univers déprimant et captivant. Deux critiques néanmoins: les personnages féminins sont peu nombreux et surtout très peu développés et présents. ce n'est pour faire "égalité des genres" mais, par exemple, la femme de McCoy est à peine esquissée et semble particulièrement superficielle. Ma critique principale porte sur la fin du roman qui est très abrupte, esquissée en épilogue, sans conclusion pour de nombreux personnages de l'affaire. En outre, certaines pistes évoquées dans le roman sont complètement abandonnées, désormais inutiles comme l'intrigue autour du pasteur Bacon et ses malversations financières. Bref, un gros pavé que j'ai dégusté comme un petit morceau de chocolat, j'aurais souhaité une tablette qui aurait fait exploser mon régime actuel.

Quel livre incroyable! Je l’ai découvert grâce à l’excellent podcast « liste de lecture ». La journaliste m’avait appâtée par un passage qui décrivait le bureau et l’ambiance qui règne entre les substituts du procureur. Tout y est : les postures macho, la déco moche du gouvernement, les rivalités, la pause déjeuner un peu sinistre. Eh bien tout au long des plus de 900 pages de ce livre, c’est un festival de descriptions toutes plus vraies, désabusées, drôles et cyniques, que l’on soit sur Park avenue, dans le Bronx, au bureau de wall street, et chez les politiques. On finit même par souhaiter que Sherman finisse par s’en sortir, bien qu’il soit un type peu recommandable. Les seuls personnages épargnés par la plume de Tom Wolfe sont quelques femmes et ceux qui restent droits dans leurs bottes (en gros : les flics irlandais, et certains juges). Le lire maintenant et tardivement donne un bon éclairage de la situation politique actuelle aux États Unis. Donc : ne pas se laisser abattre par le nombre de pages du livre, il est certes très long, mais aussi drôle et psychologiquement très fin.