Le Cirque des rêves : Le livre de Erin Morgenstern

L’esthétique et la promesse narrative de ce roman étaient particulièrement alléchantes. Si l’univers visuel et poétique du cirque remplit son rôle, l’histoire, quant à elle, peine à tenir ses promesses. Le Cirque des Rêves est un roman étrange, au sens où son seul véritable personnage central et son seul moteur d’intérêt semblent être… le cirque lui-même. Je rejoins les avis qui soulignent le décalage entre le résumé et le contenu réel du livre. Il faut beaucoup de temps avant que l’intrigue ne s’installe vraiment, et même alors, elle reste secondaire. Les personnages sont peu, voire pas du tout développés. L’enchaînement des époques et des narrateurs crée une certaine confusion, probablement volontaire — j’imagine que l’autrice souhaitait nous immerger dans une sorte de rêve éveillé, à l’image du cirque. Mais pour ma part, cette approche m’a laissée à distance. Je comprends l’intention, mais je n’ai pas été conquise. J’ai terminé ce roman avec difficulté, ce qui est d’autant plus dommage que la thématique et l’univers esthétique me séduisaient énormément.

Totalement embarquée par la plume et la construction si particulière de La mer sans étoiles de l’autrice, je mourrais d’envie de la retrouver dans un autre texte tout aussi enchanteur. Se découvrant la même envie, j’ai été plus que ravie de partager ce moment hors du temps avec ma compagne de LC : Audrey, qui ressort tout aussi enchantée que moi de cette expérience. Les gens voient ce qu’ils ont envie de voir. Et la plupart du temps, ils voient ce qu’on leur dit de voir D’Erin Morgenstern, il faut accepter à chaque fois le plaisir qu’elle prend à nous perdre dans des récits fantasques difficilement imaginables. C’est le propre de sa fantaisie, qui revient aux sources de ce fantastique gothique que je chéris et dont elle donne sa propre interprétation moderne, faite de labyrinthes de temps, d’espaces et de sentiments. C’est avec une poésie qui lui est propre qu’elle bâtit ainsi des univers assez opaques au début qui ne dévoilent qu’en cours de lecture et qui encore changent selon l’angle adopté. Un vrai plaisir pour ma part, mais qui pourra perdre certains lecteurs moins patients. Ici, elle se propose de faire revivre l’univers du cirque de la fin XIXe et du début XXe où il était un art et un divertissement des plus uniques et fort populaire. Ce dernier est le théâtre, comme dans une pièce de Shakespeare, d’un singulier duel magique entre deux êtres élevés pour cela depuis leur plus jeune âge mais qui ne savent pas qui est leur adversaire et ce qu’ils doivent faire pour l’emporter dans ce duel. Celia et Marco sont ces enfants du cirque que l’on voit grandir et développer leurs talents sous nos yeux, prenant goût à cet univers du cirque dans lequel ils sont plongés et qui devient peu à peu leur maison. Nous allons les suivre avec bonheur, passion et drame, dans un récit enchanteur et perturbant, qui finira par être un véritable coup de coeur pour moi. Lecture pleine d’atmosphère, comme l’a si bien dit mon amie Audrey, celle-ci a aimé prendre son temps. Heureusement la plume d’Erin Morgenstern y invite. On prend plaisir dans le premier quart du récit à juste découvrir les personnages, les lieux où ils évoluent, les rencontres qu’ils font et à voir ce cirque sortir de terre et se faire une place. La magie est est très discrète et pourtant partie prenante de l’ambiance et du récit, mais on se fait mener par le bout du nez sans savoir où l’on va, ni comment, ni pourquoi. L’autrice est très fine pour poser ainsi ce contre rythme d’une valse très lente et entêtante. Puis quand elle s’enflamme, se change en tango et prend une couleur plus vive, nous sommes déjà pris au piège et il est impossible de lâcher ce récit d’un autre temps, hors du temps en même temps et unique. J’ai vraiment adoré la façon pénétrante dont elle va jouer avec nous lecteurs, nous assénant de sacrées révélations sur son univers quand on s’y attendait le moins, avec de beaux et profonds rebondissements où elle joue sur la nature même de la magie, sa réception et ceux qui l’incarnent. Il y a une très belle réflexion sur cela et sur le lien entre pratiquant et pratique. Le duel de Celia et Marco est l’occasion de gestes magnifiques et prend une forme très poétique qui m’a particulièrement parlée, même si je suis restée sur ma faim lors de sa note finale. La construction de cet univers est assez unique, très fantasmagorique dans sa représentation quand on y pense et vraiment singulière. C’est une chose que j’apprécie beaucoup. Elle redonne aussi ses lettres de noblesse à l’univers circassien, en faisant de ce lieu un personnage propre de l’histoire à l’image de Celia, Marco et leurs maîtres, mais aussi des habitants du cirque, en particulier Tsukiko la contorsionniste et les jumeaux Murray, qui deviennent vite des figures à la fois tragiques, comiques et essentielles à l’histoire avec un sacré destin. Le destin, la destinée tient d’ailleurs une sacrée place et s’incarne bien dans cet univers de cartomancie et divination, de contorsion et d’illusion. Tout est parfaitement posé et pesé au service de cette intrigue dramatique à la Shakespeare dont la dimension tragique m’a peu à peu entouré et serré le coeur, jusqu’à ne plus avoir envie de les quitter. J’ai partagé leur attachement à ce lieu, ce divertissement et ce rêve qu’il portait. Vous pouvez raconter une histoire qui va s’ancrer dans l’âme de quelqu’un, devenir son sang, son être, sa raison de vivre. Cette histoire va l’émouvoir, le galvaniser, qui sait ce dont il sera capable grâce à elle, grâce à vos paroles. Je ne vais donc rien ajouter de plus pour ne pas vous dévoiler l’intrigue et vous laisser le grand plaisir d’aller à la rencontre de ce lieu unique, de ces personnages désormais si chers à mon coeur et leur magie singulière, portée par une plume pénétrante. L’enchantement a opéré sur moi et plus que les mots, l’ambiance d’Erin a pénétré mon âme avec ses réflexions fines sur la magie. Je sais que ce sera clivant mais moi j’aime ce genre de récit où on se perd pour être retrouvé, replongé dans l’incertitude et repêché encore. J’aime ce genre de drame romantique et romanesque d’un autre temps. J’aime cette mise en lumière gothique du monde du cirque d’autrefois. Tout m’a parlé et mon seul regret est de ne pas avoir eu l’une des ces sublimes couvertures anglo-saxonnes ! Je serai là pour son prochain roman #10084;

Les mots ne seront jamais assez fort pour décrire ce livre. Le début peut sembler long mais une fois que l’histoire est en place, il est difficile de laisser le livre de côté. L’univers est juste incroyable et au final le livre porte bien son titre.

I'm quite speechless right now. You know this feeling when you've just finished a book that was really amazing and you feel empty, happy and sad at the same time. Yeah.But I do regret one thing though, I feel so bad because I've been waiting a long time before reading this book and when I started it I didn't know yet that I was in a kind of reading slump and so it was hard to get into it at first and then I stopped reading for a few days. But then I went back into it and it was impossible to stop me! And this book is truly amazing in so many ways!I'm so bad at giving stars to be honest, I'm hesitating between 4 or 5, I don't know, I was in a reading slump I didn't want to haha.Anyway, I'm loving this theme of circus and magic, I also read Caraval and I'm loving more and more this kind of atmosphere. (Should I add that I actually never went into a circus? But I would die to go into the circus of this book!)