La Mer sans étoiles : Le livre de Erin Morgenstern

C’est un roman que j’avais déjà vu passer pas mal de fois sur insta mais je n’avais jamais pris le temps de le découvrir. La première phrase a apparemment traumatisé plusieurs personnes dans mon challenge et j’ai découvert qu’il était assez bien aimé donc comme l’audio était dispo, je me suis enfin lancée. Quel régal ce fut ! Il sort complètement de ce que je peux lire habituellement et ça fait plaisir. Bon par contre, je vous conseille de ne pas de l’écouter en voiture, vous ne saisirez pas tout et le début demande pas mal de concentration pour relier toutes les petites informations qu’on reçoit. Malheureusement, je ne peux pas trop vous parler de quoi raconte ce livre sinon je vous spoilerais tellement et je n’ai pas envie de vous gâcher la découverte. Je peux simplement vous dire que ce sont plein d’histoires imbriquées et qu’elles ont peut-être toutes quelque chose en commun ou qu’elles sont possiblement reliées. J’ai beaucoup aimé les personnages. Il y en a plusieurs qui sont un peu à part dans la société mais il suffisait qu’ils rencontrent d’autres personnes et que cela déclenche certains éléments pour trouver leur place. J’ai bien apprécié ce décalage. En fait, ce bouquin est un décalage à lui tout seul, c’est vraiment difficile de parler de lui sans trop en dire. Si vous voulez vivre une expérience particulière, il faut tenter ce livre. L’audio est vraiment bien fait en plus donc je vous le conseille. D’ailleurs, cela est le genre de roman que je prendrais plaisir à relire/écouter.

Difficile de rédiger cette chronique sans trop en dire sur l’intrigue, mais j’ai été tellement transportée par cette lecture… Il faut que je pose des mots sur mes émotions. Je ne sais pas ce qui m’a le plus touchée entre l’histoire et la narration (malgré l’utilisation du présent…. J’exècre vraiment!), la poésie du style de l’autrice, son travail soigné sur sa prose et son récit, et l’intrigue tentaculaire qui se déploie lentement mais avec un rythme sur, les descriptions précises et le personnage principal que j’ai trouvé franchement bien écrit et sortant de l’ordinaire. Les passages cosys sont tellement réconfortants, j’avais l’impression d’être dans mon lieu de lecture rêvé #x1f979 C’est un roman si dense qu’il mérite forcément une relecture, et je pense qu’elle arrivera plus tot que prévu car l’ambiance du roman me manque déjà. En revanche on est clairement sur une lecture d’automne ou d’hiver, où l’on peut se blottir au chaud sous un plaid avec un bon thé aux épices.

Il arrive, parfois, qu’un livre arrive à point nommé. Il dormait là, sur nos étagères, attendant que l’on veuille bien s’y plonger. Et le jour où on s’installe enfin pour découvrir l’histoire qu’il renferme, on éprouve le vertige d’un récit qui répond précisément à ce que l’on traverse, à ce moment-là. Telle une main tendue par des personnages de papier, par-delà le temps et les travées. Dès les premières pages, désarçonnantes, j’ai su que La mer sans étoiles serait un coup de coeur. En revanche, je ne savais pas encore à quel point cette lecture me parlerait. Comment rédiger, alors, un retour de lecture sur une telle expérience ? J’ai l’impression que mes mots, même soigneusement choisis, ne suffiront pas à en rendre toute la puissance, toute la subtilité. La mer sans étoiles, c’est un roman et un lieu dans le roman. C’est l’histoire de Zachary, qui découvre un jour dans un livre sa propre histoire. C’est une histoire, dans une histoire, dans une histoire. Une mise en abyme, à l’image de cette bibliothèque aussi cachée que labyrinthique, royaume rêvé de tous ceux et toutes celles dont l’âme vibre avec les histoires. Plonger dans La mer sans étoiles, c’est s’aventurer sans boussole dans ses pages, tenter de discerner le sens disséminé à travers les symboles et les contes, jusqu’à ce que la clé nous soit enfin donnée. C’est éprouver la langueur d’un lieu qu’on ignorait désirer visiter, le bonheur de côtoyer des personnages aussi passionnés, la déchirure de les perdre… et, me concernant, le vertige de trébucher sur certains passages qui semblaient s’adresser à moi. Des passages qui ont profondément résonné en moi, sur la création, sur la façon dont on reçoit ou dont sont reçues les histoires. Rarement un roman m’aura ainsi procuré de telles émotions. J’ai été tour à tour envoûtée et bouleversée. Il m’a fallu plusieurs jours, après cette lecture, pour remettre de l’ordre dans mes pensées. Et le moindre roman ouvert me paraissait fade, en comparaison. La mer sans étoiles a laissé une empreinte profonde, et si je sais que j’y retournerai à l’avenir, je regrette déjà de ne plus la découvrir comme lors de cette première lecture, ignorant encore à quel point cette lecture serait à part. Un chef d’oeuvre d’écriture – Erin Morgenstern parvient à bâtir un univers riche, à le déployer à la façon d’une vertigineuse mise en abyme, en semant des fragments d’ouvrages et de contes comme autant de petits cailloux qui, mis bout à bout, finissent par offrir leurs secrets. À faire vivre des personnages en quelques mots, nous emportant dans leur pas comme si nous les accompagnions dans leur quête. Une expérience de lecture inoubliable.

Il m’est souvent arrivé de commencer un livre après une recommandation sans même en lire le résumé. Ce fut le cas pour La Mer sans étoiles, après avoir lu une critique dithyrambique sur Instagram. Il m’est parfois arrivé de commencer un livre et de comprendre dès les premières pages que j’ai affaire à un de mes nouveaux livres favoris. Les personnages gagnent mon intérêt aux premières lignes, l’intrigue m’attrape, la plume m’envoute. La Mer sans étoiles fait partie de ces romans où je me suis dit « qu’est-ce que je donnerais pas pour l’avoir écrit », puis « je suis heureuxse de ne pas l’avoir écrit, parce que je peux le découvrir ». C’est peut-être la manière dont Erin Morgensten a traité les thèmes, a fait résonner les motifs de son roman qui m’a plu plus que l’histoire en elle-même. La Mer sans Etoiles est une ode de six cent pages à la création et à la littérature. La construction des chapitres, entremêlant des contes à l’intrigue principale, est l’une des plus belles que j’ai lues. Ce qui est au départ une distraction poétique révèle peu à peu la complexité du monde dans lequel évoluent les personnages. Alors que la frontière entre la réalité et la fiction se brouille peu à peu, ce qu’il reste, c’est la beauté du conte, la beauté du monde. En un mot comme en cent : La Mer sans étoiles est autant un essai sur la puissance de la littérature qu’un roman passionnant, savamment construit et mené par ses personnages et sa narration. Les mondes qu’il crée sont des portes et chaque porte regorge de richesses. C’est à vous maintenant de choisir d’en ouvrir une.