Le désir de nouveautés - L'obsolescence au coeur du capitalisme (XVe-XXIe siècle) : Le livre de Jeanne Guien
" C'est nouveau, ça vient de sortir, c'est la mode... " Pourquoi ces discours font-ils vendre ? Comment expliquer qu'un produit mis récemment sur le marché paraisse plus désirable et plus fiable que les autres, aussitôt déclassés et considérés comme vieux, dépassés, obsolètes ?
Au gré de la diffusion du capitalisme depuis le XVIe siècle, la nouveauté est devenue un étalon de valeur. Dans la publicité et la communication des entreprises, elle est appliquée à tout et n'importe quoi, n'importe comment : des voitures restent nouvelles un an, des styles vestimentaires le redeviennent tous les vingt ans, des objets jetables le sont pendant quelques minutes, voire quelques secondes... Pourtant, en dépit de leur obsession pour le sujet, économistes et marketeurs peinent à définir la nouveauté et à justifier l'aura qu'ils lui prêtent. Ils sont incapables de mesurer le nombre de " nouveaux produits " commercialisés chaque année et constatent que la grande majorité de ces " lancements " échouent, cette offre ne répondant à aucune demande. Les acteurs du marché n'en continuent pas moins à encourager et à encenser l'" innovation ".
Cet ouvrage raconte comment, par leurs discours et leurs pratiques, marketeurs, publicitaires, économistes, mais aussi négociants, managers, politiques, designers ou scientifiques ont construit la nouveauté et sa valeur, sous des formes variées, absurdes, agressives. Du commerce colonial vantant les produits " exotiques " aux promesses de " progrès " et de " modernité " mécanique, électrique ou numérique, en passant par la " mode ", le " style " ou les produits jetables, il s'agit toujours de prêter aux consommateurs, et surtout aux consommatrices, un désir incontrôlable de nouveautés, afin de légitimer un modèle économique dévastateur : acheter, jeter, racheter.
Prix de l'essai EcoloObs 2025
De (auteur) : Jeanne Guien
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
davidgraveleau
• Il y a 2 semaines
En dépit de quelques critiques négatives (fourre-tout peu structuré, objet mal défini), j'ai adoré lire cet essai. L'ampleur du sujet (néophilie comme construction du discours marchand dominant et dominateur) justifie pour ma part l'écheveau de fils tressés : fourmillant d'exemples pertinents, les chapitres se complètent et se répondent. Une prise de notes s'impose, avec la chasse aux formules (et aux rares chiffres) qui font mouche. Cet opus magnifique poursuit en fait le travail analytique et militant de J. Guien. Il porte les traces de sa remarquable puissance de déconstruction des discours de domination propres à la société consumériste dans laquelle nous sommes immergés et qui vit de l'invisibilisation de ses défauts : précarité des travailleurs, surproduction imposant une surconsommation, multiplication des déchets, promotion absurde du jetable au dépend des ressources gaspillées, segmentation du corps social (sexisme, agisme, classisme, racisme) cible de la publicité (surexposition contraignante). Je recommande fermement la lecture et la diffusion (à quand la version poche ?)... En attendant une éventuelle transposition en BD, qui à l'instar d'un monde sans fin permettrait de toucher un très large public, notamment les jeunes générations
Lazare78
• Il y a 5 mois
La philosophe Jeanne Guien propose dans ce livre une critique du capitalisme ou plus exactement du consumérisme. Elle montre comment notre société est embarquée dans une course folle de renouvellement permanent des objets avec une obsolescence programmée acceptée par tous (ou presque). Les emplois actuels dépendent de cette habitude du jetable. La société est manipulée pour désirer toujours plus de nouveautés. On présente les femmes, par exemple, comme des êtres avides de toujours plus de neuf et on justifie ainsi l’existence de l’ultra fast fashion. L’autrice montre même que les maisons de haute couture ont lancé l’habitude d’un grand nombre de collections annuelles entraînant toujours plus d’achat (Karl Lagerfeld a relancé les collections « croisière » chez Chanel… comme si la croisière était une habitude chez le plus grand nombre !). Cette démonstration amène donc le lecteur à réfléchir à ce que serait une société (et une économie ) décroissante. Indispensable à l’heure actuelle ! Je remercie vivement les éditions de la Découverte et NetGalley pour cette lecture
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Sciences Humaines & Savoirs , Philosophie
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- EAN
- 9782348083426
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 352
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- Dimensions
- 242 x 156 mm
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23,00 € Grand format 352 pages