Le genre du capital - Comment la famille reproduit les inégalités : Le livre de Céline Bessière, Sibylle Gollac

Poche

La Découverte

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On sait que le capitalisme au XXIe siècle est synonyme d'inégalités grandissantes entre les classes sociales. Ce que l'on sait moins, c'est que l'inégalité de richesse entre les hommes et les femmes augmente aussi, malgré des droits formellement égaux et la croyance selon laquelle, en accédant au marché du travail, les femmes auraient gagné leur autonomie. Pour comprendre pourquoi, il faut regarder ce qui se passe dans les familles, qui accumulent et transmettent le capital économique afin de consolider leur position sociale d'une génération à la suivante. Fruit de vingt ans de recherches, ce livre analyse comment la société de classes se reproduit grâce à l'appropriation masculine du capital. Les autrices enquêtent sur les calculs, les partages et les conflits qui ont lieu au moment des séparations conjugales et des héritages, avec le concours des professions du droit. Des mères isolées du mouvement des Gilets jaunes au divorce de Jeff Bezos et MacKenzie Scott, des transmissions de petites entreprises à l'héritage de Johnny Hallyday, les mécanismes de contrôle et de distribution du capital varient selon les classes sociales, mais aboutissent toujours à la dépossession des femmes.

De (auteur) : Céline Bessière, Sibylle Gollac

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Expérience de lecture

Avis des libraires

Limpide et édifiant, [...] ce livre n'a pas besoin de lunettes de spécialiste pour être lu. Notamment parce qu'il est ourlé d'exemples concrets, tirés du travail empirique des chercheuses qui, d'un point de vue méthodologique, conjuguent ethnographie et approche statistique depuis pas loin de quinze ans. Parce qu'il parle, ce livre est même le meilleur cadeau à offrir à tout un chacun, qui serait convaincu par exemple d'être issu d'une famille a priori "éclairée' et "juste', ou encore d'être/d'avoir été la moitié d'un couple "équitable' et peut-être "progressiste' - "moderne', comme on dit. Car... peut-être pas (ou pas tant que ça), tous comptes faits.|Chloé Leprince
France Culture
Du livre Le Genre du capital, il y a deux leçons à retenir que Céline Bessière et Sibylle Gollac démontrent magistralement. La première : la famille n'a rien d'un cocon protégé des rapports de force économique. Entre époux, entre frères et sœurs, les inégalités y sévissent autant qu'ailleurs. Un exemple ? Aujourd'hui encore, c'est souvent le fils aîné qui empoche, dans les faits sinon devant la loi, la plus grande part de l'héritage familial. La deuxième : on parle régulièrement des inégalités de salaires entre homme et femme, mais on sait moins que les inégalités de patrimoine, elles, se sont accrues en vingt ans. L'écart de richesse entre les hommes et les femmes est passé de 9% en 1998 à 16% en 2015. L'économiste Thomas Piketty a montré à quel point les inégalités de capital étaient devenues centrales. Les sociologues Céline Bessière et Sibylle Gollac poursuivent le travail en dénonçant les inégalités de genre qui s'y greffent.|Sonya Faure
Libération
La grande force de ce livre est aussi d'articuler de façon subtile et convaincante analyse de classe et analyse de genre. [...] Économie, droit, sociologie, c'est au carrefour de ces trois disciplines que se situe l'objet de l'enquête, aucune de ces trois disciplines ne pouvant à elle seule en saisir toutes les dimensions. [...] Identifier, expliquer et comprendre les interactions multiples entre ces diverses dimensions et dégager les effets qu'elles exercent sur les inégalités entre hommes et femmes par l'observation objective et empathique de ces transactions intimes, comme l'ont fait Céline Bessière et Sibylle Gollac, c'est ouvrir à la sociologie des voies nouvelles et des chantiers pluridisciplinaires féconds.|Christian Baudelot
La vie des idées
Ce livre est d'abord remarquable par son style. Dieu sait si les sociologues sont enclins au jargon et à l'abstraction. Rien de tel ici : la plume est alerte, vivante. [...] Le propos est illustré par de nombreux exemples tirés de matériaux très riches, recueillis auprès des familles, des tribunaux, des avocats et des notaires. Et, bien entendu, par tous les chiffres qu'offre notre appareil statistique, Insee en tête. [...] Voilà un livre à placer d'urgence sur la table de chevet de chaque couple de ce pays. |Emmanuel Lechypre
L'Express
Si les travaux de Thomas Piketty et consorts ont à juste titre attiré l'attention sur les inégalités de patrimoine, ils ont largement occulté une variable pourtant cruciale : le genre. [...] Vivant et accessible malgré la rigueur de la démonstration, cet ouvrage éclaire un point aveugle des inégalités contemporaines, important à verser au débat public comme à glisser dans la boîte à outils des socio-économistes.|Igor Martinache
Alternatives Économiques
Comment comprendre ce qui semble s'apparenter à une loi, de plus en plus visible, selon laquelle le travail des femmes ne leur permet pas d'accumuler du capital aussi vite que les hommes, ou les en prive aux moments-clés d'une vie - mariage, divorce, succession ? Comment comprendre, en un mot, " le genre du capital " ? C'est l'objectif de ce livre important, fruit de longues années d'enquête là où se jouent l'accumulation et la reproduction du capital : dans les familles, d'une part, et au contact des professionnels du mariage et de la transmission - avocats, notaires, juges -, d'autre part. À force de statistiques, d'exemples tirés de longues monographies de familles et d'entretiens avec les professionnels des arrangements économiques qui se déroulent en leur sein, les auteures lèvent le voile sur les pratiques ordinaires qui conduisent à défavoriser systématiquement les femmes dans la fabrique des inégalités de patrimoine. |Gilles Bastin
Le Monde des Livres
C'est un essai qui se lit comme un roman, rempli d'histoires de familles anonymes ou célèbres et de mécanismes intériorisés.|V. R.
L'Obs

Avis Babelio

Celdema

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Le sujet est interessant donc ça méritait 4 ou 5 étoiles. Mais :Je n'ai pas appris beaucoup plus qu'en lisant leurs interviews. J'ai trouvé qu'il y a beaucoup de redites et que les démonstrations étaient rapides (on n'a rarement l'histoire entière sur leurs exemples en matière de divorce ou d'héritage).Du coup j'en ressors déçue et avec l'impression d'une lecture inutile.Donc 3 étoiles.

elisecorbani

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 an

Ce passionnant ouvrage, fruit d'une importante compilation de travaux de recherches sociologiques, est une lecture idéale pour nourrir et approfondir sa réflexion sur les discriminations économiques basées sur le genre. Si vous avez déjà lu des livres généralistes comme celui de Titiou Lecoq par exemple, Le couple et l'argent, vous retrouverez des sujets familiers, mais abordés avec plus d'ampleur et de profondeur. Les autrices revendiquent une démarche militante, souhaitant intégrer les apports des théories du genre à une démarche sociologique issue de Bourdieu. La thèse défendue est la suivante : le capital économique, dans le monde contemporain, est principalement et de plus en plus issu de l'héritage, donc de la famille ; or, malgré une stricte égalité défendue par le droit, les femmes sont pénalisées dans leur accès à la richesse par de multiples mécanismes sociaux de reproduction, qui se manifestent particulièrement dans les situations où la famille explose : successions et séparations. Pour scruter et comprendre ces mécanismes, les autrices présentent des analyses de données statistiques ou de dossiers, d'entretiens menés auprès de familles et de professionnels du droit de la famille, d'observation de rendez vous entre les professionnels et leurs clients de tous milieux sociaux. De nombreux récits de cas viennent illustrer le propos. Étant déjà bien sensibilisée au sujet, j'ai appris beaucoup en lisant ce livre agréablement écrit, aux conclusions lucides mais cruelles, dont il me semble que la posture militante ne dessert pas le souci scientifique. Un ouvrage de référence sur un sujet tabou mais central, dont on parle finalement trop peu dans les revendications féministes, alors qu'il est absolument central, et chaque femme peut en témoigner par sa situation personnelle ou celle de ses amies ou proches.

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ambresf

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 ans

formidable, et rageant... ou comment le patriacat influe sur le patrimoine de chacun des 2 sexes, en lésant, évidemment, toujours la même moitié de la population. malgré le sujet parfois ardu, la vulgarisation est suffisante pour que l'on comprenne les éléments apportés par les autrices. passionnant!

foxinthesnow

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 ans

Un essai passionnant, fruit de 15 années de recherche. Les deux sociologues ont pénétré les cabinets des notaires, avocat•es et magistrat•es, afin d'étudier les coulisses des héritages et des séparations. Que ce soit le divorce d'un PDG d'une entreprise de transport, celui de mères isolées, ou la mort très médiatisée de Johnny Hallyday, elles passent au crible le contrôle, la circulation et la répartition de l'argent entre les personnes. Les mécanismes aboutissent majoritairement en défaveur des pauvres : ce sont des cas moins intéressants à défendre pour des avocat•es commis•es d'office qui n'ont que peu de temps à leur accorder, contrairement aux avocat•es et notaires aux tarifs élevés qui prennent le temps sur le dossier de leurs client•es riches, se familiarisent, et offrent diverses combines pour de l'optimisation fiscale éventuellement... Et en défaveur  des femmes : des pensions alimentaires faibles ou inexistantes, ne prenant pas en compte le travail domestique et le coût réel de l'éducation des enfants; et pour les héritages, des lignées masculines dans lesquelles on confie différemment l'argent à un homme, censé mieux savoir comment le faire fructifier. Les a priori sexistes sont nombreux. Les femmes ne sauraient pas bien gérer l'argent. Dans les classes populaires ce sont souvent elles qui le gèrent ; mais dans les classes supérieures, quand il y a beaucoup d'argent, il est contrôlé par un homme, qui garde le contrôle et le pouvoir. Les discriminations juridiques ont longtemps empêché les femmes d'accumuler de la richesse. Aujourd'hui les lois permettent une égalité théorique, qui n'est pas réalisée en pratique. L'inégalité est souvent due à des arrangements économiques familiaux. Or, avoir du patrimoine détermine l'accès à l'éducation, à l'emploi, au logement. Il y a plein de cas décrits finement. Celui que je garde le + en tête est la succession de 2 soeurs et 1 frère, organisée avant décès des parents. Le frère hérite de + de patrimoine (locaux) pour monter son propre commerce (une boulangerie) et l'accord trouvé est de payer des pains au chocolat à ses soeurs tous les matins pendant quelques années. Oui, ça sent l'arnaque, et les femmes se font souvent avoir dans ses transactions intimes qui mêlent les valeurs, les obligations morales et l'argent. Les sociologues prouvent qu'après un XXè ayant réduit la part de l'héritage dans le capital des personnes (on pouvait aussi acquérir du capital avec son travail, par exemple), on constate un retour du nécessaire héritage, et un retour de l'institution familiale comme acteur clé de l'économie. Qui renforce par conséquent les frontières de race et de classe. Rejoignant les thèses des féministes matérialistes et de l'économie Thomas Piketty, cet ouvrage fabuleux explorent les inégalités dans la France contemporaine, et m'a fait découvrir dans le détail les professions juridiques...qui jouent leur rôle aussi dans le creusement des inégalités économiques entre hommes et femmes, entre riches et pauvres. En un mot, les classes sociales doivent être observées à partir des rapports familiaux et des inégalités de genre.

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Fiche technique du livre

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14,00 € Poche 324 pages