Le genre du capital - Comment la famille reproduit les inégalités : Le livre de Céline Bessière, Sibylle Gollac
On sait que le capitalisme au XXIe siècle est synonyme d'inégalités grandissantes entre les classes sociales. Ce que l'on sait moins, c'est que l'inégalité de richesse entre les hommes et les femmes augmente aussi, malgré des droits formellement égaux et la croyance selon laquelle, en accédant au marché du travail, les femmes auraient gagné leur autonomie. Pour comprendre pourquoi, il faut regarder ce qui se passe dans les familles, qui accumulent et transmettent le capital économique afin de consolider leur position sociale d'une génération à la suivante. Fruit de vingt ans de recherches, ce livre analyse comment la société de classes se reproduit grâce à l'appropriation masculine du capital. Les autrices enquêtent sur les calculs, les partages et les conflits qui ont lieu au moment des séparations conjugales et des héritages, avec le concours des professions du droit. Des mères isolées du mouvement des Gilets jaunes au divorce de Jeff Bezos et MacKenzie Scott, des transmissions de petites entreprises à l'héritage de Johnny Hallyday, les mécanismes de contrôle et de distribution du capital varient selon les classes sociales, mais aboutissent toujours à la dépossession des femmes.
De (auteur) : Céline Bessière, Sibylle Gollac
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Celdema
• Il y a 2 mois
Le sujet est interessant donc ça méritait 4 ou 5 étoiles. Mais :Je n'ai pas appris beaucoup plus qu'en lisant leurs interviews. J'ai trouvé qu'il y a beaucoup de redites et que les démonstrations étaient rapides (on n'a rarement l'histoire entière sur leurs exemples en matière de divorce ou d'héritage).Du coup j'en ressors déçue et avec l'impression d'une lecture inutile.Donc 3 étoiles.
elisecorbani
• Il y a 1 an
Ce passionnant ouvrage, fruit d'une importante compilation de travaux de recherches sociologiques, est une lecture idéale pour nourrir et approfondir sa réflexion sur les discriminations économiques basées sur le genre. Si vous avez déjà lu des livres généralistes comme celui de Titiou Lecoq par exemple, Le couple et l'argent, vous retrouverez des sujets familiers, mais abordés avec plus d'ampleur et de profondeur. Les autrices revendiquent une démarche militante, souhaitant intégrer les apports des théories du genre à une démarche sociologique issue de Bourdieu. La thèse défendue est la suivante : le capital économique, dans le monde contemporain, est principalement et de plus en plus issu de l'héritage, donc de la famille ; or, malgré une stricte égalité défendue par le droit, les femmes sont pénalisées dans leur accès à la richesse par de multiples mécanismes sociaux de reproduction, qui se manifestent particulièrement dans les situations où la famille explose : successions et séparations. Pour scruter et comprendre ces mécanismes, les autrices présentent des analyses de données statistiques ou de dossiers, d'entretiens menés auprès de familles et de professionnels du droit de la famille, d'observation de rendez vous entre les professionnels et leurs clients de tous milieux sociaux. De nombreux récits de cas viennent illustrer le propos. Étant déjà bien sensibilisée au sujet, j'ai appris beaucoup en lisant ce livre agréablement écrit, aux conclusions lucides mais cruelles, dont il me semble que la posture militante ne dessert pas le souci scientifique. Un ouvrage de référence sur un sujet tabou mais central, dont on parle finalement trop peu dans les revendications féministes, alors qu'il est absolument central, et chaque femme peut en témoigner par sa situation personnelle ou celle de ses amies ou proches.
ambresf
• Il y a 3 ans
formidable, et rageant... ou comment le patriacat influe sur le patrimoine de chacun des 2 sexes, en lésant, évidemment, toujours la même moitié de la population. malgré le sujet parfois ardu, la vulgarisation est suffisante pour que l'on comprenne les éléments apportés par les autrices. passionnant!
foxinthesnow
• Il y a 3 ans
Un essai passionnant, fruit de 15 années de recherche. Les deux sociologues ont pénétré les cabinets des notaires, avocat•es et magistrat•es, afin d'étudier les coulisses des héritages et des séparations. Que ce soit le divorce d'un PDG d'une entreprise de transport, celui de mères isolées, ou la mort très médiatisée de Johnny Hallyday, elles passent au crible le contrôle, la circulation et la répartition de l'argent entre les personnes. Les mécanismes aboutissent majoritairement en défaveur des pauvres : ce sont des cas moins intéressants à défendre pour des avocat•es commis•es d'office qui n'ont que peu de temps à leur accorder, contrairement aux avocat•es et notaires aux tarifs élevés qui prennent le temps sur le dossier de leurs client•es riches, se familiarisent, et offrent diverses combines pour de l'optimisation fiscale éventuellement... Et en défaveur des femmes : des pensions alimentaires faibles ou inexistantes, ne prenant pas en compte le travail domestique et le coût réel de l'éducation des enfants; et pour les héritages, des lignées masculines dans lesquelles on confie différemment l'argent à un homme, censé mieux savoir comment le faire fructifier. Les a priori sexistes sont nombreux. Les femmes ne sauraient pas bien gérer l'argent. Dans les classes populaires ce sont souvent elles qui le gèrent ; mais dans les classes supérieures, quand il y a beaucoup d'argent, il est contrôlé par un homme, qui garde le contrôle et le pouvoir. Les discriminations juridiques ont longtemps empêché les femmes d'accumuler de la richesse. Aujourd'hui les lois permettent une égalité théorique, qui n'est pas réalisée en pratique. L'inégalité est souvent due à des arrangements économiques familiaux. Or, avoir du patrimoine détermine l'accès à l'éducation, à l'emploi, au logement. Il y a plein de cas décrits finement. Celui que je garde le + en tête est la succession de 2 soeurs et 1 frère, organisée avant décès des parents. Le frère hérite de + de patrimoine (locaux) pour monter son propre commerce (une boulangerie) et l'accord trouvé est de payer des pains au chocolat à ses soeurs tous les matins pendant quelques années. Oui, ça sent l'arnaque, et les femmes se font souvent avoir dans ses transactions intimes qui mêlent les valeurs, les obligations morales et l'argent. Les sociologues prouvent qu'après un XXè ayant réduit la part de l'héritage dans le capital des personnes (on pouvait aussi acquérir du capital avec son travail, par exemple), on constate un retour du nécessaire héritage, et un retour de l'institution familiale comme acteur clé de l'économie. Qui renforce par conséquent les frontières de race et de classe. Rejoignant les thèses des féministes matérialistes et de l'économie Thomas Piketty, cet ouvrage fabuleux explorent les inégalités dans la France contemporaine, et m'a fait découvrir dans le détail les professions juridiques...qui jouent leur rôle aussi dans le creusement des inégalités économiques entre hommes et femmes, entre riches et pauvres. En un mot, les classes sociales doivent être observées à partir des rapports familiaux et des inégalités de genre.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Sciences Humaines & Savoirs , Sciences Humaines & Sociales
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- EAN
- 9782348075803
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- Collection ou Série
- La Découverte Poche / Sciences humaines et sociales
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 324
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- Dimensions
- 191 x 128 mm
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14,00 € Poche 324 pages