Le jeu de la dame : Le livre de Walter Tevis, Garance Thénault

J'incline mon roi : Walter Tevis a gagné la partie. Pourtant, les étapes de l'ascension de Beth Harmon dans le monde des échecs et de ses aventures sentimentales sont un peu répétitives. Et cependant, je n'ai pas décroché de ces 430 pages. L'auteur y déploie en particulier un grand talent pour décrire de façon crédible des tournois où on a l'impression de visualiser l'échiquier aux moments critiques de chacune des parties et d'être face à des joueurs aux personnalités très différentes. "Il n'y a pas que les échecs dans la vie" : un mantra qu'on retrouve dans ce roman. Sans doute, mais c'est tout de même autour de ce jeu que tourne la vie de l'héroïne, tourmentée par la peur de la solitude et par ses addictions, ce qui m'a rappelé le héros d'un autre roman de l'auteur : L'Homme Tombé du Ciel. Mais cette fois, l'héroïne surmontera ses addictions. Elle apprendra aussi que les échecs sont un sport d'équipe et retrouvera le plaisir d'une partie disputée avec un anonyme dans un parc, deux superbes moments et deux belles leçons du roman.

Très bon livre, je l'ai dévoré en 48h. N'ayant pas vu la série je ne m'attendais à rien et , tant mieux. L'histoire est plaisante et passionnante malgré une méconnaissance totale, pour ma part, des échecs. On se surprend à connaître les différents coups sans pour autant en visualiser grand chose. On soutient Beth dans son ascension au travers des différents tournois, même si j'ai trouvé ses états d'âme parfois redondants. Un livre très sympa.

Alors déjà, c’est très bien, ensuite, j’ai pas vu la série donc je pars sans a priori. Mais du coup ça m’a donné envie de voir la série, ça prouve la qualité du bail ! En plus il y a plein de moments assez cinématographiques, on « voit » le roman quand on le lit. J’ose pas imaginer le travail titanesque de recherche sur les échecs qu’il a fallu faire pour pouvoir en parler avec autant de finesse. C’est d’autant plus remarquable que ça se lit très bien même si, comme moi, on y connaît rien aux échecs. Mais ça m’a donné envie de m’y intéresser, voire de jouer les coups du livre sur un échiquier pour voir ce qui s’y passe. Les parties sont magnifiquement décrites, comme des ballets, des combats, des noyades, des orgasmes… On comprend comment notre héroïne vit à travers les échecs et plus généralement comment on peut vivre à travers une passion, malgré les embûches. Ici en l’occurence c’est l’alcool, l’addiction aux médicaments et l’absence de famille. Mais la puissance de Beth Harmon, comme elle nous est relatée, relativise un peu tout ça. C’est mon seul petit reproche, ça et la légère redondance de la structure (tournoi, danger, entraînement, on reboucle…). Mais attention ça reste quand-même un vrai page turner qui se dévore avec délice !

Mais quel roman incroyable... Une fois encore, cette parution chez les éditions Gallmeister ne sera pas restée longtemps entre mes mains. A l'image des déboires de son personnage principal, cette lecture est une vraie drogue. Alors en premier lieu, on se présente plus Walter TEVIS notamment au vu de tous ses nombreux livres mondialement connus et, pour la plupart, transposés à l'écran. Si vous avez vu la mini-série du même nom, celle-ci est extrêmement fidèle au roman. C'est l'histoire de Beth Harmon, confiée à un orphelinat après la mort tragique de sa mère dans un accident de voiture. Beth va devoir se plier à la discipline et au traitement médicamenteux de cette institution. Traitement qui va peu à peu rendre la jeune Beth accro. Et puis un jour, elle croise le chemin de l'homme à tout faire de l'orphelinat, Mr. Shaibel un passionné du jeu d'échecs qui joue seul contre lui-même dans son sous-sol. D'abord opposé, il finit par apprendre le principe des échecs à Beth. La jeune fille va très vite montrer des prédispositions sur les déplacements des pièces et les différentes stratégies à adopter. Le soir venu, les drogues de Beth vont lui permettre de transfigurer les pièces et l'échiquier sur le plafond de sa chambre et dans son propre esprit, lui facilitant l'anticipation de tous les mouvements possibles dans une partie. Peu à peu, Mr. Shaibel décide de parler de Beth à l'organisateur de tournois d'échecs du lycée. Pour Beth, ça va être le début de la consécration, jusqu'au jour où un couple assez distant décide de venir l'adopter. De tournois en tournois, au fil des rencontres, des lectures, d’entraînements, Beth va être propulsée au devant de la scène internationale mais sa dépendance aux médicaments et à l'alcool va peu à peu la rendre encore plus dépendante aux drogues qu'aux échecs. Beth va devoir choisir entre sombrer dans le néant ou resplendir dans la lumière du firmament auquel elle a toujours été destinée. Un roman incroyable! J'ai passé des moments juste exceptionnels aux côtés de Beth, dans sa lutte contre sa dépendance aux cachets et à la boisson. mais aussi dans cette sorte d'enfermement, de prison psychologique qu'elle s'est créé pour tenter de résoudre tous les pièges possibles aux échecs. On ressent un véritable travail de recherche de la part de l'auteur, lui-même passionné d'échecs à son humble niveau à l'époque. On se prend réellement au jeu et à ce besoin inévitable de déborder d'empathie pour Beth. J'ai adoré le personnage et l'écriture de TEVIS nous donne cette impression de coller au plus prêt de l'histoire et du personnage. On a cette sensation d'être posé sur l'épaule de Beth et d'intégrer sa conscience et ses pensées. La scène, aussi brève soit elle, où Beth ressent une legère tristesse à l'idée de ne jamais avoir pu revoir ni remercier celui qui l'a initié aux échecs m'a énormément ému. Et pour ceux qui en doutait encore, le titre original "The Queen Gambit" / Le Gambit de la Dame, aura bien sa signification à la toute fin du roman lorsque Beth va devoir aller affronter les russes réputés les plus grands joueurs de la planète. "Le jeu de la dame", même si vous avez dégusté la série, foncez vous plonger dans sa véritable histoire!