Requiem pour la Dame Blanche : Le livre de Eric Fouassier, Christophe Brault, Garance Thénault

Eric Fouassier reprend les codes du meurtre en chambre close, un style de roman policier apparu à la fin du 19ème siècle, pour ce roman dont l’ouverture se fait sur un aérodrome en 1916. Cette fois, le meurtre a eu lieu dans un biplan qui vient tout juste d’atterrir. Un seul pilote, mort, une dague en travers de la gorge. C’est le moment de faire travailleur ses neurones, de relire les paragraphes une seconde fois et d’extrapoler des théories. Car il y a autant de motifs que d’invités à cette petite sauterie à la mode anciens combattants : jalousie, vengeance ou dépit. Il n’est pas certain que le meurtrier vous saute aux yeux. Ce ne fut pas le cas pour moi.

J'ai beaucoup aimé ce nouveau genre de roman policier, teinté d'écriture vintage. L'intrigue se situe dans la Somme ; un huis clos entre anciens combattants de la grande guerre, suite à l'exécution d'un chanteuse, qu'ils ont perpétrée en 1916. On progresse au rythme de l'enquêteur avec des allers retours entre passé et présent. Atmosphère oppressante où les lieux et les personnages ont leur importance.

Voici le premier roman d'Eric Fouassier que je lis, mais ce ne sera certainement pas le dernier. J'avais entendu beaucoup de bien de sa série Le Bureau des affaires occultes et les nombreux détails historiques qui s'y rapportaient. Dans celui-ci deux époques se superposent. La Première Guerre mondiale et les années 1930 où vont se dérouler l'histoire. 1930 : deux ouvriers découvrent le squelette d'un pigeon voyageur dans un conduit de cheminée. Il porte encore un message autour de la patte. A la suite de cette découverte, le colonel Saint-Léger réunit cinq anciens soldats dans sa maison de campagne, pour découvrir la vérité sur deux morts violentes vieilles de quinze ans. .1916 : Sibyl, la Dame blanche du titre tient un cabaret "le Paradis enchanté" proche de la ligne de front. Elle y reçoit de hauts gradés. Soupçonnée d'être une espionne, elle est exécutée sommairement par un groupe de six soldats menés par Saint-Léger. Quelques jours plus tard, l'un d'entre eux, l'aviateur Albert Saulx, est tué lors d'un combat aérien. Ses camarades le retrouvent dans le cockpit, transpercé par une baïonnette allemande, le corps recouvert de roses rouges. Juste avant de s'envoler, il avait confié une enveloppe à ouvrir "en cas de malheur", en affirmant qu'ils avaient commis "une terrible erreur". Les survivants se retrouvent donc dans une maison isolée, construite sur les ruines de l'ancien cabaret. Le message retrouvé sur le pigeon, va permettre de décoder la lettre de l'aviateur. Mais les évènements se précipitent. Deux d'entre eux sont tués, sans qu'on puisse comprendre comment le meurtre a pu avoir lieu. Et la neige empêche toute communication. J'ai mis un peu de temps à entrer dans l'histoire, essentiellement à cause de la temporalité. Le passé est raconté de manière incomplète et tardivement. C'est peu à peu que le lecteur arrive à assembler la chronologie des événements et comprend les liens entre les personnages. L'épilogue même raconte une scène antérieure à l'histoire principale J'ai cependant beaucoup aimé cette histoire terrible, où le passé et la vengeance sont les principaux acteurs. J'ai trouvé intéressant le côté historique et la dénonciations des horreurs commises pendant la guerre au nom de la patrie.

Une belle découverte Je n'avais encore jamais lu Eric Fouassier et j'ai trouvé sa plume vraiment plaisante. Les décors sont parfaitement plantés. La guerre et les premiers aviateurs, un manoir isolé pour faire surgir la vérité sur le passé. Le roman construit en plusieurs parties garde son suspense tout le long. Certaines révélations sont surprenantes et la fin ne peut se deviner. Les personnages ont des caractères vraiment très différents les uns des autres et ont tous plusieurs facettes. Ils peuvent s'avérer étonnants. L'écriture est visuelle et détaillée, l'ambiance, les périodes et les lieux sont parfaitement posés. Bien que l'histoire soit un huis-clos, il n'y a rien d'étouffant au récit. Il ne me reste plus qu'à découvrir les autres romans de l'auteur qui sont dans ma PAL.