Le Lac : Le livre de Yana Vagner

TOME 2 À quatre cents kilomètres du cercle polaire, la suite du premier tome @Vongozero est tout aussi prenante ! Toujours en Russie, le lecteur suit les mêmes personnages dans leur nouvel environnement, installés dans l'inconnu. Malheureusement, tout pour compliquer les choses - parce qu'il s'agit d'une question de vie ou de mort - il faut que cela survienne pendant la période la plus froide de l'année. L'avenir n'est ainsi pas très reluisant dans "Le lac", où chaque jour est une bataille, l'imprévu constant, un stress d'être incapable d'envisager plus loin que demain, à vivre au jour le jour comme si cela était le dernier. C'est le climat qui a le dernier mot... Et puis, en des contrées aussi lointaines, n'importe quoi peut tout faire chavirer. " Nous comprîmes soudain, pour le constater de visu, que la moindre broutille, depuis une banale crise d'appendicite jusqu'à un malencontreux clou rouillé qui vous transperçait la peau et vous injectait dans le sang le bacille tétanique somnolent entre ses écailles corrodées, la moindre broutille, donc, était susceptible de faire périr sans sourciller l'un ou l'autre d'entre nous, comme ça, inopinément et quel que soit son âge. Bons ou mauvais, dignes ou non d'être sauvés, qu'importe, (...)." Anna et son entourage devront faire montre de beaucoup de résilience pour réussir à endurer les nouvelles épreuves dans un contexte non moins difficile que la fuite. Manque de ressources, manque d'espace, d'intimité, dissensions au sein du groupe, craintes à propos du futur... À nouveau, j'ai beaucoup aimé cette histoire malgré le tempérament désagréable de certains personnages. Il est étonnant de constater à quel point l'écriture d'un auteur peut tout-à-fait nous embarquer...ou pas. Les tomes 1 et 2 ne sont pas d'un rythme trépidant mais il se tient, fort, tout le long. Encore ici, je ne me suis pas du tout ennuyée, je pense réellement que cela est dû au talent de l'autrice - tout comme celui de la traductrice ! - à sa manière tangible d'impliquer tous les personnages même s'ils ne font pas nécessairement grand-chose. Le noyau est solide. Alors que parfois, la suite tend à s'essouffler, ici j'ai apprécié tant le deuxième que le premier tome. L'ambiance est réussie : angoissante, pesante, le lecteur arrive à se représenter le lieu, le ressenti des autres, absolument tout. Yana Vagner, à travers ses phrases longues et superbes, dépeint un portrait plutôt sombre d'un monde dont lequel nous ne sommes point à l'abri... "Une obscurité pareille, absolue, complète, silencieuse, on n'en rencontre jamais en ville - les nuits urbaines reculent devant la lumière jaune des réverbères et vibrent de la circulation automobile, du doux bourdonnement des appareils électriques, de millions d'organismes pulsant, respirant alentour ; dans l'endroit où nous nous sommes enterrés de notre plein gré, il suffit de s'écarter à deux pas de notre maison et tout se dissout instantanément dans l'encre d'épaisses ténèbres, alors on se hâte de rentrer, on court presque, les bras tendus devant soi, terrifié à l'idée que pendant ces quelques minutes d'absence, la maisonnette et tout ce qui se trouve à l'intérieur, dont l'existence ne faisait jusqu'alors aucun doute, aient disparu sans laisser de traces ; on aura beau avancer alors, nos mains ne rencontreront plus qu'un vide opaque." Ce roman d'hiver imprévisible se dévore dans des conditions idéales pour nous lecteurs, installés dans nos modes de vie confortables et sécuritaires, chanceux que nous sommes. Il est à souhaiter de ne jamais nous retrouver confrontés à des conditions similaires...et pourtant...chaque jour, l'existence nous rappelle à quel point l'humain est vulnérable. Frissons garantis ! CHALLENGE PLUMES FÉMININES 2025

Le récit commence exactement là où il se terminait dans Vongozero et comme il n’y a pas de bref rappel du passé de chacun des personnages j’ai remis peu à peu en place le « qui fait quoi » en lisant le premier tiers de l’histoire. L’histoire aurait peu être terriblement ennuyeuse avec ce huis clos étouffant mais l’autrice réussit à créer des situations stressantes et des retournements de situations tout au long du récit. Il y a juste quelques longueurs au milieu du livre. Le roman est très bien écrit dans la tradition russe avec la description de quelques us et coutumes locaux. Au final, une duologie plaisante à lire

Suite et fin de Vongozero de Yana Vagner nous retrouvons Sergueï, Leonid, Andreï, Irina, Marina, Natasha et les enfants au bord du lac où nous les avions quittés alors que l'hiver subarctique de la Carélie s'apprête à fondre sur eux. Le groupe d'infortunés transfuges de Moscou se retrouve alors pris dans le plus grand dénuement. En effet, rien n'aurait pu les préparer à la fin du monde moderne et à la rudesse de l'hiver dans la Taïga russe. Manquant à plusieurs reprises de crever de faim tant leur pêche se révèle être infructueuse. En outre, l'absence de nourriture, la promiscuité et un groupe de trois hommes ayant remplacé les morts de l'autre rive vont petit à petit créer des dissensions au sein du groupe. Le virus et les aléas de la vie prendront également par à l'anéantissement progressif du groupe [masquer]Andreï mourra noyé et Leonid et Marina contracteront leur virus, seule Dasha (leur fille) développera une immunité. [/masquer] Au final la fin est inattendue mais elle géniale. Je n'aurais jamais songé que le roman puisse se terminer ainsi.

Vous pouvez respirer ! L'étau s'est desserré. Mais ne croyez pas pour autant être sorti d'affaire ... Ceci étant dit, il ne faudra pas en dire plus. Ce serait "divulgâcher". Et "divulgâcher" c'est vilain. Pas bien ! Non, pas bien ! Après douze jours de route, huit adultes et trois enfants se sont enterrés de leur plein gré tout près du cercle polaire, sur une île près d'un lac dans un piteux logis de pêcheur. Encore quatre mois et ce sera l'été, mais il ne reste que pour un mois de vivres ... "Le lac" est la suite de "Vogonzéro" , le premier livre anxiogène mais tellement addictif de Yana Vagner. L'action y est moins tendue, moins rapide mais tout aussi prenante. Yana Vagner n'a pas lancé ses personnages dans une deuxième partie par plaisir ou par intérêt. Ce deuxième opus est un aboutissement qui, au final, paraît nécessaire à son récit. Et, il est tout aussi bien écrit que le premier, tout aussi passionnant. J'ai lu quelque part, sur Babelio, une citation, citation anonyme, mais qui relayait le titre d'un article du blog d'un certain Mr Sagalovitsch. Cette citation engageait à laisser tomber Netflix, et à se "remettre dare-dare à la lecture pour éviter cette hyper consommation de séries en tout genre, qui nous rend de plus en plus absents au monde, comme pris dans une sorte de somnambulisme collectif qui signerait la défaite de la pensée". Car, selon lui, nous lirions moins, nous réfléchirions moins, nous serions de moins en moins attirés par les jeux de l'esprit, retirés dans la commodité d'un imaginaire auquel nous succombons sans effort". Ça fait peur ! Non ? En tout cas, moi après avoir lu "le lac" de Yana Vagner, j'attends avec impatience la deuxième saison de "to the lake" sur cette même plate-forme de streaming que je ne renommerai pas, de peur de perdre encore un neurone ! C'est qu'il fout les jetons le monsieur avec ses prédictions "nostradamesques" et quelque peu déclinistes, il faut bien le dire. La bibliothèque s'épouvante ! La feuille du livre frémit ! De peur d'être à jamais délaissée ... C'est que les périls sont nombreux lorsque l'on est un petit bouquin : la liseuse, la télé, le cinéma, l'ordi, le téléphone portable, la mauvaise littérature, le lecteur fâcheux et même la colle douteuse qui laisse s'envoler les pages. Heureusement qu'il semble que les librairies soient bien fréquentées, que les ventes de livres d'occasion n'ont jamais autant drainé de monde, que les petites maisons d'édition se multiplient, etc., et cétéra, et cætera .... Que dieu me savonne, et que Nostradamus me pardonne ! Je m'égare, je m'égare. Tout ça pour dire que ce livre est un bon livre, que la série n'en démérite pas moins. Et que la peur n'évite pas le danger ! ...