Le Mariage de Figaro : Le livre de Beaumarchais

D’aussi loin que je me souvienne, c’est la première pièce de théâtre en lecture obligatoire que j’ai réellement appréciée. Des années plus tard, je l’ai relue… et je comprends pourquoi. On suit Figaro, un valet rusé, en pleine préparation de son mariage avec Suzanne, servante de la comtesse. Mais cette journée tourne vite au chaos : Entre un comte de plus en plus suspect, des tentatives de faire valoir le “droit de cuissage”, des dettes, des quiproquos, et des jalousies… Quelle sacrée journée ! C’est drôle, vif, engagé, et bien plus moderne qu’on ne l’imagine. On parle souvent de la ruse de Figaro, mais les véritables héroïnes de l’œuvre sont, selon moi, Suzanne et la Comtesse. Deux femmes brillantes, solidaires, et bien plus stratèges que les hommes qui les entourent. Un vrai vent de féminisme avant l’heure. Et là, je comprends pourquoi la pièce a été censurée au XVIIIe siècle : Beaumarchais n’épargne ni l’aristocratie, ni les privilèges. Ses personnages bousculent les normes et ça fait un bien fou. Le seul petit frein ? Un français du XVIIIe siècle qui peut un peu dérouter au début. Mais une fois plongé.e dedans : c’est un régal. À lire, à relire, à savourer.

"Le Mariage de Figaro", écrit en 1778 mais censuré jusqu’en 1784, est la seconde pièce de la trilogie de Beaumarchais centrée sur le personnage de Figaro. Comédie en cinq actes, elle s’affirme comme un chef-d’œuvre du théâtre français du XVIIIe siècle, alliant avec brio divertissement, satire sociale et critique des privilèges. Cette pièce, à la fois enjouée et subversive, est souvent considérée comme annonciatrice des bouleversements de la Révolution française. Sur le plan dramaturgique, "Le Mariage de Figaro" suit la tradition de la comédie de mœurs tout en la modernisant. L'intrigue tourne autour des tentatives du comte Almaviva pour séduire Suzanne, la fiancée de son valet Figaro, et des multiples stratagèmes mis en place par les domestiques pour déjouer ses avances. Le rythme est soutenu, les quiproquos nombreux, et les retournements de situation finement orchestrés. Beaumarchais maîtrise parfaitement l'art du dialogue et construit des scènes dynamiques, marquées par l’humour, l’ironie et la répartie. Sous l’apparente légèreté de la comédie se cache une critique frontale de la société d’Ancien Régime. À travers la figure de Figaro, Beaumarchais donne voix au Tiers État, dénonçant les injustices liées à la naissance et les abus de pouvoir de l’aristocratie. Le célèbre monologue de Figaro dans l’Acte V, où il s’insurge contre les privilèges des nobles et réclame le mérite comme seul critère de distinction, marque un tournant : le théâtre devient ici tribune politique. Cette audace valut à la pièce d’être longtemps interdite, car elle mettait en cause les fondements mêmes de la monarchie absolue. Les personnages de Figaro dépassent les archétypes traditionnels de la comédie. Figaro n’est pas un simple valet rusé : il est intelligent, cultivé, subversif, et porte une conscience politique rare pour un personnage issu de la domesticité. Suzanne, son pendant féminin, brille par son esprit et sa lucidité, s’affirmant comme une figure féminine forte et stratège. Même le comte Almaviva, bien qu’arrogant et manipulateur, n’est pas caricatural : il incarne les contradictions d’une noblesse en déclin, à la fois ridicule et inquiétante. "Le Mariage de Figaro" séduit encore aujourd’hui par sa vivacité et sa pertinence. Il s'agit d'une œuvre engagée qui interroge les rapports de pouvoir, de classe et de genre, tout en divertissant par sa richesse théâtrale. Le texte de Beaumarchais, en apparence léger, déploie une lucidité mordante sur les travers de son époque, mais qui trouve des échos dans la société contemporaine. Entre comédie brillante et réquisitoire social, "Le Mariage de Figaro" est une œuvre ambitieuse et essentielle. Par son écriture alerte, ses personnages vifs et sa portée critique, Beaumarchais réussit le pari d’un théâtre à la fois populaire, politique et profondément humain. Lire ou voir cette pièce, c’est plonger dans une époque en ébullition, tout en redécouvrant l’intemporelle lutte pour la justice, l’égalité et la liberté.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire qui m'a parue étrangement assez brouillonne, avec énormément de personnages pour lesquels je ne me suis pas sentie particulièrement attachée. Malgré tout, je note que c'est très bien écrit et il y a beaucoup de comique - après avoir vu cette pièce adaptée au théâtre, j'ai pu voir tout son potentiel comique et je l'ai vraiment apprécié.

Voilà une pièce de théâtre qui donne envie de chanter et Mozart ne s'y est pas trompé en adaptant "Le mariage de Figaro" de Beaumarchais en opéra-bouffe sous le titre Le nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) avec un livret de Lorenzo da Ponte. La pièce se déroule sur un jour d'où le titre "La Folle journée ou le mariage de Figaro" qui n'est pas neutre car nous sommes entraînés dans un tourbillon de quiproquos et de chants pour une comédie engagée. Je comprends son interdiction car elle dénonce le droit de cuissage et critique la noblesse et les valeurs du pouvoir monarchique absolu. Il faut dire que nous sommes cinq ans avant la révolution française et cela a son importance. Le matin de cette folle journée au château Almaviva près de Séville, Figaro et Suzanne, respectivement valet et camériste du Comte et de la Comtesse, préparent leurs noces. Suzanne révèle à celui qu'elle aime que le comte lui fait des avances et veut rétablir le droit de cuissage qu'il avait aboli il y a trois ans pour son propre mariage avec Rosine. Cela plombe l'ambiance de la fête à venir. Alors, la comtesse délaissée par son époux libertin va être de la partie en aidant Figaro et Suzanne pour déjouer les pièges d’Almaviva et éviter les embûches sournoises de Marceline, Bartholo ou Basile, en comptant sur le charmant et maladroit Chérubin, jeune page enflammé. La vérité des cœurs sera mise à nu grâce à l'imagination des amoureux et leur sincérité. Et quand Figaro dit à Suzanne "En fait d'amour, vois-tu, trop n'est pas même assez" l'émotion est au rendez-vous. Décidément j'adore le 18ème siècle et cette pièce de Beaumarchais qui met les femmes en avant, j'aime cette Suzanne qui ne se laisse pas faire. Il faut dire qu'avec Figaro ils font la paire puisqu'ils montrent leur intelligence bien supérieure à ceux qui ont le pouvoir. Et puis, il y a la critique virulente de l'ancien régime et de ses injustices développée dans la grande tirade de Figaro du 5eme acte qui donne la dimension politique à cette joyeuse comédie.