Le Montespan : Le livre de Jean Teulé

Qui n'aimait pas l'histoire l'aimera avec Teulé ! Et la retiendra ! A condition, bien entendu, de ne pas avoir peur de certaines grossièretés de langage ... Qui, personnellement, ne m'offusquent point mais me font plutôt rire, je l'avoue ! Car oui, je me bidonne, quand je le lis, et apprécie de découvrir ainsi le couple Montespan. Quel mari aimant face à cette créature égoïste et vénale ! Il le lui pardonne, lui passerait tout et serait près à l'accueillir à nouveau bien qu'elle soit partie à la cours du roi Louis XIV, son amant, et s'y soit très bien accoutumée ! Si seulement Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, devenue marquise de Montespan par son mariage avec Louis Henri de Pardaillan, n'avait pas aussi pour qualités cette beauté, cet attrait, cette joie de vivre, ce sourire et, par dessus tout, cet esprit, cet humour, que nulle autre qu'elle ne possède ! Mais si elle fut amante exceptionnelle, elle fut mère fantomatique. Les enfants semblaient plus être des "dommages collatéraux" résultant de son appétit féroce pour la galipette ! Elle ne leur accorde aucun intérêt. Elle en eut pourtant neuf ! Deux avec son mari et sept avec le roi. (vive les nourrices). C'est ainsi, cependant, qu'elle tient son amant et le mène à la baguette ! Sexe et progéniture, descendance, contre apparats et luxure, loin de toute bienséance. Louis-Henri de Pardaillan reste égal à lui même, toujours, quelles que soient les propositions du roi pour l'acheter et lui faire "entendre raison". Car il n'est pas normal d'aimer ainsi encore sa femme, au bout de quatre ans ! Et de l'aimer tout court, du reste, dans cette société. Quant, qui plus est, vous êtes un homme surendetté ! Et que le roi peut "redorer votre blason" et faire de vous un noble de la meilleure condition possible. Bref, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé lire "Le Montespan". Un marquis au coeur tendre et qui ne s'en laisse pas compter ! Aussi peu vénale que sa femme l'est, au contraire. Aussi attaché à ses deux enfants que sa femme ne l'est point. Irrémédiablement amoureux d'elle, même s'il enterre cet amour de façon symbolique. Merci monsieur Teulé !

Un petit livre très amusant sur la manière dont un mari résista jusqu’au bout pour refuser au monarque le plus puissant d’Europe le droit de s’approprier sa femme. C’est plein d’humour, mais aussi de nostalgie car le temps, cet ogre si vorace, ne permet pas toujours aux histoires de se terminer par un « happy end » même s’il y a beaucoup d’amour au départ et à l’arrivée… Belle leçon de fidélité aussi d’un homme amoureux, envers sa femme mais aussi envers ses principes. Le style manque parfois de fluidité, certaines pensées peuvent paraître anachroniques, mais qu’importe, un livre qui donne le sourire, c’est déjà beaucoup !

Un point de vue différent sur cette célèbre histoire de Louis XIV et de « La Montespan ». Celui du mari trompé, lequel n’a pas apprécié que sa femme soit la maîtresse d’un autre homme, fût-il le roi… Amoureux malgré tout, et se moquant bien que le roi soit roi, Le Montespan s’acharne à exprimer son opinion. C’est aussi le point de vue de « La Montespan » qui n’a pas eu vraiment le choix, et qui est finalement morte oubliée et dans la misère. Par-dessus ce mélange explosif, la plume légère, railleuse, incorrecte et imagée de Jean Teulé donne un roman à la fois truculent et tragique. Un livre que je recommande… sauf aux amoureux inconditionnels de la royauté, car elle apparaît sous son vrai visage… Laid !

« Au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Mme de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C’était mal connaître Louis Henri de Pardaillan, marquis de Montespan… Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, Louis Henri prit très mal la chose. Dès qu’il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l’homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès en tous genres, emprisonnements, ruine ou tentatives d’assassinat, il poursuivit de sa haine l’homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa femme… »