Le Phare : Le livre de Henri Queffélec

C'est du Henri Quéffelec, donc de la qualité, bien écrit, suffisamment d'audace dans certains passages, le souci de lier les humains et leur environnement - qui m'est très cher bien que je n'y suis jamais encore allé - mais, bizarrement je suis un peu déçu. Celui-ci raconte la relation se créant entre un Molénais (natif de l'île de Molène) et une Ouessantine ET comment est né le projet de l'édification d'un phare sur la roche de la Jument (ar gazeg coz) vers 1900. Comme je l'ai dit, Quéffélec, Henri ( et non pas Yann, que j'apprécie mais pas autant à la lecture) a eu le souci de joindre cette histoire d'amour, le fonctionnement de l'administration des phares et balises, Ouessant et Molène, les pêcheurs et les éleveurs de moutons, un peu Brest et son quartier de Recouvrance, la guerre de 14 qui s'annonce.. Il a bien écrit mais je n'ai pas ressenti le souffle lyrique et peut-être spirituel que j'avais ressenti à la lecture d'un Feu s'allume sur la Mer (l'exploit d'avoir construit Ar Men). Un truc marrant (en tous cas pour moi) : ne connaissant pas l'histoire de la construction du phare de la Jument (la justement célèbre photo - ou plutôt série de photos - par Jean Guichard et son pilote d'hélicoptère - de ce gardien à la porte du phare alors qu'une énorme vague enserre le phare) et lisant que le leg, la donation, stipulait que les matériaux devraient être " de qualité", j'ai crû pendant une bonne partie du roman que le choix de l'ingénieur Ribière - le personnage peut-être finalement le mieux évoqué - se ferait finalement sur la roche Men Tensel, où a été construit Kéréon, le Cordouan de Bretagne, un phare aux aménagements intérieurs de qualité.. Peut-être que cela m'a déçu.. Mais au moins un authentique et talentueux écrivain breton aura écrit, à sa manière, l'histoire de la construction de ces exploits de phares aussi larges que la roche (le rocher ) sur lequel ils ont été construits, histoires dont on pas assez conscience aujourd'hui ( "ben ouais y'a un phare là-bas en pleine mer, et alors?"). Mais pourquoi donc ce bienfaiteur, mû par l'émotion qu'il avait ressenti à l'occasion du naufrage du Drummond Castle (très bien écrit par Henri Quéffélec dans les ïles de la Miséricorde), a -t-il stipulé dans son testament que le phare devait être construit dans un délai maximum de 7 ans, alors qu'il a fallu le double pour créer Ar-Men, phare de mer élevé sur un rocher à peu près comparable ? Pour "pousser" l'administration ? Sur quoi se basait-il ? ça me fait penser à ce délais de 5 ans promulgué par Emmanuel Macron pour Notre-Dame..