Le Prince : Le livre de Machiavel, Makoto Nakagawa
Il s'appelle Machiavel. Son chemin croise celui d'un homme de pouvoir téméraire, subtil, puissant et beau : César Borgia, qui au XVIe siècle, rêve d'unifier l'Italie et agrandit son territoire de manière parfois cruelle. De cette rencontre, Machiavel rédige
Le Prince.
Découvrez cette adaptation en manga d'un classique encore d'actualité sur le pouvoir et l'art de gouverner !
De (auteur) : Machiavel, Makoto Nakagawa
Traduit par : Vincent Zouzoulkovsky
Expérience de lecture
Avis Babelio
Marvesta
• Il y a 6 mois
"Le Prince" est sans doute le livre le plus ancien que j’ai eu l’occasion de lire. Écrit en 1532, il se distingue par un style soutenu, bien plus riche que notre français moderne. Ce n’est pas toujours évident à lire, mais c’est justement ce qui en fait un bon exercice : non seulement on perfectionne sa compréhension de la langue, mais on découvre aussi une époque où l’écriture servait autant à transmettre des idées qu’à affirmer une certaine rigueur intellectuelle. Ce qui frappe dès le début, c’est que Machiavel ne cherche pas à plaire. Il n’écrit pas un essai philosophique sur la morale ou une utopie politique où tout le monde vivrait en harmonie. Son objectif est clair : donner aux princes de son époque les clés pour conquérir, gouverner et surtout garder leur pouvoir. Il s’inscrit dans un contexte précis, celui d’une Italie divisée qu’il rêve d’unifier sous un dirigeant fort. Mais au-delà de ce contexte historique, ses réflexions dépassent largement son époque et trouvent encore un écho aujourd’hui. Et c’est là que "Le Prince" devient particulièrement intéressant en 2025. Machiavel ne s’embarrasse pas d’idéologie, il ne fait pas de politique avec des grands principes déconnectés du réel. Son approche est froide, pragmatique, et c’est exactement ce qui le rend encore utile aujourd’hui. Dans une époque où le débat public est souvent noyé sous la bien-pensance et les discours moralisateurs, ce livre rappelle une vérité simple mais essentielle : la politique, ce n’est pas un concours de vertu, c’est un jeu de pouvoir. Autant être clair : ce n’est pas un livre qui plaira aux adeptes de la gauche idéaliste, qui préfèrent croire que le monde se gouverne avec des bons sentiments et des discours creux sur le progrès et l’égalité. Machiavel démonte cette vision naïve sans détour. Il explique que ce qui compte pour un dirigeant, ce n’est pas d’être aimé, mais d’être craint et respecté. Il ne dit pas que la morale n’a aucune importance, mais il montre qu’elle doit être au service du pouvoir, et non l’inverse. Une approche qui, aujourd’hui encore, heurte ceux qui refusent d’admettre que la politique repose avant tout sur la force et la stratégie. [masquer] Les stratégies de conquête et de maintien du pouvoir L’un des premiers enseignements de Machiavel concerne la conquête et la stabilisation d’un territoire. Lorsqu’un prince conquiert un pays ayant des coutumes et une langue similaires aux siennes, il lui suffit d’éliminer les dirigeants de l’ancien régime et de maintenir les lois et impôts en place pour assurer la stabilité. Mais lorsqu’il s’agit d’un territoire aux traditions et à la langue différentes, la tâche est bien plus ardue. Dans ce cas, le prince doit éviter de bouleverser les habitudes de la population, ou, s’il ne peut pas la contrôler par des réformes subtiles, il doit parfois employer des méthodes radicales, y compris l’élimination physique des élites locales. Machiavel recommande également l’envoi de colonies plutôt que de garnisons militaires. Les colonies s’intègrent dans le tissu local et assurent une domination durable avec un moindre coût. Les garnisons, en revanche, sont perçues comme des forces d’occupation et alimentent les révoltes. De manière plus générale, il insiste sur la nécessité d’anticiper les problèmes avant qu’ils ne deviennent ingérables, car une fois enracinés, ils sont souvent impossibles à résoudre. Une autre idée fondamentale est d’éviter de renforcer un autre prince, car cela revient à créer un rival futur. Ce conseil, d’une limpidité absolue, peut être appliqué à l’actualité politique : combien de dirigeants occidentaux ont commis l’erreur de soutenir des factions ou des régimes qui, une fois en position de force, se sont retournés contre eux ? Machiavel distingue également les différents types de régimes et la manière dont ils peuvent être gouvernés après leur conquête. Il oppose par exemple les empires centralisés, comme celui des Ottomans, où le pouvoir est concentré entre les mains d’un seul souverain et de ses administrateurs, aux royaumes plus fragmentés comme la France, où de nombreux seigneurs détiennent une influence locale forte. Les premiers sont plus difficiles à conquérir, mais plus simples à gouverner une fois soumis. Les seconds, à l’inverse, se laissent plus aisément envahir, mais sont sujets aux révoltes et ingouvernables sans une main de fer. Lorsqu’un prince conquiert une ville libre, il n’a que trois options : la détruire totalement, la gouverner directement avec une administration fidèle ou la laisser autonome sous surveillance. Toute autre stratégie est vouée à l’échec, car un peuple qui a connu la liberté ne se soumettra jamais sans résistance. Cette observation fait écho aux interventions militaires occidentales de ces dernières décennies, qui, en cherchant à imposer un modèle démocratique sans tenir compte de la culture locale, ont souvent semé le chaos plutôt que la stabilité. Les qualités essentielles du Prince Machiavel distingue les souverains qui accèdent au pouvoir par leurs propres talents de ceux qui y parviennent par la fortune ou l’aide étrangère. Les premiers sont solides et indépendants, car ils ont bâti leur pouvoir par leur intelligence et leur habileté politique. Les seconds, en revanche, sont vulnérables et doivent rapidement consolider leur position sous peine de tomber. Un point fondamental du Prince concerne l’usage de la cruauté et de la bienveillance. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Machiavel ne prône pas la violence gratuite. Il recommande au contraire de ne commettre les actes cruels qu’une seule fois et de manière décisive, afin d’éviter une rancune prolongée. Un prince qui use de la violence de manière sporadique et imprévisible crée l’instabilité et la haine. Dans le même esprit, Machiavel pose la question célèbre : vaut-il mieux être craint ou aimé ? Sa réponse est claire : il vaut mieux être craint qu’aimé, mais jamais haï. L’amour est un sentiment volatile et dépendant des circonstances. La crainte, en revanche, repose sur la peur des représailles et assure une stabilité durable. Toutefois, un prince trop cruel finit par provoquer une révolte. L’équilibre est donc essentiel. Machiavel critique également les souverains qui s’entourent de flatteurs et conseille au prince de ne s’entourer que de conseillers honnêtes et compétents, capables de lui dire la vérité même lorsqu’elle est désagréable. Un dirigeant qui refuse d’entendre la réalité court à sa perte. Les stratégies et principes du Prince Machiavel met l'accent sur plusieurs stratégies pratiques pour maintenir le pouvoir. Il distingue deux types de principautés : les héréditaires, plus faciles à gouverner, et les acquises, qui nécessitent un effort constant pour établir la stabilité. Lorsqu’il s’agit de conquérir un territoire, le prince doit éviter de perturber la culture locale et, parfois, recourir à des méthodes radicales pour éliminer les élites. Il critique aussi l’usage des mercenaires, soulignant leur manque de loyauté, et préfère les armées locales, plus fiables. La fortune et la vertu sont deux concepts clés : un prince doit savoir saisir les opportunités tout en contrôlant son destin grâce à son intelligence et sa ruse. Dans ses conseils, Machiavel insiste sur l’importance de choisir des conseillers honnêtes et compétents, et de maintenir un équilibre entre crainte et bienveillance. Un prince doit être respecté et craint, mais jamais haï. Il souligne aussi la nécessité de bâtir une unité nationale, notamment pour l’Italie, fragmentée à l’époque, et donne des exemples historiques pour montrer la mise en pratique de ses idées. Pourquoi ce livre est encore pertinent en 2025 Si Le Prince reste un ouvrage essentiel aujourd’hui, c’est parce qu’il décrit avec une lucidité implacable la nature du pouvoir. Dans nos démocraties modernes, où les élites politiques donnent souvent l’illusion de gouverner par idéalisme tout en étant guidées par des intérêts cachés, Machiavel nous rappelle que la politique est avant tout une question de pragmatisme et d’efficacité. [/masquer] Il met en lumière une nature humaine qui, face à l’incertitude et à la compétition, privilégie souvent la survie et la réussite à des principes moraux absolus. L’idée qu'un prince doit manipuler les perceptions et faire des compromis entre bienveillance et cruauté suggère que les humains sont capables de grandes subtilités pour atteindre leurs objectifs, parfois même au détriment de l’éthique. Cela reflète une vision de l'humanité comme étant plus guidée par des intérêts et des instincts que par des idéaux abstraits. Ce livre heurte évidemment les sensibilités progressistes, car il démonte l’idée que la politique pourrait être fondée uniquement sur la morale et la vertu. Machiavel nous montre que la réalité du pouvoir repose sur la force, la ruse et la capacité d’adaptation. Une lecture indispensable pour quiconque veut comprendre les mécanismes réels du monde dans lequel nous vivons. En somme, Le Prince n’est pas seulement un manuel pour les dirigeants, c’est un livre pour tous ceux qui veulent comprendre les rouages du pouvoir, sans illusions et sans faux-semblants.
Marcellina
• Il y a 6 mois
Contente ! Une lecture inattendue, ma lecture de février dans la boîte cadeau reçue à Noël, boîte qui contient douze livres prêtés par nos quatre enfants, livres qu’ils ont aimés et veulent nous faire partager :-) Il est vrai qu’on entend souvent l’adjectif de machiavélique qui désigne une personne perfide et déloyale et pourtant, après cette lecture, je ne suis pas convaincue que ce mot s’applique vraiment à l’essai de Machiavel et encore moins à l’auteur. Pour moi, l’auteur donne par cet opus la clé pour devenir un bon Prince et pour préserver ses territoires tout en gardant l’estime de sa population et plus important encore, le respect de ses soldats. Par le biais des exemples de l’Histoire ancienne et des faits plus récents survenus en Italie à son époque, le narrateur explique ce qui fait de certains Princes des grands hommes et surtout, pourquoi tant d’autres, malgré parfois leur grande renommée, perdent tout, richesse, grandeur et souvent la vie aussi. Pas de machiavélisme ici, juste une observation pointue de la nature de l’homme et des exigences nécessaires pour diriger des masses qui sont composées d’éléments souvent disparates et incompatibles. Un ouvrage intelligent qui mêle psychologie, sociologie et stratégie et ce, dans l’unique but de sauver l’Italie de l’imbroglio politique dans lequel le pays pataugeait depuis un certain temps déjà. J’ai bien aimé et le côté historique du récit et son côté scolaire type ‘pédagogie et perfectionnement’ à l’attention des Princes en devenir. Voir les hommes politiques d’aujourd’hui en regard des principes donnés par Machiavel, c’est assez confondant et amusant, il faut le dire.
FranckC_Sixt
• Il y a 6 mois
J’ai lu « Le Prince » quand j’étais étudiant. Ça date un peu… Quand je l’ai terminé, j’avais perdu mes illusions non pas sur la politique, mais ses acteurs, et même au-delà. Car « Le Prince » s’adresse à tous, dirigeants et dirigés de tous les groupes sociaux. Politique bien sûr, mais aussi économique, culturel, religieux, etc. dans nos rapports quotidiens. Il dit comment conquérir et conserver le Pouvoir. Il dit aussi ses fragilités et la versatilité des dirigés. Il reste un ouvrage de science politique de référence.
shadowthrone
• Il y a 7 mois
"Le Prince", ce petit brûlot, ce manuel de survie pour autocrates en herbe, cette dissection froide du pouvoir… On en ressort rarement indemne, et souvent un peu plus vil. Machiavel, le vieux florentin roué, ne nous fait pas de cadeaux. Exit les bons sentiments, les morales à deux sous et les illusions de grandeur. Ici, la realpolitik est reine, et elle est nue, souvent laide, toujours fascinante. On se délecte de sa prose acérée, de ses exemples historiques disséqués comme des grenouilles sur une paillasse, de ses conseils d'une efficacité diabolique. Car soyons honnêtes, qui n’a jamais rêvé de manipuler son entourage avec la dextérité d'un César Borgia, d'écraser ses ennemis sans sourciller, de se tailler un empire à coups de ruse et de trahisons ? Machiavel nous met le nez dans nos désirs les plus inavouables, dans cette soif de puissance qui sommeille en chacun de nous. Il nous tend un miroir, et le reflet n’est pas toujours beau à voir. Certains le diront immoral, d'autres simplement réaliste. Moi, je dis qu'il est terriblement lucide. Il a compris, bien avant les autres, que le monde est une jungle, et que les princes, qu'ils soient d'hier ou d'aujourd'hui, doivent souvent se salir les mains pour survivre. Et c’est justement pour cela que j’ai adoré ce livre. Il ne se cache pas derrière des faux-semblants, il ne prétend pas que le monde est un jardin de roses. Il nous montre la brutalité du jeu politique, la nécessité de la cruauté, le prix de la victoire. Alors oui, "Le Prince" est un livre dangereux, un livre qu’il faut lire avec un esprit critique aiguisé. Mais c’est aussi un chef-d’œuvre d'intelligence, un texte qui, cinq siècles après sa rédaction, continue de nous interpeller, de nous déranger, et de nous fasciner. Un coup de poignard dans la bienséance, une ode cynique à l'ambition, une lecture, en somme, absolument jubilatoire. On referme le livre avec un sourire sardonique aux lèvres, prêt, peut-être, à conquérir le monde. Ou au moins à survivre au bureau lundi matin. Ce qui, finalement, est déjà une forme de victoire.
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Fiche technique du livre
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- Genres
- Mangas , Seinen (Homme)
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- EAN
- 9782380714029
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- Collection ou Série
- KUROSAVOIR
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Adobe DRM
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4,99 € Numérique 212 pages