Le Prophète : Le livre de Khalil Gibran

Une magnifique prose libre sur la vie, l’âme et le sens que l’on choisit de donner à ces deux choses. Le prophète ne donne pas de pensées, mais à penser. J’y ai retrouvé beaucoup de la sagesse que j’avais tant apprécié dans Siddharta de Herman Hesse ; l’essentiel ne peut pas être dit, il ne peut qu’être vécu ; et chaque poème intérieur d’un seul individu sera infiniment plus vaste et puissant que ce pourront jamais transcrire les mots et les paroles.

un livre intemporel, qui m'a été offert au début de l'âge adulte par une personne sage et "initiée". et ce livre est devenu un fil rouge, une "ligne de vie". sous l'apparence d'un symbolisme simpliste, les mots du Prophète font écho à la vie de chacun, à nos questionnements, nos peurs, aux croyances populaires que nous ressassons pour les avoir entendu prononcer par nos parents et leurs parents avant eux, sans vraiment nous demander si elles nous reflètent. ce livre élève l'âme, montre la vie sous un jour simple, intemporel, universel; que l'on soit d'Orphalese, de New York ou de Djakarta, nous sommes démunis face à la mort, transis par l'amour, attirés par la richesse, obnubilés par la beauté, tiraillés entre le bien et le mal. le Prophète Almustapha déconstruit avec simplicité et bonté les idées toutes faites et les barrières mal placées de l'ego. un trésor de sagesse accessible à tout le monde, et indispensable pour les situations complexes de la vraie vie.

Le Prophète m’a parlé comme rarement un livre m’a parlé. Il ne m’a pas captivé par son intrigue, ni par une tension dramatique, mais par une voix. Une voix calme, ancienne, claire, qui semblait déjà m’attendre. J’ai lu chaque page avec le sentiment étrange d’avancer vers quelque chose que je connaissais déjà, mais que j’avais oublié. Il y a dans ce texte une lumière qui ne brille pas, mais qui réchauffe doucement, profondément. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à L’Alchimiste en le lisant. Ce même mouvement intérieur. Ce même dialogue entre soi et le monde. Ce même appel à suivre quelque chose de plus grand, mais de profondément intime. Comme Paulo Coelho, Khalil Gibran ne cherche pas à convaincre, il cherche à éveiller. Mais là où L’Alchimiste suit un voyage extérieur vers un trésor enfoui, Le Prophète trace un chemin intérieur, silencieux, sans déplacement autre que celui du regard. Il ne m’a pas poussé à partir, il m’a invité à rester, à écouter, à creuser. Chaque page m’a offert un fragment de sagesse qui m’est arrivé au bon moment. Je ne suis pas ressorti avec des certitudes, mais avec une forme de clarté. Une sorte de paix lucide. Comme si le livre n’avait pas été écrit pour m’apprendre, mais pour m’aider à me souvenir. Il m’a redonné le goût du simple, de l’authentique, du lent. Il m’a appris que vivre, ce n’est pas comprendre, mais sentir pleinement, sans peur. Je relirai Le Prophète. Pas pour chercher des réponses, mais pour retrouver cette voix. Celle qui me parle sans bruit, celle qui me rappelle que ce que je cherche n’est peut-être pas à découvrir, mais à accueillir. Comme dans L’Alchimiste, il y a ce même message essentiel : le trésor est en nous, et le vrai voyage, c’est apprendre à le reconnaître.

Fini de lire Le Prophète de Khalil Gibran. Lu à 55 ans. Je n aurais jamais su le lire avant. C était l heure. Le moment où les mots m ont transporté comme rarement un livre aura su et aura eu le don de me transporter. Des mots pour mon âge intellectuel, et sûrement pas pour celui de mes 25 ou 35 ans. Qui sonnent justes. Qui traversent. Qui s installent doucement dans les fils conducteur de mon âme. Et qui m expliquent des choses autrefois montrées du doigt, restées sans nom. J ai aussi compris qu écrire simple est aussi un don. Celui de trouver et placer les mots au bon endroit. De se servir des images simples comme supports déterminants. De la douceur derrière chaque virgule, chaque point d exclamation, et un baiser pour chaque point. "Ayez fois en vos rêves, car c est en eux que se la cache la porte de l éternité." Rangé dans ma bibliothèque, faisant partie des quelques livres que je relirai encore et encore, comme une leçon de vie et qui a fait du Rêve le plus bel espoir de mon avenir.