Le Rouge et le Noir : Le livre de Stendhal

J'ai lu ce livre une première lecture durant mes années collèges, je n'avais pas particulièrement apprécier le livre. J'ai donc décidé de le relire et je confirme que la lecture est un peu longue mais je l'ai quand même plus apprécier. Je peux maintenant dire que ce livre est l'un de mes préfère de cet auteur.

Le roman retrace la vie de Julien, fils d’un charpentier, qui grâce à ses connaissances trace sa destinée. Il va tout d’abord intégrer la maison du maire de sa ville, comme précepteur, puis intégrera le séminaire, enfin il sera le secrétaire dans un hôtel parisien. Toutes les phases de sa vie y sont décrites avec un grand soin, ses pensées, ses amours..

Publié en 1830, "Le Rouge et le Noir" s’impose comme l’un des romans les plus ambitieux de Stendhal. À travers l’ascension et la chute de Julien Sorel, jeune fils de charpentier animé d’une ambition farouche, l’auteur dresse un tableau acéré de la société française sous la Restauration. L’œuvre mêle chronique sociale, roman psychologique et réflexion politique avec une subtilité remarquable. Julien, tiraillé entre le rouge (la carrière militaire) et le noir (la carrière ecclésiastique), incarne un héros romantique en quête de grandeur dans un monde dominé par l’hypocrisie bourgeoise et le conformisme religieux. Son parcours, entre passion et stratégie, sincérité et dissimulation, révèle les tensions d’une époque marquée par le retour des valeurs conservatrices après la Révolution. Le récit suit la trajectoire d’un jeune homme brillant, qui tente de se hisser dans une société où la naissance compte plus que le mérite. L’ascension de Julien est ponctuée d’épreuves : son emploi comme précepteur chez les Rênal, sa formation au séminaire, son rôle de secrétaire auprès du marquis de La Mole. Chacune de ces étapes l’oppose à un milieu social et moral différent. Mais le roman est aussi une plongée dans le conflit intérieur de son héros : Julien est partagé entre son désir de réussir socialement et sa quête d’authenticité, entre sa haine des puissants et son attirance pour leurs privilèges. Ce tiraillement se cristallise dans ses relations amoureuses, notamment avec Madame de Rênal, puis avec Mathilde de La Mole. Stendhal excelle dans la représentation des sentiments. Il explore avec minutie les hésitations, les illusions et les contradictions de ses personnages. Julien Sorel, tout en étant ambitieux et parfois manipulateur, est aussi profondément sincère dans ses passions. Madame de Rênal est une figure touchante de femme sensible et déchirée par le dilemme entre sa foi, ses devoirs et son amour. L’auteur innove en donnant au lecteur un accès direct à la conscience des personnages, anticipant ainsi le courant du réalisme psychologique qui marquera le roman français au XIXe siècle. La célèbre formule de Stendhal – "un miroir que l'on promène le long d'un chemin" – prend tout son sens dans ce roman où les mouvements de l’âme sont aussi importants que les événements. Stendhal écrit avec une grande liberté, mêlant narration rapide, apartés complices avec le lecteur, formules tranchantes et descriptions efficaces. Le style se distingue par sa sobriété, son dynamisme, son ironie. Il refuse les effets faciles et préfère le naturel, ce qui rend sa langue étonnamment moderne. Le roman, bien que dense, se lit avec fluidité, car chaque scène est chargée de tensions : sociales, sentimentales ou morales. Stendhal y déploie une critique virulente de l’hypocrisie religieuse, de la noblesse décadente et de la société figée, tout en proposant une réflexion sur le mérite, la passion et l’héroïsme individuel. "Le Rouge et le Noir" est un monument du roman français, à la fois chronique d’une époque et étude intemporelle des passions humaines. Il interroge les ressorts du pouvoir, les masques sociaux, les échecs de l’ambition, mais aussi les grandeurs et les faiblesses de l’amour. Julien Sorel reste une figure fascinante, à la fois lucide et aveuglé, courageux et orgueilleux, capable de sacrifices nobles autant que de manipulations. En cela, il reflète une vérité profonde sur la condition humaine : le combat incessant entre l’idéal et le réel.

Le Rouge et le Noir, ce sont les couleurs de l'Armée et de l'Église. Il ne s'agit cependant pas de l'armée des années 1820, époque à laquelle se déroule le roman, mais de l'armée à l'époque de Napoléon. Sous le Consulat (1799-1804), cet homme d'État porte un uniforme rouge et institue la Légion d'honneur, insigne de distinction avec un ruban rouge. Pendant la Restauration (1814-1830), la France redevient temporairement une monarchie, mais les Jacobins et les Bonapartistes rêvent d'une nouvelle république. Le personnage principal, Julien Sorel, a grandi à Verrières, une ville provinciale fictive de Franche-Comté. Contrairement à ses frères, cet intellectuel sensible ne veut pas travailler dans la scierie de son père. Il a une image idéalisée de Napoléon et rêve d’accomplir des actes héroïques. Mais pour faire avancer sa carrière, il revêt un habit noir et devient séminariste à Besançon, la capitale régionale. Il appelle cela son hypocrisie. Le clergé catholique est dépeint comme des opportunistes en quête de gain matériel. Une exception est le janséniste Pirard, qui devient une figure paternelle pour Sorel. La rivalité entre le maire catholique De Rênal et l'envieux libéral Valenod est mesquine. Inspiré par les stratégies militaires de Napoléon, [masquer]Sorel développe une technique de séduction très similaire à la capture d'une ville. Il les applique à deux femmes au-dessus de son rang : la femme du maire et la fille d'un marquis de Paris. Mme de Rênal a un fort sentiment de culpabilité catholique et se débat avec le dilemme entre la vertu et la passion. Mathilde de la Mole s'ennuie des nobles vaniteux qui l'entourent et rêve d'un héros romantique qui saura la conquérir.[/masquer] L'antihéros Sorel est vaguement inspiré d'Antoine Berthet, dont la condamnation à mort en 1827 a fait grand bruit. Le narrateur omniscient accorde beaucoup d’attention au contexte historique et peut lire les pensées de Sorel et des deux femmes. Stendhal utilise de nombreuses citations et références, mais cela ne nuit pas à la lisibilité. Il s’agit d’un magnum opus convaincant dans lequel l’idéalisme romantique est envisagé avec une dose de détachement sobre.