L'Effet coccinelle : Le livre de Yann Bécu

Vous connaissez forcément l'Effet Papillon ! Cette théorie du chaos d'Edouard Lorenz qui, lors d'une conférence scientifique en 1972, tente de répondre à la question suivante : « Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » Et bien ce n'est rien à côté de l'Effet coccinelle provoqué par Raphaël, Eyaël et Gabriel, dit mitraillette. Ces trois-là sont des boueux... soit les petites mains d'une entreprise intergalactique à l'origine de toute vie intelligente sous les étoiles. Et c'est ici que nait la stupeur : Non, l'homo sapiens n'est pas la création d'un Dieu quelconque bien décidé à faire de la Terre un Paradis mais bien le projet de fond de tiroir, 3ème ou 4ème choix des hautes instances pour occuper la Terre Le projet initial est de créer une planète sur laquelle règne la Paix et l'Harmonie.... mais c'était sans compter sur l'Humain, a priori génétiquement programmé pour être instable, bête, méchant voir violent... en résumé un peu con sur les bords ! Le travail de nos trois boueux est de tenter de maintenir un certain équilibre en rectifiant quelques faits néfastes grâce à leur capacité à voyager dans le temps. Le but de leur mission : Empêcher la révélation ultime pour les humains qui se résumerait en : "Oui, Dieu existe !" Et pour cela, en 2030, les Scribes décident de lancer l'opération Bordel de Dieu qui consiste à buter le théologien qui réussira à démontrer que tel est le cas. Si les instructions de départ sont assez claires et ne consistent à tolérer que quelques petites corrections de ci de là sans grandes interventions de nos trois Boueux, cela va nettement se compliquer. Il faut dire que ces trois-là ne sont pas les chips les plus croustillantes du paquet et qu'à force de vivre dans la peau d'humains, ils en ont pris tous les travers. A tel point qu'ils vont finir par être bannis... Et c'est là que commence la deuxième partie du roman, lui donnant un nouveau souffle. Leur mission de vie sera désormais unique : quitter la Terre et réussir à retourner vivre à la Maison Mère. Avec L'Effet coccinelle et ses personnages pittoresques, Yann Bécu offre un roman de science-fiction drôle, désinvolte et satirique. Il faut dire que tout y passe : la religion, les travers de l'humanité, le gouvernement et les lourdeurs administratives... Un roman ultra second degré, complétement barré mais très intelligent qui fait réfléchir sur bien des sujets... ... tout en faisant rire, souvent aux éclats ! Un vrai bonheur !

De démiurges corporate bien bureaucratiques en pieds nickelés des corrections de trajectoire civilisationnelle sur le terrain, une hilarante histoire décalée de l’homo sapiens et de l’emprise qu’a sur lui la religion. Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2025/07/17/note-de-lecture-leffet-coccinelle-yann-becu/ Publié en 2021 chez L’Homme Sans Nom, « L’effet coccinelle » (l’explication de ce titre joliment baroque se trouve, a priori sans autres spoilers, dans le dernier extrait présenté sur cette page) est le deuxième roman de Yann Bécu, à qui l’on devait déjà le fort réussi « Les bras de Morphée » (publié en 2019, dont on vous parlera prochainement aussi sur ce blog). La Terre, en tout cas l’humanité qui y prospère plus ou moins, est en réalité l’une des innombrables expériences développées par une race pérégrine à la longévité confinant à l’immortalité, qui multiplie les créations, jugées in fine selon le « score de paix » auxquelles elles parviennent. Bref, tous les attributs de la Divinité au sens »classique » (si l’on ose dire) du terme, mais sous une forme corporate, bureaucratique, organisée en services chicaniers dans leurs silos et obséquieux face à leurs supérieurs généralement peu compétents – le tout assorti comme il se doit d’une « moralité » pour le moins douteuse… Quand quelque chose ne se passe pas comme prévu « sur le terrain », il faut en général recourir aux services des « boueux » (le terme n’est en effet pas un compliment « en interne »), qui doivent alors posséder un corps humain disponible pour accomplir leur tâche obscure mais néanmoins essentielle au « bon » déroulement du projet. Lorsqu’une chercheuse humaine est sur le point de proposer une preuve de l’existence de Dieu (évidemment foutraque, mais suffisamment convaincante pour l’intellect limité de l’homo sapiens), il y a urgence car rien de tel que la religion, tous le savent, pour mettre la Terre à feu et à sang. On dépêche donc une équipe de Boueux de choc, véritables pieds-nickelés des opérations spéciales : Eyaël, Raphaël (le narrateur principal) et leur chef Mitraillette (qui s’appela jadis Gabriel – on en apprendra davantage le moment venu…) s’incarnent aussitôt dans les corps de trois vieillards d’un EHPAD breton et se lancent dans une folle course pour échapper à l’abîme promis au « score de paix » dont dépendent les démiurges. Tandis qu’un obstiné jeune policier humain se met à traquer les bizarreries des crimes et délits qui jalonnent leur route… Le brio farceur et néanmoins profondément songeur de Yann Bécu est ici particulièrement spectaculaire : son hilarante entreprise de démolition des fondations de la prétendue efficacité, qu’elle soit humaine, divine ou extra-terrestre tronçonne avec une joie contagieuse les attendus théologiques, politiques et policiers, pour nous offrir une véritable sublimation du « Sans nouvelles de Gurb » (1991) d’Eduardo Mendoza, après de massives injections d’hormones aussi sérieuses que joueuses issues par exemple du James Morrow de la « Trilogie de Jéhovah » (1994-1999), de la Doris Lessing de « Canopus dans Argo : Archives » (1979-1983), mais aussi du Steven Erikson de « Réjouissez-vous » (2018) ou de l’Elisa Beiram du « Premier jour de paix » (2023). Sans leçon de morale mal placée, avec une verve résolument jouissive, les travers humains – et tout particulièrement ceux de l’entreprise dévoyée et de la foi politisée – sont passés au crible d’une intrigue folle et rusée, jouant de plusieurs formidables contrepoints, pour mener à bien quelques questionnements fort nécessaires. Et c’est ainsi que la science-fiction, une fois de plus, est grande.

Livre de science-fiction original reçu dans le cadre d'une masse critique mauvais genres. Il nous faut malheureusement tout revoir à l'histoire de notre Terre, il s'agit en fait d'une conception extraterrestre, un ensemencement d'une planète parmi tant d'autres. Et parmi tous ce qui a déjà été fait, on ne peut pas dire que les humains remportent la palme. Alors, les Boueux descendent mettre un peu d'ordre, seulement ils ressemblent plus à des pieds nickelés qu'à James Bond. S'ensuit quelques catastrophes, complots, bannissements, la vie d'un Boueux n'est pas toujours rose. Quand on voit vraiment d'où l'on vient, on comprend mieux l'état du monde :-) Original donc, de par l'histoire et l'écriture, les personnages sont attachants et j'ai souri de bon cœur à leurs aventures. J'aurais néanmoins aimé que l'auteur pousse un peu plus loin, qu'il n'hésite pas à forcer encore plus le trait notamment sur les conséquences mondiales des révélations mais cela n'engage que moi. Un grand merci aux éditions de l'homme sans nom et à Babelio pour l'envoi de ce livre.

Je l’admets : je suis cliente de ce style d’humour. Mais peut-on le tenir sur toute la longueur d’un livre ? **Un peu d’autodérision ne fait jamais de mal** Enfin, pas “qu’un peu” ici, mais c’est le principe : se moquer des humains et de leurs prétentions aveuglantes. Les idées fonctionnent bien. Le côté passionné et déraisonnable des mythologies humaines est habilement décortiqué pour n’en extraire que l’absurdité. Bien sûr, c’est drôle et, au passage, ne vous inquiétez pas les aliens en prennent pour leur grade. Cette caricature de bureaucratie broyeuse et inefficace part avec certains handicaps pour régler les problèmes d’une espèce déficiente. **Les oiseaux volent bas…** Alors comment tenir sur la longueur un monde gouverné par l’absurdité de ses actions ? L’auteur y ajoute, ce que j’appellerai, une tonalité à la Goscinny. Ce roman m’a fait penser à de la BD franco-belge. Il nous propose des protagonistes haut en couleur qui peuvent se disputer pour une expression, s’expriment par des jeux de mots, se concentrent sur la nourriture ou règlent les problèmes à coup de “mandale”. Alors, les débats mystiques deviennent vite comiques et la réalité de l’univers cohérente. **Des idées et du rythme** Le style est bien rythmé. L’auteur s’appuie beaucoup sur les dialogues avec des incompréhensions ou des pointes d’humour absurdes. Parfois, il ne peut éviter trop de lourdeurs, mais vous êtes prévenus, ce n’est pas un livre à valoriser pour sa finesse. Des idées vous marquent - l’idiot du village a parfois un point de vue plus frais. Et même, nous dénichons par-ci, par-là quelques pensées poétiques et romantiques. J’ai passé un bon moment.