L'enfant noir : Le livre de Camara Laye

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Lire L'Enfant noir c'est emprunter les sentes de l'initiation, c'est décrypter les codes d'une société, de tout un peuple. On en sort ébloui, surpris d'être entré dans un univers de personnages humbles, dépositaires d'une culture de la courtoisie, de l'échange et de la dignité...


Si dans L'Enfant noir l'écrivain guinéen s'imaginait ne penser qu'à lui, tracer les contours de sa " Haute-Guinée natale ", c'est pourtant un chant universel qui en est sorti. [...] Seul en Europe, détaché de sa famille, il se consolait avec les mots. Et le soir, la main tremblante, le coeur serré par la nostalgie, il devait retrouver sa terre natale, la clameur des forgerons provenant de l'atelier de son père, la voix rassurante d'un de ses oncles. Il retrouvait aussi ses camarades de jeu, ceux avec lesquels il passa la dure épreuve de la circoncision, décrite dans son récit. Il y avait l'Amour, sujet plus que tabou, avec la silhouette de sa bien-aimée Marie :

" Mon oncle nous laissait son phono et ses disques, et Marie et moi dansions. Nous dansions avec infiniment de retenue, mais il va de soi : ce n'est pas la coutume chez nous de s'enlacer ; on danse face à face, sans se toucher ; tout au plus se donne-t-on la main, et pas toujours. Dois-je ajouter que rien ne convenait mieux à notre timidité ? " Alain Mabanckou

De (auteur) : Camara Laye
Préface de : Alain Mabanckou

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Avis Babelio

StCyr

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

l'Enfant Noir est un roman autobiographique jugé comme séminal des lettres africaines contemporaines. On suit le narrateur, Laye, petit Malinké de la grande plaine de la Haute Guinée, fils de forgeron chef de concession, et représentant des forgerons des cinq cantons de la région, dans le chemin qui le mène du milieu de l'enfance à son entrée dans "l'âge d'homme". Le récit dit, dans une langue littéraire française vierge de tout trope africanisant,  le quotidien d'un enfant de la campagne de Kouroussa, régenté par une mère dont le rôle est central; son étonnement devant un monde habité par les esprits de la nature, que des coutumes ancestrales ont a coeur de ne point courroucer, la scansion des palabres et les louanges du griot  dont c'est métier de retracer la généalogie de celui qui doit être flatté afin de s'attirer ses bonnes grâces, les heures de moisson rythmées par les syncopes du tam-tam. L'enfant noir réalise la prouesse dans un texte bref, ramassé, de nous rendre tangible un univers qui nous est étranger, où le passage de l'enfance à l'âge on en a droit à la parole s'accomplit par le truchement de rites initiatiques, mystiques et allégoriques; où l'Islam côtoie l'animisme,  les obligations religieuse (à ce titre le passage du rituel de la circoncision est le sommet du livre) ménagent un espace aux superstitions des marabouts. Il se dégage de ce fort joli livre  comme une mélancolie, la plus grande des nostalgies, celle du temps enfuit mais non enfouit, comme une cicatrice  qui affleure et qui nous dit que l'innocence est finie.  

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Carteroutiere

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Dans "L’enfant noir", chaque page résume l’universalité du parcours initiatique que traverse le jeune héros. L’extrait choisi s’inscrit parfaitement dans cette dynamique : à travers la description vivide des rites mandingues et la transmission de savoirs entre générations, Camara Laye illustre l’enjeu pour un enfant de s’approprier à la fois ses traditions et ses rêves d’ailleurs. On ressent profondément la tendresse d’un père qui, même s’il souhaite transmettre ses propres connaissances, accepte les aspirations de son fils à découvrir le monde au-delà du village, dans la capitale et jusqu’en France. Ce passage, comme beaucoup d’autres du roman, pourrait être universel : la circoncision y symbolise le passage à l’âge adulte, comme le ferait la communion dans une autre culture. L’émotion suscitée par la mort d’un ami et l’imminence de la séparation familiale donne une résonance intemporelle et internationale au récit, où chaque lecteur peut retrouver l’écho de ses propres expériences. La beauté de ce livre tient à ce double attachement à l’héritage et à l’ouverture sur l’avenir, illustrant un moment de l’histoire où, à l’orée des années 50, tout semblait stable, alors que déjà tout changeait — une sensation qui traverse encore les générations d’aujourd’hui.

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Verteflamme

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

Défi globe trotteurs : Guinée. J'ai apprécie lire cette enfance africaine très étudiée dans les écoles, même à l'âge adulte. C'est le genre de livres qui peut plaire aux enseignants : un langage châtié avec de l'imparfait du subjonctif, des thèmes comme l'enfance, l'initiation, la famille et l'importance de l'étude, et un "ancrage" assez imagé en Afrique. Dans l'histoire de la littérature, cela put être reproché au roman, car mettre l'Afrique en image c'est en faire un continent pittoresque voire exotique, souvent au service des Blancs (cf Afrique noire, littérature rose). Mais on peut aussi se dire avec Senghor que l'auteur africain a le droit d'écrire de "beaux textes", heureux, pas nécessairement partisans, et qu'il ne faudrait pas laisser l'universel aux auteurs Blancs. Vaste débat, à connaître pour comprendre la place de ce livre dans l'histoire de la littérature. Passons à mes impressions car ce livre est aussi intéressant pour lui même. La description minutieuse des scènes, qui commence par le jeu dangereux du serpent, continue avec la forge du père et les pouvoirs de la mère. Une scène qui m'a marquée est, vers le milieu du roman, la longue description du rite initiatique alors que notre enfant devient adolescent. Des valeurs traditionnels, comme l'obéissance et la maîtrise des émotions, apparaissent dans les discours des hommes, pour autant que l'enfant, plus passif, relate le passé sans tout connaître (il dit honnêtement qu'il n'a pas toute la symbolique). L'intérêt est ethnographique (ce vers quoi se dirige l'auteur), littéraire (car les personnes sont traitées en personnages)... J'ai aussi retenu les scènes d'incident sur fond heureux (ex. la récolte) : les brimades des grands à l'école, ou plus loin l'ami gravement malade. Pour autant c'est le genre de livre qu'il faut vraiment lire jusqu'au bout, jusqu'à l'énigmatique dernière phrase, qui sonne exotique. [masquer] quel exotisme que ce métro parisien ! [/masquer] Les études du garçon, secondaires et enfin supérieures, le cheminement qui le conduit à chérir l'étude et... à s'éloigner de ses parents est qualifié d'"engrenage". L'adulte n'est plus "le sachant" pour l'enfant, ou plutôt l'enfant est lui même devenu adulte. Même avec son expression claire, et son hommage à la figure maternelle, le narrateur reste fin et ne tranche pas : a t il eu raison d'aller étudier ? il "complexe" d'étudier en lycée technique car il finira "contremaître", mais son oncle lui remet les idées en place... à moins qu'il eût dû rester apprendre les métiers de la forge avec son père ? Au fond, peu importe, puisque c'est arrivé, et le geste de consacrer son écrit à la mère, pas forcément présente à chaque ligne mais dont chaque apparition est significative, peut s'expliquer par la séparation. [masquer] sa tirade finale m'a été à la fois "amusante" (je suis Juive et les mères juives seraient capables de dire ce genre de choses, d'après l'archétype) et déchirante. [/masquer] Je recommande.

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gpatro01

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

Honte sur moi, je n'ai lu que très peu de littérature d’Afrique sub-saharienne. Mais je me suis dit qu’il était temps de corriger cette lacune. J’ai choisi pour cela « L’Enfant noir », car ce livre a la réputation d’être l’un des premiers à annoncer la littérature noire contemporaine. Curieusement, on a reproché à l’auteur de se désintéresser dans son livre de la question coloniale. Cela peut nous paraitre étrange, mais les auteurs d’Afrique noire ne sont pas condamnés à ressasser le passé colonial. L’auteur a choisi son sujet, et celui-ci est la mémoire ancestrale de son peuple. Autobiographique, son livre nous raconte des modes de vie qui nous éloignent immensément de notre quotidien. Des modes de vie où la réalité se mélange au rêve par habitude. Au point que l’on ne sait plus discerner les deux. Des modes de vie où la simplicité n’est qu’apparente. Un roman ethnologique et humaniste. Un excellent livre d’introduction à la littérature d’Afrique noire.

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Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782259204316
  • Collection ou Série
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    266
  • Dimensions
    186 x 121 mm

L'auteur

Camara Laye

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18,50 € Grand format 266 pages