Les Enfants perdus de Brocéliande : Le livre de Yann Le Gal

De jeunes enfants décident de se venger des nazis (mais aussi des adultes restés passifs) qui ont exterminé tous les parents d'un village en Bretagne. Ils forment alors une escouade meurtrière dans un imaginaire des chevaliers de la Table Ronde. Un roman assez curieux quand on y pense avec un décalage énorme entre les considérations de l'enfance, l'apprentissage assez naïf et cette soif d'aventure qui fait tout paraître à l'échelle d'un jeu d'enfant ; et la sauvagerie des meurtres perpétrés avec un sang froid de commando surentrainé. Le résultat est en tout cas très réussi, et offre un roman entrainant, qui propose des personnages forts et des situations variées. Il n'est pas trop long et prend des allures de conte assez merveilleux. Une belle surprise !

Il y a parfois des romans qui nous font particulièrement peur. Parce que le résumé de la quatrième de couverture ne nous donne pas particulièrement envie, parce que la couverture ne nous plait pas … Ce roman cochait toutes les cases, et contre toute attente, ce fut une belle découverte ! Merci au Bookclub des Révélations des éditions Pocket sans lequel, encore une fois, je serais complètement passée à côté de cette histoire. Nous y rencontrons des enfants face à l’horreur de la guerre. Les nazis ont débarqué dans leurs villages et ne font preuve d’aucune clémence ni humanité envers les habitants. Cruels et barbares, ils fusillent les adultes, laissent les enfants seuls et sans défenses. Leur seul moyen de survivre face à ce drame : leur imagination débordante. Face à l’oppresseur, ils vont se transformer en chevaliers héroïques de Brocéliande, protégés par les murs de leur refuge Camelot, mais surtout, ils vont entrer dans une résistance sans égale, bien déterminés à se débarrasser des Chevaliers Noirs. Ce roman est une réelle épopée qui nous rappelle à la fois l’horreur de l’histoire de la seconde Guerre mondiale mais aussi la force de l’imaginaire et la résilience d’une part de la population. C’est un récit profondément original, qui nous embarque dans les légendes bretonnes. Je n’ai qu’un seul regret. Je ne connais pas particulièrement les légendes du roi Arthur (shame on me), et je pense donc être passée à côté de beaucoup de références. Cela ne m’a toutefois pas empêché d’apprécier ce conte aux mille aventures et aux héros pas si enfantins et innocents …

Quelle très belle surprise ce roman ! J’avais des à priori avant de le commencer, finalement, j’ai adoré ! Pendant la seconde guerre mondiale, les nazis ont envahi une grande partie de la France, y compris les villages les plus reculés de Bretagne. C’est ainsi qu’ils vont semer la terreur, et même massacrer le village de Jos, épargnant les enfants. Certains d’entre eux, dégoûtés par le monde des adultes au vu du traumatisme vécu, décident de se cacher dans la forêt et de devenir les Chevaliers. À travers cette histoire, l’auteur revisite la légende du roi Arthur, la quête du Graal, le tout au sein même de la forêt de Broceliande. Cette légende se mêle à la réalité, c’est très réussi de la part de l’auteur. J’ai aimé que cela soit couplé au contexte de la seconde guerre mondiale. Alors oui, le fait que ces enfants « jouent à la guerre » en tuant des nazis est improbable, mais j’ai trouvé l’histoire assez réaliste et à aucun moment on ne lève les yeux au ciel. Et ce n’est pas parce que les héros de ce roman sont des enfants que le récit se passe dans le monde des bisounours. Bien au contraire. Je me suis prise d’affection pour cette petite bande qui se créent un monde imaginaire pour rendre la réalité plus supportable. Mais cela suffit-il pour tout supporter ? N’y a-t-il pas de grands drames que rien ne peut apaiser ? Le massacre de leur village leur a fait perdre toute leur innocence et les obligent à grandir bien trop vite. J’ai été impressionné par le courage auquel ils font preuve. C’est une lecture bouleversante que je vous recommande. J’espère vous avoir convaincu de lire ce beau roman entre conte et Histoire.

ROMAN D'APPRENTISSAGE Il y a des livres qui bruissent comme les feuilles d’un vieux chêne en plein cœur de Brocéliande… et d’autres, comme celui-ci, qui grondent doucement, porteurs de mémoire et de silences trop longtemps gardés. Yann Le Gal, dans une plume sensible et sans artifice, fouille les cicatrices d’une Bretagne que l’on croit connaître. Les enfants perdus de Brocéliande, ce ne sont pas des fantômes de contes celtiques, mais des vies oubliées, placées là, dans l’ombre des orphelinats et des institutions, au détour du XXe siècle. Ce roman d’apprentissage plonge dans l’intimité de l’abandon, mais avec une pudeur bouleversante. C’est rugueux comme une lande battue par le vent, mais toujours habité d’une lumière : celle de la dignité retrouvée.