Les Monades urbaines : Le livre de Robert Silverberg
En 2381, l'humanité a trouvé une solution à la surpopulation : c'est en se développant verticalement dans des monades urbaines, des tours de mille étages, qu'elle continue de croître. L'altitude détermine le niveau social des habitants, qui quittent rarement leur étage. Au sein de cette société, pandémonium sexuel sans tabou, les hommes semblent nager en plein bonheur. Toutefois, la création, l'imagination et l'individualité y sont considérées comme des notions dangereusement subversives. C'est dans ce monde étrange que vont se croiser les destins de Micael, un électronicien qui rêve d'un monde antérieur, Jason, un historien qui découvre les affres de la jalousie, et Siegmund, un citoyen modèle. Tout se précipite quand Siegmund connaît une " défaillance " suite à une descente dans les bas étages. Bientôt, la situation vire au tragique.
" Ce roman a une originalité, une densité et une espèce de véracité dans l'imaginaire qui lui permettent de traverser impunément les années. " Gérard Klein
De (auteur) : Robert Silverberg
Traduit par : Michel Rivelin
Expérience de lecture
Avis Babelio
Bibaux1001pages
• Il y a 1 mois
Cet été j'ai décidé de me frotter à ce classique de la science-fiction - genre que j'ai longtemps laissé de côté avant de finalement oser m'y mettre et apprendre à l'apprécier. Et si ce n'est pas un coup de coeur, Les Monades urbaines a été une bonne surprise pour moi. Plutôt court, c'est plus une sorte de recueil de nouvelles qu'un roman. Il n'y a pas d'intrigue commune aux différents chapitres. Les premiers chapitres ont une fonction descriptive : à travers les yeux d'un habitant de Vénus, venu visiter la monade, on découvre le fonctionnement primaire de cette dernière. 3 km de haut, 800 000 habitants, répartis dans des cités de 40 étages chacune selon leur catégorie sociale - les ouvriers en bas, les dirigeants en haut. Mais le plus exotique - à la fois pour l'habitant de Vénus et pour nous, lecteurs du XXIème siècle - ce sont les moeurs qui ont court dans les monades. La liberté sexuelle y est totale. La jalousie, de même que l'exclusivité ou l'intimité, n'existent pas. Ainsi, les hommes sont invités à déambuler, chaque nuit, au sein de la monade pour trouver un ou une partenaire - qui n'aura pas le droit de se refuser à lui. Les drogues sont également en libre accès. On comprend bien vite que cette liberté en apparence totale n'est qu'une façon de réduire les frustrations des habitants et ainsi éviter les troubles. Dans le premier chapitre, toujours, on fait la rencontre d'un “anomo”, l'un de ces mécontents qui cherchent à s'extraire des monades, et qui finissent recyclés comme n'importe quel autre déchets produits par les habitants. Tout. va. bien. Les habitants sont encouragés à faire un maximum d'enfants. La hausse démographique est érigée en un véritable culte - ce qui va à rebours des obsessions des années 1970, avec l'émergence d'une conscience écologique et la crainte d'un effondrement sociétal sous le poids des besoins humains grandissant. Robert Silverberg a imaginé un avenir dans lequel l'humanité a trouvé une solution à la surpopulation, du moins en théorie. Car plus on avance dans les chapitres, plus l'ambiance devient sombre et l'atmosphère pesante, comme si les murs de la monade se refermaient sur nous aussi. Il y a ce musicien, qui s'évade dans la musique, puis dans la drogue, pétri de mépris pour les classes inférieures ; puis cet historien qui cherche à comprendre si une modification génétique a permis que l'homme ait pu s'adapter à la vie verticale, qui regarde avec effarement la vie du XXème siècle… mais qui souffre lui-même de tout un tas d'obsessions nécessairement refoulées car socialement inacceptables dans les monades : la jalousie, l'envie, la frustration,... Enfin, il y a ce jeune promis à un brillant avenir, qui touche presque le sommet de la monade, dont on a entendu parler tout au long des nouvelles comme d'une sorte de modèle de réussite, intouchable et inaccessible, mais qui s'avère être un adolescent fragile, en proie au doute. Puis il y a ce technicien, qui rêve de s'enfuir… Finalement, l'utopie des premiers chapitres montre vite son vrai visage : autoritaire, totalitaire, inhumain, dystopique. Les monades urbaines est une critique habile de la société, projetée dans un futur très lointain qui semble absolument inimaginable. Pourtant on y retrouve les mêmes mécanismes que dans le monde contemporain : la hiérarchie entre les riches et les pauvres ; l'indolence des puissants ; la drogue en libre accès - qu'il faut voir comme une métaphore de la surconsommation - à mon avis ; le sexe comme moyen de canaliser les foules ; la pression de la performance et de la réussite ; la natalité comme symbole de puissance ; la tentation de l'eugénisme - ce dernier n'est pas véritablement mentionné, mais il est question de bébés dont on choisirait le sexe, et j'ai été interpellé par l'absence de personnes âgées : les trentenaires sont décrits comme “vieux”, seules les classes dirigeantes semblent vieillir au-delà de 40 ans, on peut donc se demander où sont les personnes qui vieillissent, ou tombent malades …? Les problèmes soulevés sont d'autant plus édifiants que je lis ce livre une cinquantaine d'années après sa sortie, sans qu'aucun d'eux n'ait encore trouvé de solutions probantes ou que l'humanitaire n'ait pris de virage permettant d'envisager un avenir plus enviable que ce que nous propose Robert Silverberg dans ses monades urbaines. J'en arrive au point qui m'a le plus dérangé et qui m'empêche de qualifier cette lecture de coup de coeur : la jeunesse des personnages. Les plus jeunes sont des adolescents de 14, 15, 16 ans… Dont l'auteur décrit les rapports sexuels, la nudité, l'absence d'intimité et de consentement, le contrôle du corps des femmes qui enchaînent les grossesses dès leur puberté. Cela pourrait faire partie de sa vision d'un monde dystopique : les enfants sont forcés de se marier et d'enfanter extrêmement tôt. Mais je n'ai pas eu l'impression de voir beaucoup de désapprobation dans ses descriptions détaillées de corps adolescents. On me dira que c'était une autre époque, je répondrais qu'un corps adolescent en 1970 n'est pas moins un corps adolescent qu'en 2025 et qu'il y a quelque chose de profondément pervers à le sexualiser ainsi. Je n'ai rien trouvé en terme d'interprétation ou d'analyse sur l'extrême jeunesse de la population et sur la précocité sexuelle des personnages, je ne sais donc pas ce que l'auteur a voulu nous dire si ce n'est qu'une population jeune est plus malléable et donc moins encline à se rebeller, idéale donc pour mener un projet totalitaire à bien. [masquer] On voit bien avec le personnage de Siegmund, qui lors de sa crise existentielle se rend chez une sorte de prêtre, et réalise qu'il est loin d'être le seul à traverser une période de doutes et de perte de sens. Peut-être que tous la plupart des habitants deviennent invariablement des anomos en vieillissant - tant ce mode de vie est inadapté à la vraie nature humaine. [/masquer] J'ai beaucoup apprécié cette lecture, toutefois assez effrayante au vue des thèmes abordés, et je la conseillerais très probablement autour de moi car, bien qu'écrite dans les années 1970, elle pourrait tout aussi bien être contemporaine et n'a pas pris une ride. Je trouve aussi que c'est très accessible, même pour ceux qui ne sont pas habitués à lire de la SF. Flora
PhilippeNordiste
• Il y a 2 mois
Silverberg est l'un des grands noms de la SF, et ce livre en est un bon exemple. Portrait d'une terre dans pas mal d'années, où des tours immenses contiennent l'humanité, afin de libérer la terre arable pour nourrir les milliards d'individus habitant ces tours. C'est passionnant, un monde entier avec de nouveaux codes nous est présenté et on peut s'imaginer dans ce monde. Un livre marquant, aux concepts glaçants.
pdefreminville
• Il y a 2 mois
Ce livre aurait pu s'appeler "Les Gonades urbaines" tant il est empreint d'une liberté sexuelle typique des années 70. Il faut préciser au lecteur non averti que le sexe occupe une très grande part de ce récit, même si cela n'enlève rien à des propos solides et à une très grande qualité des idées ! Il est composé de récits qui se recoupent parfois, les mêmes personnages revenant et évoluant dans une démarche intellectuelle de remise en question par rapport au système. Une monade est une tour de 3000 mètres de haut et dont j'ignore les autres dimensions, mille étages, 850 000 habitants . Elle est découpée en groupes d'étages portant des noms de villes disparues comme Chicago ou Paris, les sections les plus intellectuelles étant les plus hautes. Autour d'une monade comme la 116 - celle qui nous intéresse le plus -, s'en dressent d'autres dans de gigantesques conurbations. Le Terre compte 75 milliards d'habitants et on vise d'atteindre les 100 assez rapidement. Au sein de la 116, c'est probablement comme dans toutes les autres. On croit en dieu (avec un petit d) et les mœurs sont tout à fait différentes de celles du XXème siècle, le dernier d'une sorte de Moyen Age de l'humanité. On s'y marie et on procrée au maximum dès son plus jeune âge. On copule tant qu'on peut et, la jalousie ayant été éradiquée, il est vu comme un honneur de recevoir un visiteur en pleine nuit sur la couche conjugale. Si on "défonce" une femme, c'est tout de même pour lui donner du plaisir, dans une sorte de système égalitaire (quoique l'élément féminin soit souvent relégué au rôle d'éleveuse des enfants.) Nous découvrons avec un plaisir intense cette vie, la façon de penser et les états d'âme des personnages ainsi que les moyens mis en place par le système pour le maintenir dans l'utopie. Il y a des moments incroyables de créativité et de modernité, comme un concert "cosmique" et diverses autres histoires dans l'histoire. Et puis il y a la réflexion, les cerveaux s'agitent ; et il se passe quelque chose ! Je ne vous en dis pas plus pour vous laisser le plaisir de découvrir, car je vous le recommande chaudement. Je ne regrette vraiment pas ma lecture et vais poursuivre avec d'autres œuvres de Silverberg. Il a une écriture fluide et des idées, tout en étant irrévérencieux.
Hildo
• Il y a 3 mois
J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre sur différents aspect: l'organisation logique de ce nouveau monde et de cette façon de faire société, les relations entre les individus, le système de classes concrètes car visibles en étages... Oui, il m'a plu de découvrir ce monde, cette possibilité d'évolution vers laquelle on peut se diriger. Nous sommes de plus en plus nombreux, la solution pour gérer ça n'est-elle pas de vivre de façon verticale et non plus en s'étalant horizontalement? J'aurais préféré cette lecture, ce monde et ce concept si le traitement des personnages féminins avait été plus subtile, plus élaboré, plus doux aussi. La moitié de la société (=les femmes) est négligée pour répondre aux "lois naturelles" des hommes.. Et elles n'ont pas leur mot à dire. Que c'est éprouvant de lire cela. Ce roman aurait gagné en pertinent s'il avait apporté des nuances quant aux traitements des minorités (les femmes. Les personnages âgées ? Les personnes racisées? Qu'en est-il des LGBTQIA+?) Néanmoins, je recommande cette lecture pour tous les autres aspects qui en font un univers intéressant et dense.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Science-Fiction Dystopie
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- EAN
- 9782221189078
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- Collection ou Série
- Pavillons Poche
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 352
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- Dimensions
- 183 x 124 mm
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9,90 € Poche 352 pages