Les Occupants - Les Américains au Japon après la Seconde Guerre mondiale : Le livre de Michael Lucken

Un ouvrage lourd de certains enseignements pour un monde contemporain qui sait entrer en guerre mais pas comment en sortir, sinon en attisant déjà les braises de futurs conflits. [...] La Seconde Guerre mondiale, telle qu'elle se déroula dans le Pacifique, demeure un angle relativement mort de l'historiographie française, souvent réduite au largage de bombes atomiques sur les deux villes d'Hiroshima et Nagasaki [...]. L'action américaine au Japon et ses conséquences ont été " laissées en marge " constate Michael Lucken.[...] Son livre a le grand mérite de ne pas se contenter d'une histoire diplomatique, militaire ou administrative, mais de s'intéresser aux détails d'une occupation qui tranche avec " la logique de représailles
et de réparations financières qui prévalait jusqu'alors ", pour installer une pax americana qui ne se réduise pas à une logique punitive en dépit de la main de fer avec laquelle elle gère le pays vaincu.|Joseph Confavreux

En décrivant la période allant de 1945, au lendemain des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, à 1952, l'historien raconte une occupation militaire, mais également politique, idéologique et psychologique. Après avoir désarmé le pays, les Etats-Unis parviennent à en faire un allié fidèle et à implanter sur son territoire des bases militaires qui leur assurent aujourd'hui encore une mainmise sur la région. Le Japon deviendra une superpuissance économique, mais restera un vassal militaire des Etats-Unis.|Philippe Pons

L'ouvrage de Michael Lucken apporte une contribution majeure. Il analyse les divers aspects de la " politique de réorientation des esprits " qui mobilise la fondation Rockefeller comme de grandes universités américaines, et touche des domaines aussi variés que le sport, le système éducatif, les arts ou la presse. [...] Le travail de l'auteur ouvre sur une nouvelle périodisation : la politique américaine est conçue avant le début de la guerre et se prolonge bien au-delà du traité de paix de San Francisco. Il s'appuie aussi sur la perception japonaise de l'occupation pour en mesurer les succès et les limites.

Pour la première fois en français, à l'occasion du 80e anniversaire de la fin de la guerre en Asie orientale, paraît un bilan tout en nuances de l'Occupation américaine de l'archipel entre 1945 et 1952 et de ses prolongements dans la société japonaise actuelle.| Éric Seizelet