Les Somnambules : Le livre de Chuck Wendig

Difficile de ne pas être touché par cette histoire avec tout ce qui se passe en ce moment aux USA et dans le monde en général. Le réchauffement climatique, les maladies, le supremacismes mais aussi l'humanité, l'espérance et l'intelligence artificielle sont des exemples de thèmes abordés. Je ne me suis ennuyée ni une seule fois et les 1100 pages se tournent rapidement l'écriture étant efficace, précise. Hâte de découvrir d'autres romans de cet auteur.

Aucun temps mort dans la lecture de ce roman de 1200 pages ! Un roman écrit avant l’apparition de la Covid19 et pourtant bien visionnaire : quelle serait la réaction de l’humanité face à une pandémie ? Fake news, suprématisme blanc, pandémie, religion… Ce roman choral post-apocalyptique centré sur une galerie de personnages bien campés, et des relations humaines très fortes offre de nombreux rebondissements. Impossible de ne pas penser au fléau de Stephen King. Si vous aimez les dystopies, foncez !

À 100 pages de la fin de mon marathon pédestre avec les somnambules, soit vers l'honorable page 1060, je pensais encore commencer mon présent billet par « La suite, la suite, la suiiii… Comment ça la suite n'est pas encore traduite en français??? Booooouh-ouh ». Autant dire à quel point j'étais ferrée à ce super thriller à Grosse Intrigue et Grosse Révélation (et heureusement pas de -trop- Grosses ficelles) riche en twists alléchants, et pour lequel mon attention n'a pas faibli. Pourtant la Grosse Révélation est arrivée assez tôt, à mi-parcours du roman environ (m'enfin, il leur arrive quoi à ces gens qui se mettent un beau jour à marcher en peloton à la cadence unie, insensibles aux obstacles, sans jamais dormir, cligner les paupières, manger, ou déféquer??), j'ai crains le point de côté mais Wendig a su relancer la seconde moitié du parcours avec panache, il m'a paru évident que je n'avais pas affaire à un marcheur du dimanche mais à une plume inventive, efficace et intelligente. Il parle d'épidémie mais ne semble pas le faire au hasard : mes yeux s'ouvrent tout rond quand je lis notre crise Covid19 décrite par anticipation (roman paru en juillet 2019 !) , depuis les coton-tige qu'on devait s'enfiler dans le nez pour savoir si nous étions contaminés, jusqu'aux manifs anti-vax, en passant par une description plus vraie que nature de cette « maladie respiratoire qui ressemblait au SRAS »p 98, possiblement « zoonotique », c'est à dire tranmissible des animaux aux hommes « on pensait que le coronavirus du SRAS provenait des chauve-souris, lesquelles avaient à leur tour infecté les civettes qui elles-mêmes l'avaient transmis aux humains de la province chinoise du Guangdong en 2002» (p98). Alors ok il ne parle pas de pangolin (source écartée à ce jour, me semble-t-il), mais tout de même de chauve-souris et de la province de Guangdong, réellement parmi les premières touchées en janvier 2020. Mêmes yeux ronds alors qu'il imagine un monde balayé par une épidémie mortelle, qu'il dépeint plusieurs régions du globe, « La Russie organise un pogrom visant à l'élimination des populations infectées -ainsi qu'à celle de tous les opposants à la politique gouvernementale, ce qui est toujours utile. Et puis, sur sa lancée, elle envahit comme il se doit l'Ukraine, la Biélorussie et la Lettonie, car qui pourrait bien l'en empêcher ? » p966. . La clairvoyance, l'intelligence de l'esprit de Wendig se retrouve aussi dans sa façon de mener son roman. Il aborde de façon intéressante plusieurs thèmes qui sont les plaies de nos sociétés modernes souvent abordés dans les romans SF, comme le changement climatique, la malbouffe et la maltraitance animale, la dépression et son traitement par opiacés (un vrai problème aux USA, et sans doute bientôt chez nous aussi puisqu'on aime bien les copier). Evidemment GAR sont aussi des thèmes largement abordés ; je parle du trio favori des romans américains : God-Arms-Racism. On sent bien à quel point Wendig craint la montée des extrémismes politiques et souhaitons qu'il soit sur ce sujet moins visionnaire que pour la Covid… L'omniprésence et omniscience des IA est un thème central également. Cette place gagnée par Black Swan, l'IA du livre, m'a d'ailleurs semblé exagérée avant que je ne réalise une chose : on avait même pas encore fini de craindre les dérives de chat GPT (et ses risques de fakes en tout genre) que nous avions déjà tous l'appli sur nos portables (enfin, pas moi qui suis une arriérée technologique, mais mon entourage. D'ailleurs ma filleule a pris mon oeil en photo pour en faire mon "portrait d'iris" généré par chat GPT, c'est poétique, je suis presque conquise, on dirait une éclipse solaire. Balaise.) On sent aussi à quel point l'auteur a soigné la narration de son livre, aux entêtes de chapitres (toujours titrés) qui sont souvent des extraits de médias (fictifs), comme des tweets par exemple, qui peuvent dérouter et dont on comprend parfois le sens plus tard, dans les chapitres suivants. de même que le réseau des personnages s'enlace dans les dernières pages. Des personnages souvent attachants, et nuancés (excepté le très méchant Oz...Pourquoi est-il aussi méchant ? Je suis sûre Chuck que tu étais en capacité de le rendre un peu plus riche, même s'il est vraiment super méchant) comme Benji ou le pasteur Matthew, un scientifique qui tâche de garder la foi, tandis que le pasteur l'a perdue, ça donne un dialogue intéressant. La cerise sur la gâteau, c'est que l'auteur pense à être drôle. Je me suis beaucoup amusée avec le personnage de rockstar en recherche du sens de sa vie par exemple. Il apporte de la fraîcheur et un ton cocasse à la seconde partie du livre. . Bon alors pourquoi je ne réclame plus « la suiiite !! » malgré tant de points positifs ? C'est que quand je mange un bon plat, ça ne me suffit pas j'aime bien comprendre toute la recette. Si à aucun moment on me dit avoir mixé des légumes, je comprends pas pourquoi j'ai une soupe. A moins que je n'ai juste pas su lire la recette ? C'est vrai, il est si appliqué Wendig, si attentif à tous les détails, je me dis que certaines choses ont pu m'échapper lors de ma lecture. le fait est que j'ai buté sur les hics et les couacs de la Grosse Intrigue et de sa Grosse Révélation. Certaines petites incohérences, certains fils de poireaux pas bien mixés, c'est très désagréable dans une soupe. Enfin, dans les 100 dernières pages, je n'ai pas adhéré au dénouement de cette première partie de l'histoire, je ne peux pas développer, biensûr. Mais ça commençait à ressembler à une série US à la mode sur Netflix, avec des gens ayant des superpouvoirs, et l'humanité en jeu….Ce n'est pas ainsi que j'imaginais passer la ligne d'arrivée, essoufflée et en sueur après 1165 pages. Accueillie par une soupe avec des fils et un nouveau marathon à la nage cette fois-ci (sauf que je sais pas nager et que je crains l'eau, du coup la natation c'est pas tellement mon truc). Ceci dit, je n'oublie pas le très chouette marathon parcouru; l'oeil et l'esprit absorbé par ma lecture.

Un gros coup de coeur pour ce roman ! Ça faisait bien longtemps que je n'avais lu un roman qui m'embarque dans une intrigue qui réunit à la fois la science, le devenir de l'humanité, le médical et la politique voir la guerre civile. J'ai trouvé que la marque de Stephen King teintait ce récit. Pour mon plus grand plaisir d'ailleurs ! Tout commence par un mystère où des hommes et des femmes de retrouvent à marcher sous une forme de somnambulisme. Evidemment un flic tente d'en arrêter un en l'embarquant... oui mais le somnambule explose alors ! On comprend vite qu'il va falloir les suivre pour découvrir pourquoi ils sont dans cet état et vers quoi vont ils ? Le CDC (Centre pour le contrôle et la prévention des maladies) va tenter de comprendre cela. Mais malheureusement tout va partir en vrille... Je ne vais pas spoiler cette histoire incroyable, mais dans ce roman j'ai trouvé tellement d'analogie avec la pandémie récente (mais heureusement loin de ce fléau ci), mais aussi les idées des suprématistes blancs au États-Unis qui dans ce roman à le goût de notre époque, sans parler des fakes news qui polluent l'information... et enfin l'intervention de l'intelligence artificielle qui pourrait bien nous échapper... Tout s'imbrique parfaitement pour nous donner une histoire qui tient la route. Bref des thèmes tellement actuels alors que ce roman a été ecrit en 2019 ! Autant dire que cet auteur comprend son époque au point de devenir un funeste prophéte... 1165 pages et pas une fois je n'ai trouvé que c'était long ! Les personnages sont travaillés. On les aime ou pas. Les relations entre les divers personnages sont une des forces de ce roman. Leur sentiment, leur réaction, face à cet évènement terrible sont si crédibles qu'on est happé dans l'histoire pour suivre le dénouement. J'avais peur que l'intrigue ne faiblisse au fur et à mesure mais pas du tout. Au contraire, l'auteur maîtrise parfaitement son récit pour surprendre et apporter de nouveaux éléments qui densifie encore cette histoire. Bref, ce roman était dans ma wishlist depuis 2-3 ans, j'ai enfin pu le trouver en bibliothèque, et alors quelle claque, quel bonheur de lire une histoire aussi bien menée ! Si vous aimez le genre Stephen King, les intrigues médicales, la haute technologie, et les dérives des sociétés confrontées à la fin du monde.... c'est une lecture pour vous ! Moi, j'ai adoré !